Bonobo – The North Borders (Ninja Tune)
Un nouvel album de Bonobo c’est d’abord une aubaine pour les monteurs de M6 et TF1 qui vont enfin pouvoir renouveler un peu leur bibliothèque de morceaux (non sans déconner ça commençait à se voir les gars). Parce que c’est vrai que la musique que nous propose Simon Green – vous avez compris que c’était son vrai nom hein pas besoin de le dire – depuis 2001 a le don de pouvoir être associée à des images en tous genres et de toujours coller parfaitement. Du pain bénit pour les monteurs mais aussi les réalisateurs et publicitaires qui s’en donnent à cœur joie.
Mais pas que. Pour nous autres auditeurs c’est aussi très agréable à l’oreille. Et c’est le genre de groupes qui peut plaire autant au gros teufeur qui s’est pris une cuite la veille qu’à la grand-mère (qui pourtant écoute de sacrés merdes) et qui là va dire “tiens c’est chouette cette musique c’est relaxant“. Parce que le dernier Deftones elle l’aimait moins la grand-mère.
Enfin ça a l’air péjoratif comme ça mais j’ai toujours adoré ce que fait Bonobo (comme bon nombre des productions Ninja Tune) et j’étais donc impatient de voir ce qu’allait donner ce 5ème album qui fait suite à l’excellent Black Sands paru en 2010.
Alors OK Bonobo ne surprend plus (le sample “what we gonna dooo” du morceau “Emkay”, les carillons de “Jets”, on a l’impression de les avoir entendu 20 fois) mais il déroule toujours sur certains morceaux un downtempo tout en finesse, aux mélodies fortement addictives qui viennent nous caresser l’oreille (“Emkay” quand même, “Cirrus”, “Sapphire”). Malheureusement il y en a trop peu et certains titres proposés ici n’apportent pas grand chose et pourraient très bien être d’anciennes faces B recyclées pour l’occasion.
Le DJ anglais a, comme à son habitude désormais, convié des chanteurs à venir poser leur voix sur ses instrumentations. Mais le résultat ne casse pas toujours des briques (“First Fires” avec Grey Reverend, “Heaven For The Sinner” avec Erikah Badu, trop convenus). Szjerdene s’en sort mieux sur “Transits” et “Towers” (malgré un refrain électro un peu agaçant).
Bonobo fait du Bonobo. Personne ne le fait aussi bien que lui. Le disque est évidemment loin d’être mauvais, l’ensemble est agréable en fond sonore. Mais pour du mémorable il faudra repasser. Et Simon Green a tellement de talent qu’on ne peut pas s’en contenter.
JL
Regardez le clip de “Cirrus”