Dälek – Asphalt For Eden (Profound Lore)
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Car passé ce petit tracas, on est vraiment ravis de retrouver le son si particulier du groupe. On pourrait d’ailleurs penser de prime abord que rien n’a changé au royaume de Dälek, et pourtant si : DJ Oktopus, le producteur du groupe depuis ses débuts n’est plus de la partie. Ne poussez pas des cris d’orfraie, ça ne s’entend pas. Il faut dire que Will Brook, le MC charismatique du groupe a toujours mis son nez dans les instrus, et il reprend ici le flambeau, épaulé par deux fidèles, Mike Manteca et DJ rEK.
Le son de Dälek demeure donc toujours aussi torturé, nous laisse au début un peu perdu comme errant au milieu d’une casse abandonnée, remplie d’épaves rouillées. Et la lumière jaillit, par la grâce d’un beat qui percute, du flow de Brooks, luttant pour se faire entendre. La bataille est rude, parfois éprouvante, mais ce sont nous les gagnants. Comme toujours avec ces gars-là.
Dälek est toujours ce groupe de hip hop qui plutôt que de faire penser au Harlem des années 70, plutôt que de nous faire remuer la tête sur un sample de James Brown, nous envahit de brume comme si My Bloody Valentine avait décidé soudainement d’inviter un rappeur dans son studio. Un combo unique pour une formule au poil. Comme toujours donc, au milieu d’une épaisse couche de fumée, d’une immense confusion, des punchlines comme s’il en pleuvait. Ainsi, “Shattered” remet tout de suite les choses au point (aux poings ?) avec les éternels arguments infaillibles : distorsion, agressivité, refrain qui vient s’ancrer dans un coin du cerveau. Au forceps. Plus vaporeux, le single “Masked Laughter (Nothing’s Left)” nous enterre sous les sons, et l’illumination n’est pas loin. Pourtant même Brooks cherche son souffle (“i try to breathe”). C’est lourd, dense, on souffre, on gémit mais on est toujours là, rassasiés par des samples et scratches bienvenus qui rendrait presque “Critical” “tubesque” (pour peu que ce mot ait un sens dans l’univers Dälek).
Une touche de mélancolie se dégage également de cet Asphalt For Eden avec la longue et belle instrumentale “6 dB” ou l’évanescente “It Just Is”, envahie de reverb et d’un sample vocal imparable comme pour nous filer la larme à l’oeil que ce beau et remuant voyage prenne déjà fin.
En tout cas, Dälek nous prouve encore que, changement de line-up ou non (oui en l’occurence), changement de style ou non (non pour le coup), il continuera vaille que vaille à être ce groupe si particulier, dont on aurait bien du mal à se passer. Pour la prochaine ration, on exige le double album. Non mais !
JL