Détroit @ La Cigale (Paris), 04/06/14

Publié par le 9 juin 2014 dans Live reports

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Fin 2013, les billets pour Détroit s’étaient arrachés en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, le groupe remplissant sans peine cinq dates à la Cigale et trois à l’Olympia.

Sans dénigrer le moins du monde la qualité intrinsèque du premier album de Détroit, il est évident que la principale raison qui a motivé le public (nous les premiers) était le retour de Bertrand Cantat sur scène.

LE grand retour de l’ex-leader du plus grand groupe de rock français passé entre temps par la case fait divers et prison. Après avoir été de longues années durant une attraction médiatique aussi malsaine que démesurée, il était temps pour Bertrand Cantat de renouer avec son public, le vrai, celui qui a grandi avec Noir Désir.

Et chacun espérait d’ailleurs secrètement qu’il « reprendrait » du Noir Dèz. Suspense insoutenable pour vous lecteurs…

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On aurait pu craindre des débordements, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que Cantat est accueilli par un public entièrement acquis à sa cause. Une ovation d’une ampleur rarement égalée en concert.

Ça commence très bien avec le titre d’ouverture de Horizon, « Ma Muse », magnifique sur scène. La voix de Cantat est intacte, elle nous avait manqué et la basse de Pascal Humbert résonne fort dans les travées de la cigale. Le décor est planté.

Après un « Horizon » assez fidèle à sa version studio, s’en suit une première salve de titres de Noir Dèz, ce qui n’a pas l’air de déplaire au public. Ce ne sont pas encore les plus grands tubes, on se les garde pour plus tard. « Des Visages Des figures » est remarquable et prend aux tripes, « Lazy » envoie les premières décharges électriques à une salle qui n’attend que ça alors que « Lolita Nie En Bloc » ne décolle pas vraiment. Dommage, c’est peut-être un des morceaux sur lequel on aurait le plus misé. Sur « Le Fleuve » Cantat ressort son vieil harmonica et Humbert dégaine une contrebasse. On revient un paquet d’années en arrière.

C’est peut-être d’ailleurs ce qui est le plus perturbant ce soir, la répartition des morceaux est telle que parfois on ne sait plus bien si on assiste à un concert de Détroit ou à « Détroit reprend Noir Désir ». Il est évidemment totalement légitime pour Cantat de rejouer des morceaux qu’il a composés et incarnés pendant tant d’années mais pour ses comparses c’est autre chose… Ils semblent parfois relégués à un rôle de figurant.

Retour à « Détroit joue du Détroit » avec « Ange De Désolation », un des titres les plus personnels de Horizons, porté par Cantat. Moment chargé en émotion. « Null & Void » vient clore magistralement la première partie du concert, avec une grosse montée en puissance en fin de morceau.

detroit 4À son retour sur scène, le groupe est de nouveau congratulé. Cantat, peu bavard, se montre évidemment plein de gratitude et semble aussi ému que réjoui de retrouver la ferveur d’un public qui a dû fortement lui manquer.

Une émotion qui explique sans doute son raté sur « Droit Dans Le Soleil » quand il oublie une partie des paroles avant de se reprendre. Mais c’est ça aussi un concert, le côté humain des artistes qui peut reprendre le dessus, on ne le blâmera donc pas, bien au contraire. On préfère ça à des mecs qui récitent leur partition froidement.

Après avoir fait subir les (trop longues) incantations mi-slam mi-rap mi-on ne sait trop quoi de Cantat (« Sa Majesté ») sur fond de rythme groovy avec une femme asiatique ondulant dans les écrans derrière, il est temps de faire plaisir au public. Et pour ça, du Noir Dèz, encore du Noir Dèz, rien que du Noir Dèz ! Et du classique comme s’il en pleuvait.

Les morceaux ont été retravaillés ça se sent. « Un Jour En France » (forcément d’actualité avec les 25% du FN) laisse le soin à la basse de Humbert de mener la danse. L’idée est louable mais au-delà des textes qu’on connaît tous par cœur c’est le riff de gratte de la mort qu’on aurait aimé plus en avant. M’enfin ça fait du bien quand même ! La guitare reprend ses droits sur la géniale « Fin De Siècle » malgré un son un peu plus brouillon qui nous empêche de savourer pleinement.

Puis l’air de rien, Cantat lance « Tostaky ». Gros délire. Mais déception. Cette fois c’est le clavier trop présent qui vient gâcher le plaisir. Pour les nostalgiques que nous sommes tous et ceux (dont moi) qui n’ont jamais photo 4(1) 2pu voir Noir Désir sur scène, ces minutes sont évidemment un sacré défouloir mais malgré l’énergie déployée par le groupe, il manque un je ne sais quoi. Un je ne sais quoi qui fait que ça ne dégage comme ça devrait (et le bridge en mode boîte de nuit et délires wah-wah n’arrange rien). Rappel, évidemment.

On remue gentiment sur « Le Vent Nous Portera » (qu’on aurait bien échangé contre, au hasard, « L’Homme pressé ») avant de s’exciter comme il se doit sur « Comme Elle Vient ». Triomphe.

Le groupe réalise qu’il ne peut s’en aller comme ça et nous réservera un très joli « Des Armes » avec le peu de voix restant à Bertrand qui incontestablement ne s’est pas ménagé.

On l’a dit au début, on était tous venus pour voir le retour de Bertrand Cantat plus que pour Détroit. Le groupe en était bien conscient et nous en a donné pour notre argent.

L’alternance entre Détroit et Noir Désir aura eu le don d’électrifier le set (les morceaux de Détroit étant majoritairement calmes) même si certaines « reprises » sonneront un peu trop comme des… reprises et nous auront donné l’étrange sentiment d’un hommage à Noir Désir.

Tout n’est pas noir évidemment, beaucoup de bons moments, un show de deux heures, un Cantat heureux comme tout d’être là, un public déchainé… et une grosse envie de se repasser les albums de Noir Dèz en rentrant chez soi.

 

JL

 

Line-Up : Bertrand Cantat (chant, guitare), Pascal Humbert (basse, contrebasse), Bruno Green (guitare, claviers), Guillaume Perron (batterie).

Setlist : Ma Muse – Horizon – Des Visages Des Figures (Noir Désir) – À Ton Étoile (Noir Désir) – Le Creux De Ta Main – Lazy (Noir Désir) – Le Fleuve (Noir Désir) – Lolita Nie En Bloc (Noir Désir) – Ange De Désolation – Null & Void – Droit Dans Le Soleil – Glimmer In Your Eyes – Sa Majesté – Un Jour En France (Noir Désir) – Fin De Siècle (Noir Désir) – Tostaky (Noir Désir).

Rappel : Le Vent Nous Portera (Noir Désir) – Comme Elle Vient (Noir Désir) – Des Armes (Léo Ferré).

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