Bryan’s Magic Tears – Vacuum Sealed

Publié par le 14 octobre 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Born Bad, 15 octobre 2021)

Ils avaient séduit. On les avait tant aimés. On scrutait donc la suite de l’aventure. À l’écoute de « Greetings From Space Boys », on se dit qu’ils n’ont pas beaucoup changé. Ces cosmonautes armés de guitares, bardées d’effets cosmiques, nous bombardant de « Ghetto Blaster », fidèles à leur réputation faite en un seul album, ravivant alors des souvenirs de légendes d’antan, aux yeux rivées sur leurs godasses. Nous flottons toujours, Ladies and Gentlemen. Sommes-nous en 1991 ? 1992 ? 1996 ? Ou plus en amont, à l’aube de (la) Creation ? Non, l’anachronisme est trompeur. Nous sommes bien à cette époque où la planète se consume sans émouvoir outre mesure ceux qui la peuplent. En 2021, tout va bien. On s’en persuade vite, du moins, tant le début est enchanteur sans être racoleur. « Excuses » est une parfaite complainte indie au refrain irrésistible. Elle nous suivra partout, tout le temps. Elle donne la moyenne à elle seule à ce disque. Le reste, c’est du bonus. Non négligeable toutefois. Bryan fait mumuse avec ses « Sad Toys » délicieusement désuets, avec un chant trainant à la Bobby Gillespie. Les « Pictures Of You » présentées ici n’ont en revanche guère en commun avec celles de Robert Smith. À part les cheveux longs, certainement. Et cet amour commun pour My Bloody Valentine et leurs guitares nimbées de brouillard. Il flotte en d’autres lieux comme un air de Madchester. Comme une envie de danser sous la pluie. Ces congas, cette insouciance rappelleront sans équivoque les Happy Mondays. Joyeux furent les lundis en leur compagnie. Jubilatoire est ce « Tuesdays (Bye Molly) » avec ceux-ci, ces petits branleurs magnifiques, si attachants. « Isolation » est plus simplement pop, sans chichis mais avec synthés, à écouter les yeux écarquillés, sur un scooter avalant les kilomètres, en cavale vers le grand nulle part. Conclusion mélancolique, « Superlava » s’étire en neuf minutes de trip halluciné, où le coma nous guette. Idéal pour clore un disque et probablement un concert. Ils n’ont pas beaucoup changé mais ils savent toujours y faire. On nous assure que ce disque a été enregistré sans drogues. On n’est pas obligé de les croire. Ni d’en consommer pour adhérer.

Jonathan Lopez

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