Dans le bac d’occaz #9 : Minutemen, Veruca Salt, Modest Mouse
Chaque mois BCG plonge pour vous dans le bac d’occaz en écoutant des albums indispensables selon un journaliste musical, un oncle cool ou encore un ami mélomane. 30 ans (de 1977 à 2006), 30 disques. Chaque mois 3 albums de cette liste, écoutés au moins une fois par semaine. Les albums sont regroupés par le dernier nombre de leur année de sortie (1986-1996-2006, 1977-1987-1997, 1978-1988-1998, et ainsi de suite).
Dans le bac d’occaz #9 : les années en 4
1984 : Minutemen – Double Nickels On The Dime
Malgré la présence de nombreux artistes post punk/newwave/80s et de disques que j’ai autrement moins aimés que celui-ci, cet album reste le plus difficile à aborder de ceux que j’ai pu chroniquer ici. Déjà, il est le seul pour lequel je n’ai pas pu me tenir à ma règle d’une écoute par semaine minimum. Pour ma défense, il ne compte pas moins de 49 titres (bon, 45 si on retire les intros de chaque face qui consistent en des bruits de moteur), à tel point qu’il n’existe pas à ce jour une version cd qui contienne l’intégralité du double vinyle, et il est musicalement très riche, mélangeant tout un tas de styles : jazz, folk, soul, pop, spoken word et j’en passe.
Résolument punk, autant dans sa démarche que dans l’engagement politique de ses paroles, Double Nickels On The Dime est indubitablement un disque majeur. Le titre lui-même est un doigt d’honneur adressé aux adeptes de la rock’n roll attitude, un moyen de tourner en dérision une pathétique rockstar du hard fm (en l’occurrence Sammy Hagar) qui se pensait ultra-rebelle en proclamant qu’il ne pouvait pas conduire en dessous de la limite autorisée sur les autoroutes américaines (“Can’t Drive 55”) ; la position des Minutemen est sans appel : nous on respecte les limitations de vitesse (le titre pourrait se traduire “Pile-poil 55 miles à l’heure“) mais on fait de la bonne musique.
Le seul problème de ce disque est qu’il est objectivement inattaquable, respectable, riche et intéressant, mais qu’il ne me plait pas du tout musicalement. Car oui, faire ce qu’on veut musicalement est résolument punk, même intégrer du jazz ou de la folk, mais dans une logique toute bas-du-front qui m’est propre, j’aime mieux quand le punk est basique, rock et pop, comme on le faisait avant 78 que quand il est innovant et arty.
Un grand disque, mais que je n’aime pas trop.
1994 : Veruca Salt – American Thighs
J’avais dit dans un précédent bac d’occaz en m’attaquant à une quelconque gloire des années 80 qu’un jour ceux qui l’idolâtraient seraient vengés quand ce sont mes quelconques gloires des années 90 qui seront clouées au pilori par un petit con peu réceptif au son de cette époque. Et la gloire en question pourrait très bien être Veruca Salt.
Car personnellement, je trouve cet album très cool. Son comme j’aime. Guitares comme j’aime. Voix comme j’aime. Un sens de la composition avec des dynamiques LOUDquietLOUD comme j’aime. Il y a donc tout pour me plaire sur ce disque, surtout quand le pont de “Number One Blind” se permet de citer “Stormy Weather” des Pixies. Il n’en faut pas plus pour me convaincre.
Malheureusement, le peu de bonne foi que j’ai me pousse à avouer que ce disque n’a rien d’original pour celui d’un groupe à chant féminin formé en 1993 et que pour ce qui est des morceaux, non seulement il n’y a rien de vraiment transcendant, mais le ton même du disque fait que certains finissent par se ressembler et se mélanger. Bref, quiconque ne partage pas mon goût pour le rock du début des 90s verrait là un album sans aucun intérêt qui ne fait qu’aligner les clichés du genre. Et je ne pourrais que lui donner raison.
Néanmoins, puisque c’est mon avis subjectif qui prime dans cette rubrique, je retiens ce disque de Veruca Salt pour le bon moment qu’il m’a fait passer.
Un petit disque, mais que j’aime bien.
2004 : Modest Mouse – Good News For People Who Love Bad News
Qu’est-ce que l’indie rock du début des années 2000 ? Pourrait-on dire que ce sont des albums un peu fourre-tout et déjantés où les musiciens jouent de plein d’instruments bizarres, qui assument ses influences pop/électro/dance/disco un peu limites et où le chant est pour le moins maniéré parfois à la limite du supportable ? Si c’est le cas, alors Modest Mouse a bien sa place dans les canons du genre, puisque c’est exactement ça que l’on trouve sur cet album au nom beaucoup trop long. Beaucoup de morceaux, beaucoup qu’on laissera vite de côté pour quelques tubes comme “Float On” ou “Satin In A Coffin”. Peut-être les deux seuls que je réécouterai un jour, d’ailleurs. Bref, je ne suis peut-être pas le coeur de cible de ce groupe, mais ce disque me conforte dans tout le manque d’intérêt que j’ai à son égard, sans pour autant être totalement pénible à écouter ou complètement mauvais.
Un disque moyen, que j’ai apprécié moyennement. Ouf, on retombe sur quelque chose de cohérent !
BCG