Deerhunter – Why Hasn’t Everything Already Disappeared?
S’il est vrai que l’actualité du moment n’incite pas vraiment à l’optimisme, on a connu des titres d’albums plus engageants.
La crainte était donc de se coltiner un Deerhunter fleurant bon la sinistrose. Heureusement il n’en est rien, ou si peu. Si la mélancolie s’avère assez prégnante sur ce Why Hasn’t Everything Already Disappeared?, on retrouve une diversité fort appréciable et surtout deux des forces récurrentes de ce groupe : des morceaux qui nous semblent très vite familiers (“Element”, “What Happens To People”, “No One’s Sleeping”) et une capacité à susciter l’envie d’en explorer tous les recoins, en quête d’éventuels trésors cachés. Des trésors on n’en trouve pas toujours, pas partout et peut-être pas aussi mirifiques que ceux dénichés dans Microcastle ou Halcyon Digest, mais on revient rarement bredouille. Et les arrangements d’une grande finesse (“Greenpoint Gothic”, “Nocturne”) ne manquent pas de susciter l’enthousiasme, comme la direction inattendue empruntée par certains morceaux.
Ainsi, quand en début d’album, “Death In Midsummer” nous plonge dans l’époque médiévale avec cet étrange clavecin anachronique, on reste d’abord interdit avant de se laisser embarquer. Car très vite, Bradford Cox enfile son costume de troubadour pour amuser la galerie. C’est du Deerhunter après tout, et ce n’est pas le genre de la maison de nous laisser planter là.
Alors non, tout n’est pas parfait. “Détournement” ne parvient pas à susciter grand chose si ce n’est détourner notre attention, “Tarnung” nous emmerde un brin avec ses contours jazzy et globalement Deerhunter ronronne un peu trop sur la face B… Mais la pop de Deerhunter possède toujours ce truc qui fait la différence et s’il y a bien quelque chose qui n’a pas disparu à l’écoute de ce disque, c’est notre enthousiasme pour un groupe qui cultive toujours mieux que quiconque sa singularité.
Jonathan Lopez