Dans le bac d’occaz’ #21 : Deep Purple, The Dexys Midnight Runners, Eric’s Trip
Une fois n’est pas coutume, pour ce bac d’occaz de fin d’année, BCG n’a pas déterminé ses choix en fonction des années de sorties d’albums (années en 1, 2, 3…) mais s’est appuyé sur les suggestions de camarades aux goûts (plus ou moins) sûrs qui sévissent sur le forum des amis de Xsilence. Voici ses impressions.
Dans le bac d’occaz’ #21 : les suggestions de fin d’année 1
Deep Purple – In Rock (1970) : suggéré par Chaos
Cher Chaos,
Tu m’as suggéré cet album de Deep Purple en me disant en substance que les clichés sur ce groupe étaient nombreux, et qu’il méritait une écoute plus approfondie et bienveillante. Notamment ce disque. Je dois reconnaitre, comme tu t’en doutais certainement, que je fais partie de ceux qui avaient une opinion préalable plutôt mitigé de Deep Purple. En fait, je n’avais jamais entendu un morceau d’eux qui m’avait plu, et je n’avais pas entendu que “Smoke On The Water”.
Après avoir écouté In Rock, j’avoue que je me méprisais sur une chose : je pensais que le hard-rock pur et dur avec débauche de solos, chants poussés au bout de l’improbable et des aïgus, tous claviers dehors, n’existait pas encore au début des années 70, que seuls Led Zeppelin et Black Sabbath en posaient les bases pendant qu’Alice Cooper et des groupes comme Slade s’adonnaient à un proto-hardrock encore trop glam pour être autre chose et que c’est Kiss et AC/DC qui allaient vraiment lancer le genre. Et bien non, 3 à 5 ans avant les autres, Deep Purple sortait un album de hard pur jus et en cela, on peut les considérer, si ce n’est comme des précurseurs, au moins comme des pionniers.
Cependant, je trouve qu’ils ont déjà également tous les mauvais côtés du gens, morceaux 8 fois trop longs (insupportable “Child In Time”), lourdeur, les titres qui ne tiennent que sur le gros son, les solos et le déballage technique (insupportable “Child In Time”!!!), mais absolument pas le côté cool, fun, limite dansant, si tant est que secouer la tête d’avant en arrière c’est danser, des groupes que j’ai cités dans le paragraphe précédent, le talent d’écriture d’Alice Cooper ou la noirceur poisseuse et envoûtante de Black Sabbath. Bref, je m’étais mépris sur Deep Purple, mais pas sur le fait que je n’aimais pas ce groupe. Comme quoi, des fois, on peut s’attacher à ses a priori.
The Dexys Midnight Runners – Searching For The Young Soul Rebel (1980) : suggéré par Happy Friday
Chère Happy Friday,
Quand tu m’as proposé Searching For The Young Soul Rebel en me disant “ce disque a tout pour me déplaire, et pourtant je l’adore. C’est mélo, presque pathos dans l’interprétation, avec des cuivres en plus…mais bizarrement, ça passe” tu ne te doutais peut-être pas que tu allais me mâcher le travail pour l’écriture de cette critique, et néanmoins me couper l’herbe sous le pied. Car que dire de plus ? Sans dire que j’adore ce disque, parce que ce soul funk cuivré teinté de punk anglais ne me touchera jamais autant que le premier album des Damned, au hasard, mais je dois reconnaitre qu’il est plutôt efficace dans le genre disque qui s’écoute d’une traite. Sans trop d’implication, mais d’une traite quand même. Et vu mon aversion pour les cuivres depuis la vague ska-punk des années 90-2000, c’est déjà un exploit en soi.N’étant pas un expert du genre, et c’est un euphémisme, je ne pourrais pas vraiment évaluer The Dexys Midnight Runners dans leur style, mais ce qui m’a effectivement marqué, c’est le mélange d’une instrumentation qui me semble assez classique dans ce registre et d’une voix typiquement british bien plaintive (qui renvoie effectivement à ce que certains punks faisaient quelques années plus tôt). Les titres, sans être absolument mémorables, fonctionnent plutôt bien, à la seule exception de “Thankfully Not Living In Yorkshire It Doesn’t Apply” que je trouve quand même trop ridicule.
Bref, pas de quoi me relever la nuit, mais une expérience intéressante et un disque qui pourrait plaire aux personnes plus ouvertes d’esprit que moi ; il me semble qu’elles sont nombreuses.
Eric’s Trip – Love Tara (1993) : suggéré par Wazoo
Cher Wazoo,
Tu m’as cerné. Malgré nos différences et nos différends musicaux, qui sont nombreux, je pense que tu m’as bien cerné. Il me semble que tu tentes de faire amende honorable pour avoir honteusement snobé Dinosaur Jr. il y a quelques années au Guess Who, et si ça me fait mal de le reconnaitre, tu t’y prends plutôt bien. Car évidemment, me refiler un disque qui s’ouvre avec un morceau intimiste guitare clean/voix intitulé “Behind The Garage” et qui poursuit avec un bon panaché de morceaux lo-fi, avec un son bien marqué des années 90, un mélange de voix masculine et féminine, tour à tour courts et efficaces (“Anytime You Want”), ballades mignonnes (“May 11”, “Allergic To Love”), rentre dedans punkisant (“Sunlight”) ou indie contemplatifs (“Stove”, “Secret For Julie”), forcément, ça touche ma corde sensible.
Voilà un album indie au sens où on l’entend le plus souvent, un disque un peu foutraque, un peu à l’arrache, qui n’a pas peur de verser dans l’émotion et semble sincère. Un style que j’affectionne beaucoup, joué par un groupe qui le fait bien, il ne m’en faut pas plus pour passer un excellent moment. Continue comme ça et je finirai bien par te pardonner ton crime de lèse-J Mascis. Peut-être…