De Marbre – Feu de veines
Lorsqu’un musicien/chanteur que l’on apprécie passe l’arme à gauche, on ressent quasiment systématiquement ce besoin brutal de poncer à nouveau sa discographie et de se rappeler ces concerts ou de se maudire de n’avoir pas eu le courage de sortir un lundi soir et que désormais, il est trop tard.
L’avant-dernier en date (RIP Shane) me concernant était Geordie Walker, le guitariste de Killing Joke.
Ma dernière chronique du très bon album des Unspkble m’avait déjà fait remettre sur la platine quelques-uns des albums phare du groupe. Ainsi, lorsque je vis que le presskit de De Marbre mentionnait à nouveau Killing Joke en influence, j’ai préféré laisser passer quelques jours avant de me voir citer encore et toujours KJ… Eh bien, c’est loupé mais promis on n’en parlera plus jusqu’à la fin de cette chronique.
Passons aux présentations : De Marbre, jeune formation Lyonnaise, nous propose donc avec Feu de veines un premier album majoritairement chanté dans la langue de Grand Corps Malade.
Musicalement parlant, c’est plus atypique. En effet, je dois admettre que ce qui m’a poussé à réitérer l’écoute de cet album de 38 minutes est qu’il est difficile à ranger dans une case et dans un style unique.
Cela est souvent un symptôme connu des premiers albums dans lesquels les musiciens y intègrent assez logiquement leurs influences, leur créativité et leur leitmotiv respectifs.
L’album est donc très varié mais cela n’est ici aucunement à comprendre comme une critique puisque si certains albums sont parfaits pour une écoute sur la durée, ici j’aurais presque envie de profiter d’un des avantages de l’écoute en streaming, à savoir celui de composer sa propre playlist au gré des humeurs et des envies. Cela venant peut-être du fait que les morceaux qui ont fait écho en moi se situent majoritairement en deuxième partie d’album.
Histoire de me contredire d’emblée, « Idole Invisible » a la carrure d’un single taillé pour les salles de concerts embrumées de Lyon (cœur sur vous le Sonic, le Trokson et le Rock’n’Eat).
Néanmoins la première curiosité est venue avec « Aucun Exit » qui entremêle avec une telle simplicité guitare heavy, passage cold, chant scandé et voix posée (digne de notre belle cold wave bleu-blanc-rouge des années 80). Ce sera au final peut-être LE titre le plus représentatif de l’album, tout en maitrise technique, et d’une belle créativité avec un morceau à mi chemin entre différents genres, ce pouvait s’avérer assez casse-gueule mais fonctionne parfaitement ici.
La pénultième salve, « Sillon », va elle aussi suivre cette mutation interne. Tantôt rampante dans ses premières notes, la tension à peine ressentie, c’est un passage presque ambiant qui nous scotche au démarrage… et puis une ligne de basse débute (a noter que le groupe a la particularité d’avoir deux bassistes), un nouveau rythme s’impose, une nouvelle urgence se présente. Le maelström s’enfle de riffs de guitares tendus, la batterie et le chant suivent le tempo… et clap ! Il est déjà temps de conclure… enfin presque.
C’est au tour du titre éponyme de clôturer l’album. Si sur « Sillon » la langue anglaise collait parfaitement à l’urgence cold/post punk, ici « Feu de veines » fait le choix de revenir à d’autres horizons et d’y associer la langue de qui vous savez.
Ce n’est pas qu’un banal hasard si ces deux derniers morceaux, opposés dans leurs styles, dans leurs rythmiques et dans leurs structures sont pour moi les meilleurs.
Ils partagent en commun une certaine esthétique dans leurs phases de création qui nous évitent l’indigestion voire l’incompréhension .
Je me souviens encore de la première écoute de ce titre (« Feu de veines »), de son soupçon de noise, de sa touche de psyché (et je comprends mieux le hashtag #darkedelic lu sur leur bandcamp) et de ce final bruitiste qui m’a de suite donné envie de replonger dans l’écoute.
Pour conclure, Amis du six-neuf, guettez leurs dates de concerts dans vos belles crémeries. Ils ont déjà pu tourner avec quelques briscards locaux mais également en première partie des excellents INVSN (ex-Refused) et souhaitons-leur la reconnaissance qui leur permettra de s’exporter.
Fred