Public Memory – Elegiac Beat

Publié par le 6 décembre 2023 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(felte, 1er septembre 2023)

Depuis 2016, l’ancien guitariste de Apse (post rock) et ERAAS (krautrock), Robert W. Toher œuvre en solo avec son projet Public Memory et s’avère un beatmaker épatant.

Si Toher n’a jamais délaissé les ambiances hantées et bien goth affectionnées de longue date, ce nouveau Public Memory se révèle finalement assez différent de ce à quoi il nous avait habitués. La pochette très classe donnait pourtant l’illusion qu’on allait de nouveau se retrouver assaillis d’une nuée de corbacs et de macchabées aux intentions malveillantes. Ce n’est plus aussi criant.

Les premières secondes carillonnantes de « Clocktower Époque » évoquent d’emblée Bonobo du temps de sa splendeur et l’ombre de Ninja Tune se fait très présente tout du long. Le trip hop et downtempo n’étaient jamais très loin au sein de ce nouveau projet, il n’y en a aujourd’hui plus que pour eux. Ne nous imaginez pas grognons pour si peu, cette évolution en douceur va comme un gant à Public Memory et le cocon réconfortant qu’il tisse sur Elegiac Beat s’avère parfaitement idoine en cette période où l’appel de la couette est difficile à ignorer.

Alors que DJ Shadow n’est plus que l’ombre de lui-même depuis… depuis… on a arrêté de compter… c’est un véritable plaisir de se perdre dans ces beats, parfois élégiaques il est vrai, mais aussi souvent percutants, toujours recouverts d’un voile mystérieux. La voix lointaine et délicate de Toher qu’on pourrait presque confondre avec celle de Beth Gibbons de Portishead (« Savage Grin »), les ambiances sombres et travaillées, le son quelque peu étouffé, volontiers lo-fi, tout est présenté ici avec une élégance délectable, à l’image du quasi instrumental et envoûtant « Afterimage ». Et la basse qui pèse parfois quelques tonnes fait office de cherry on a delicious cake (le splendide « Cruel », « Tall in my Room », entre trip hop bristolien et dub jamaïcain, qui bifurque en une seconde partie instrumentale savamment maîtrisée).

À peine osera-t-on déplorer l’autotune sur « Spider Starves » qui pique un peu, un dernier morceau d’un acabit inférieur (« CPL 593H »), mais dans l’ensemble ce quatrième album de Public Memory se révèle non seulement digne des précédents mais ouvre en plus de nouvelles portes dans lesquelles ont est ravis de s’engouffrer.

Jonathan Lopez

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