Dans le bac d’occaz #13 : Gang Of Four, Faith No More, Mogwai
Chaque mois BCG plonge pour vous dans le bac d’occaz en écoutant des albums indispensables selon un journaliste musical, un oncle cool ou encore un ami mélomane. 30 ans (de 1977 à 2006), 30 disques. Chaque mois 3 albums de cette liste, écoutés au moins une fois par semaine. Les albums sont regroupés par le dernier nombre de leur année de sortie (1986-1996-2006, 1977-1987-1997, 1978-1988-1998, et ainsi de suite).*
Dans le bac d’occaz #13 : les années en 9
1979 : Gang Of Four – Entertainment!
J’ai été invité, un peu forcé à squatter pour être tout à fait exact, à la table d’un chef culte, talentueux et inventif. Il nous a servi un plat extrêmement original et même assez copieux, ce qui me fait toujours peur dans ce type de cuisine qui se la pète un peu, à base d’épinards, d’aubergines, de choux de Bruxelles, d’endives cuites et de foie de veau. C’était super bien maitrisé, dressé au poil, et les convives se sont régalés. Le problème, c’est que je n’aime ni les épinards, ni les aubergines, encore moins les choux de Bruxelles et les endives cuites et je conchie carrément le foie de veau. Du coup, tout en reconnaissant le talent de notre hôte, je me suis emmerdé sec et j’ai eu du mal à finir.
En écoutant ce disque de Gang Of Four, c’est exactement l’impression que j’ai eu. Je suis bien obligé de reconnaitre que la musique proposée par le groupe, un mélange de post-punk, noise, hip hop, funk, reggae est original et parfaitement maitrisé, avec néanmoins un côté rough propre aux bons groupes indé… mais ça reste un mélange de styles qui, au mieux m’indiffèrent, au pire me donnent des diarrhées. Au final, pour toute ses qualités, et sa longueur tout à fait raisonnable, Entertainment! est pour moi parfaitement indigeste. D’ailleurs, je suis incapable de choisir un titre plutôt qu’un autre, c’est JL qui s’en chargera !
1989 : Faith No More – The Real Thing
J’aurais pu copier-coller exactement le même paragraphe que pour Gang Of Four en changeant à peine quelques termes, mais je ne vais pas sombrer dans la facilité. Parlons donc spécifiquement de ce disque.
Déjà, je vais faire mon mea culpa : vu la réputation de Patton, j’avais d’emblée rangé Faith No More sans les écouter dans la catégorie des groupes intellectuallo-bizarroïdes chiants trop occupés à faire des performances artistiques pour prendre le temps d’écrire un bon morceau. Force est de reconnaitre que The Real Thing n’est pas chiant (quoi que “Woodpecker From Mars”…) et encore moins intellectuel (quoi que “Edge Of The World”…). Non, s’il y a un adjectif qui collerait parfaitement à ce disque, c’est déroutant. On oscille entre des styles variés (hard fm, hip hop, metal, ballade, cabaret…) des fois dans un même morceau (style “Zombie Eaters”), sans aucune logique apparente, et pourtant le tout est porté avec une certaine cohérence, sans doute renforcée par la voix nasillarde de Patton, parfois à la limite du crispant.
Le problème, comme pour Gang Of Four, c’est que si la variété et l’originalité sont indéniables, il faut quand même accrocher aux différents styles proposés, sous peine d’avoir vite l’impression d’une partouse à laquelle seraient conviés Bon Jovi, Slayer et MC Hammer. Je dois quand même noter deux morceaux : une reprise parfaitement inutile de “War Pigs”, à laquelle on préférera toujours l’originale et dont on se demande vraiment ce qu’elle vient foutre là, même si “War Pigs” fait toujours plaisir et le “Edge Of The World” final qui rappelle ce que pouvait faire Alice Cooper sur School’s Out, plutôt les morceaux chiants que les quelques tueries de l’album, mais c’est toujours ça de pris après 10 morceaux tout de même éprouvants.
À découvrir pour sa bizarrerie, mais pour ma part ça s’arrête là.
1999 : Mogwai – Come On Die Young
Pour être tout à fait honnête, je connaissais surtout un morceau de Mogwai, tiré d’un de leurs EP et que j’adore depuis près de 15 ans, qui s’appelle “Small Children In The Background”, un morceau planant et mélancolique. Jouant habilement entre plages bruitistes et mélodie, avec son crescendo irrésistible, ce titre m’avait séduit dès la première écoute et continue de me filer des frissons à chaque fois que j’y jette une oreille. Je rangeais donc Mogwai dans la catégorie des groupes que j’apprécie, sans étonnamment jamais avoir été tenté d’écouter un de leurs disques en entier. Je les ai vus une fois sur scène et c’était parfaitement anecdotique, rien n’était ressorti de leur prestation sans qu’elle ne soit non plus catastrophique.
Au final, il a fallu que j’écoute Come On Die Young pour comprendre pourquoi je n’avais jamais été intéressé par une prestation longue de Mogwai. Simplement parce que, c’est bien joli, mais un morceau d’une dizaine de minutes ambiant et mélancolique me suffit largement, pas besoin de m’en farcir 10. Surtout qu’ici, c’est plus dans la lenteur que dans le crescendo. Alors voilà, “Punk Rock” détourne une interview intéressante d’Iggy Pop, “Cody” a la particularité d’avoir une partie chantée, et “Christmas Steps”, en plus d’être la seule à avoir une partie énervée, est assez représentative de ce que propose le groupe (elle aurait pu être plus courte, ceci dit). Ces trois titres auraient suffi. Le reste, ce sont 9 morceaux dont se dégage la même ambiance lente et calme, que vous apprécierez certainement si vous appréciez déjà le groupe, qui vous ennuieront à coup sûr dans le cas contraire.
Je vais me contenter d’adorer “Small Children In The Background”.
BCG
*Rendons à César ce qui lui appartient, cette rubrique a été fortement inspirée – ou littéralement pompée, c’est selon – par l’initiative d’un certain Machete83 sur le passionnant forum de l’indispensable site/bible du rock indé xsilence.net.