Dewaere – What Is Pop Music Anyway?

Publié par le 4 octobre 2022 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(A Tant Rêver du Roi, 29 avril 2022)

« Écoute ça, tu reconnais ? », me dit le grand échalas qui est vautré dans mon canapé en ce week-end que j’imagine pluvieux de 2018. Il lance un titre : les Korgis. Pas les corgis de feue la Reine, non, les Korgis de « Everybody’s Got To Learn Sometime ». Sauf que la voix qui sort de l’enceinte n’est pas celle d’Andy Davis. C’est la sienne. Et que la version, pas encore mixée, bruyante, lyrique et énervée, est tout simplement fabuleuse.

Maxwell Farrington, c’est bateau, est souvent où on ne l’attend pas. Et pour cause : il est partout. Crooner australien installé en France depuis près d’une décennie, il alterne les projets et les idées. Que cela soit seul, ou avec le SuperHomard, toujours hyper créatif ; et pourtant sa productivité ne paraît pas en pâtir. Désormais installé à Saint-Brieuc, il a rejoint le bassiste Marc Aumont, le guitariste Julien Henry et le batteur Hugues Le Corre, et Dewaere est ainsi né comme un vrai projet collectif. Des influences plus metal et hardcore que celles du chanteur jusqu’alors plus connu pour ses ballades foutraques, une forme de romantisme existentiel nimbé de folie douce.

À la reprise des Korgis se sont rapidement adjoints huit titres et le premier album de Dewaere, Slot Logic, est sorti en 2018. Depuis, il y a eu toute une série de concerts fantastiques, de la scène de Binic où un millier de festivaliers découvraient l’énergie folle du groupe et le charisme du même Maxwell Farrington qui, deux heures avant, chaloupait des ballades de crooner improbable au camping du festival, à celle des festivals, en passant par des fulgurances comme au Farmer à Lyon.

Pour arriver à ce nouvel album aussi enthousiasmant que fourmillant de sons et d’idées. Le premier single, « My Shangri-Laaa », ouvre le disque sur une batterie et une basse énergiques, des harmonies faussement dissonantes, et on est directement embarqué dans cette étrange quête de la pop du quatuor briochin. Plus joyeux, moins sombre que le précédent, foisonnant et fou à l’image de ses membres, il se dégage de ce disque une énergie qui rebondit de titres en titres.

On trouve aussi de très belles bizarreries sur cet album. Car si manifestement Dewaere aime le bruit, ses membres n’en apprécient pas moins les mélodies. « Voilà Now You’re Old » et « Satellite » en sont de belles illustrations, qui s’intègrent pourtant à la perfection avec les autres titres plus bruitistes du disque. On y trouve aussi de la (très bonne) power pop : « Make It In the Morning », 90s en diable cuvée 2022.

Le son de What Is Pop Music Anyway? est très travaillé et la production de titres comme « Everybody Wants One Now », qui intègre le bruit des vagues dans un final quasi méditatif, mérite aussi qu’on en dise du bien : de la spontanéité, oui, mais un sacré travail de la part de Dewaere et du label À tant rêver du roi.

Alors plutôt indie, noise, post- quelque chose, à l’écoute de l’album, on ne saura toujours pas vraiment ce que c’est que la pop. Par contre, un grand artiste fort bien entouré, ça oui. Dewaere joue ce mercredi 5 octobre à Petit Bain, pour sa première vraie date parisienne. Exit Musik vous a d’ailleurs fait gagner deux places. Be there or be square, comme on dit sans doute encore en Australie et à Saint-Brieuc.

Marie Garambois

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