Meat Wave – Malign Hex

Publié par le 8 novembre 2022 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Swami Records, 14 octobre 2022)

Peut-être êtes-vous faits du même bois que moi (j’en doute mais je peux faire semblant) et mettez parfois du temps à mesurer l’efficacité d’un album punk. Le punk, cette musique immédiate partant à l’assaut des esgourdes et expédié en deux minutes chrono, crachant des refrains bubblegum, ne serait pas incompatible avec notre terme anglais adoré, le grower ? Absolument. Il m’arrive fréquemment de rester totalement de marbre lors de ma première écoute d’un album punk ou power pop. Généralement, pour la power pop, je le reste (de marbre) mais pour ce qui est du punk, ça peut s’immiscer lentement mais sûrement, voire augmenter de façon totalement inattendue mon seuil de tolérance à ce que j’aime appeler les refrains niais, dont le punk pullule, rappelons-le. Meat Wave étant de classe supérieure, il n’a jamais versé dans ce type de bassesses, ce qui devrait me faciliter la tâche. Est-il un grower pour autant ? Vous le saurez, peut-être, à la fin de cette pénible chronique (l’art de maintenir le lecteur en haleine, leçon n°16).

Meat Wave est un groupe qu’il est de bon ton d’apprécier, voire d’adorer, parce qu’il demeure assez méconnu et parce qu’il est fort respecté/table. J’ai donc toujours fait semblant d’être un fervent amateur de sa musique et un fin connaisseur du groupe. En réalité, je ne possède aucun album de Meat Wave et si j’écoute ses nouveaux albums à leurs sorties, je n’y reviens guère. Bref, ça growe pas des masses. Malign Hex change-t-il la donne ? Vous le saurez très certainement à la fin de cette insupportable chronique.

“Disney” démarre en piétinant les passants et en scandant avec conviction. Calme, mesuré. Lentement, sûrement. Efficacement. Le genre qui growe, a priori. Ensuite, beaucoup moins lentement et non sans certitude, Meat Wave nous crache quelques slogans à la gueule. Notamment le tonitruant « Honest Living » et le single « Ridiculous Car » tabassant tous azimuts (respectivement chronométrés à 2’05 et 1’30). Et vous savez quoi ? Ce single est loin d’être le meilleur morceau de ce disque, même s’il n’est pas improbable que son refrain squatte un bout de votre caboche un petit moment. Non, les véritables tueries obsédantes (dont le nombre d’écoutes a été multiplié par 8 chaque semaine), ce sont ses morceaux un poil plus vicelards comme « What Would You Like to Do » et son entame plutôt post que punk, « Waveless », remuant avant d’être hystérique, ou encore « Jim’s Teeth” au crescendo savoureux qui ne fait pas morfler que les quenottes de Jim. Avec ceux-ci, on a un peu moins l’impression que Hot Snakes a été réchauffé au Meatcrowave* et recraché dans l’assiette. Notez bien que même comme ça (« 10k »), on en aurait bouffé sans broncher mais là, fort d’une belle variété d’ensemble (le très virulent « Complaint » n’a franchement pas grand chose à voir avec les morceaux sus-cités et le morceau-titre rêveur final fait carrément office d’OVNI) en plus de refrains férocement addictifs, on se régale carrément. En définitive, ce Malign Hex est non seulement un sacré grower, mais il pourrait même en être la parfaite définition, à tel point qu’on doit parfois lui demander de se calmer un peu parce qu’on aimerait bien se mettre d’autres disques entre les oreilles de temps en temps.

Jonathan Lopez

*Pire de l’histoire celui-là ? Oh, j’ai de la ressource.

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