Box Car Racer – Box Car Racer

Publié par le 31 décembre 2022 dans Chroniques, Qui sommes-nous ?, Toutes les chroniques

(MCA, 21 mai 2002)

À la fin des années 90, j’écoutais entre autres beaucoup de punk californien dans la veine de NoFX. C’est à ce moment que j’ai découvert et apprécié Blink-182 par le biais d’un ami de vacances. Le problème, c’est qu’à la rentrée, tout le monde a sorti son baggy et s’est mis à aimer démesurément ce groupe ou d’autres de nu metal guère plus respectables (désolé pour les fans de Papa Roach ou Slipknot, s’il y en a encore, mais rendez-vous à l’évidence). Ils sont donc vite passés de bonne découverte à honte totale puis plaisir coupable, car malheureusement j’ai toujours eu un point faible pour les mélodies simplistes mais accrocheuses, si on ne les joue pas avec des synthés vintages.

En 2001, ils ont sorti Take Off your Pants and Jackets, et j’aurais pu passer à côté si je n’avais pas un traitre en la demeure : un frère qui n’a pu s’empêcher de l’acheter. Heureusement, ce disque n’est pas formidable, et j’ai pu le ranger sans regret après une ou deux écoutes. Sauf ce putain de morceau bonus. Donnant encore plus d’arguments à ses détracteurs, Blink-182 a décidé de sortir son album en trois versions CD différentes, c’était la mode à l’époque, chacune contenant 2 morceaux bonus inédits. Sur celle de mon frère, la jaune, il y avait « What Went Wrong », un titre principalement à la guitare acoustique assez mélancolique sur lequel la voix emo de Tom DeLonge (chanteur/guitariste) fait des merveilles ; suivi d’un autre sobrement intitulé « Fuck a Dog » qui parle exactement de ce que vous imaginez. Les meilleurs et pires côtés de Blink-182 en à peine 5 minutes. En tout cas, « What Went Wrong » est la seule chanson que j’ai pu immédiatement et entièrement assumer d’aimer sans honte ou second degré. (J’aime bien « Fuck A Dog » aussi, mais c’est surtout parce que j’ai toujours apprécié d’entendre des musiciens faire les cons en studio).

Évidemment, en ayant mis le groupe au placard des guilties pleasures, et n’appréciant pas leurs sorties ultérieures, je n’avais pas forcément prêté l’oreille à leurs side projects, d’autant plus que ceux dont j’avais entendu parler avaient reçu un accueil pour le moins mitigé. Des années plus tard, avec plus de recul et de tolérance sur le sujet, j’ai réussi à me laisser convaincre par un ami de tenter l’unique album de Box Car Racer qui était donc passé sous mon radar, et il est loin d’être inintéressant.

Pour la petite histoire, Box Car Racer est né des problèmes de dos de DeLonge, l’obligeant à faire une pause dans les tournées d’une part, et le mettant dans une humeur plus mélancolique et énervée que ce qu’il pouvait exprimer avec Blink-182. Au départ, l’idée est d’enregistrer quelques chansons acoustiques à la Violent Femmes, mais le batteur de Blink est mêlé au projet qui évolue alors vers un groupe plus tourné (post)-hardcore. Et c’est ainsi que le groupe se retrouve avec « les 2/3 de Blink-182 » comme argument de vente en sticker promotionnel sur ses disques.

Cependant, je ne vais pas faire l’inverse des promoteurs de maison de disque en vous vendant cet album pour ce qu’il n’est pas. Tout d’abord, la voix est caractéristique, on est bien forcé de reconnaitre les intonations emo post-adolescentes qui vous hérissent peut-être déjà les poils dans Blink et tous les groupes pop punk qui les ont imités. De la même manière, on sent des tics de compositions, notamment dans les mélodies, qui ne tromperont pas grand monde (hormis sur le morceau hardcore « My First Punk Song »). Enfin, la production a beau se vouloir plus discrète et dans une veine DIY, on sent bien qu’il s’agit d’un groupe qui a les moyens et d’un producteur qui est habitué à bosser sur du gros matériel. Impossible donc de chercher à vous faire croire qu’il s’agit d’un album de post hardcore inconnu par un groupe respectable.

En revanche, si on accepte qu’on est face à un album proposé par « les 2/3 de Blink-182 », on ne peut que reconnaitre la qualité de ce qu’on entend, et louer la démarche. Oui, ça reste un album qui ne peut gommer ses aspects pop punk et emo, mais c’est à ma connaissance un des rares (si ce n’est le seul) album de post-pop punk. On n’a jamais le rythme binaire typique (et assez vite insupportable) du punk californien, ni les blagues beauf, ni les thématiques d’amour adolescent un peu débiles. En fait, c’est presque comme si on avait un album entier de « What Went Wrong », et ça tombe bien, c’est une chanson de Blink-182 que je continue de trouver vraiment bonne !
Sur le dernier morceau (enfin, avant dernier, il y a une instrumentale conclusive), Mark Hoppus, le bassiste/chanteur et dernier tiers de Blink-182, accepte de venir prêter sa voix, et là se passe quelque chose d’un peu inattendu : on peut entendre ce qu’aurait pu devenir Blink-182 en laissant de côté leur côté pop pupute et en s’adonnant à leurs penchants punk plus respectables. Et franchement, j’avoue que j’aurais bien aimé entendre ça. Au lieu de ça, le fait que le groupe se soit monté sans lui enflamme le torchon entre les deux hommes, Box Car Racer devient un sujet tabou et l’album suivant de Blink en remet une couche en pop un peu craignos (même si des fantômes de ce side-project sont perceptibles sur certains morceaux) puis le groupe finit par se séparer, se reformer, se re-séparer, se reformer avec un autre chanteur, dans une aventure musicale que même les plus tolérants en matière de pop punk n’auront pas spécialement envie de suivre. Évidemment, en ce moment le pop punk est de retour en grâce, et vous allez probablement devoir en subir à nouveau, alors petit conseil : jetez une oreille à Box Car Racer, histoire de pouvoir apprécier ce que ce mouvement a fait de mieux.

Blackcondorguy

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