Grandma’s Ashes – This Too Shall Pass
Comme un cadeau qu’on attend depuis longtemps, on ne ressent pas la moindre déception en écoutant This Too Shall Pass (inspiré d’un axiome perse) des Grandma’s Ashes. La pochette restitue ce contraste de couleurs des peintures de Rembrandt et de Caravage incluant toute une panoplie de symboles. Cette caractéristique presque médiévale s’inscrit dès le premier titre « A mon seul désir » chanté a cappella. Myriam, Eva et Edith ont, depuis leur précédent EP The Fates, greffé sur leur musique une approche épistolaire, où chaque mot est en corrélation, des textes griffonnés sur des carnets mis en commun. Cette unité quasi-mystique se concrétise avec « Cold Touch », brutal couperet pointant l’insondable. This Too Shall Pass mérite qu’on s’y attarde bien au-delà de sa durée.
Nous voici happés dans un engrenage subtilement huilé, où la pesanteur devient fluide, élastique, c’est cela le secret de Grandma’s Ashes, une colorimétrie graduelle, raccordant la lumière avec l’ombre, la beauté au déchainement, variable d’ajustement savamment équilibrée. L’album n’est pas un coup d’épée dans l’eau, au contraire une estocade aux clichés du rock, réinventant et élargissant son glossaire, par le biais d’un renversement des mentalités. More Women on Stage (initié par Lola Frichet de Pogo Car Crash Control, ex-Cosse) redonne une place prépondérante aux artistes féminines, pour se concrétiser en une scène active et stimulante, novatrice. Eva (basse et chant) en est d’ailleurs l’étendard, érigeant la spontanéité et l’authenticité comme forces motrices. « Aside » est un coup de génie, avec ses harmonies vocales inattendues. Mais pas seulement, le clip dénonce l’intolérance, sans jamais tomber dans le moralisme, une sacrée leçon de heavy-rock !
Pour qui veut bien l’entendre, Grandma’s Ashes atteint un curseur insoupçonné. Chaque titre possède sa propre particularité, ici sont abordés des thématiques dont la vanité même revêt une importance primordiale. Au rebut l’académisme, la virilité, les stéréotypes, ce qui peut se concevoir comme modèle du passé, est résiduel. Les trois comparses déverrouillent les cadenas de la pensée parfois exigüe du milieu artistique. Prenez au hasard n’importe quel titre et laissez les riffs vous envahir, la voix vous enrober, les nuances vous filer des frissons. On succombera notamment à « Spring Harvest » ou encore « Caffeine » avec son introduction doomesque, mention spéciale à Edith dont la frappe est monumentale !
Grandma’s Ashes est un bain de jouvence, la maîtrise des harmonies et des dissonances (« Lost At Sea », beau à en pleurer) sont extraordinaires, et sur scène, la magie est encore plus frappante ! Un bel avenir, plein de promesses, leur est destiné.
Franck Irle
Les Grandma’s Ashes sont actuellement en tournée dans toute la France. Ils effectueront notamment leur release party le 14 avril à La Maroquinerie (Paris) et seront sur scène le 17 mai prochain lors de la soirée du Grand Bal Psychédélique, organisée par What the Fest avec Ecstatic Vision et The Silly Walks à Victoire 2 (Montpellier) EVENT FB