The Cure – Disintegration (Fiction)

Publié par le 12 mars 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

cure disintegrationEn 1989, lorsque Cure s’apprête à publier Disintegration, le groupe compte déjà sept albums à son actif, et a mis le monde à genoux à maintes reprises. D’abord grâce à des tubes imparables et éternels (“Killing An Arab”, “Boys Don’t Cry”, “Jumping Someone Else’s Train”…) puis à sa trilogie (Seventeen Seconds, Faith, Pornography) aussi fascinante qu’extraordinaire début 80’s prouvant que si Ian Curtis est mort, la cold wave a encore de beaux jours devant elle.

Avec cette trilogie, le groupe a pris une autre dimension. Pourtant après Pornography (1982), Cure se fissure. Le leader Robert Smith et son bassiste Simon Gallup ont du mal à contenir leur animosité naissante. A l’issue de la dernière tournée, l’inexorable se produit : Gallup quitte le groupe.

Toutefois il en faut plus pour entraver la marche en avant du combo. Robert Smith, compositeur de génie, n’est jamais à court d’idée et se refuse à tout break. Catalogué groupe gothique (ce que Smith a toujours renié), maître des ambiances froides et sombres, The Cure va alors effectuer un surprenant retour aux sources en revenant à des formats pop plus classiques. La compil Japanese Whispers est agrémentée de nouveaux singles (“The Lovecats”, “The Walk”, “Let’s Go To Bed”) qui deviendront des grands classiques du groupe et rompent radicalement avec les ambiances éthérées de la trilogie cold wave.

Après un album qu’on pourrait qualifier de solo de Smith (The Top), Simon revient au Gallup (désolé). Sa basse six cordes dotée d’un son bien particulier, avait manqué. Elle est une composante essentielle de l’univers de The Cure.

Avec lui, Cure publie The Head On The Door (1985) puis Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me (1987), double album phare de 18 titres. Un carton phénoménal. Sur ce disque, The Cure se lâche et dévoile de nouvelles facettes. Le côté pop est omniprésent, une touche dansante et parfois funky vient s’ajouter pour former un ensemble coloré à souhait (“Just Like Heaven”, “The Kiss”, “The Perfect Girl”, “Hot! Hot! Hot!”).

Le huitième album sera Disintegration. Sur ce disque Robert Smith revient à ses premières amours. Lui le fan de Joy Division, Siouxsie and the Banshees (dont il fut brièvement guitariste) ou plus récemment de Mogwai et Deftones, a toujours attaché une importance particulière au pouvoir envoûtant de la musique. Et il a décidé de s’appliquer pour livrer un opus inoubliable.

L’aspect sombre mis entre parenthèses depuis Pornography est de retour aux affaires. On est immédiatement captivés par la froide beauté de “Plainsong” et ses synthés tonitruants qui nous annoncent la bienvenue dans un univers mirifique.

Aux côtés de Gallup et Smith, officie le claviériste Roger O’Donnel venu épauler un Lol Tolhurst en perdition, en proie à de graves problèmes d’alcool, et qui vit là ses dernières heures au sein du groupe.

Ce climat de tension ne se ressent pourtant pas sur l’album dont l’unité est invraisemblable. Oui ce disque est d’une cohérence absolue, l’enchainement des titres est parfait. Il y règne une atmosphère unique.

Ici se situe la différence avec certains excellents albums – voire cultes n’ayons pas peur des mots – mais qui sont avant tout “divertissants”. Disintegration c’est bien plus que ça. Le disque possède une aura extraordinaire. Il faut s’en imprégner pour en saisir toute la complexité. Une véritable expérience. Ça peut paraitre cliché dit comme ça mais c’est parfaitement vrai.

La mélancolie est palpable (si vous êtes au bout du rouleau, enlevez les balles du chargeur et planquez-les avant d’écouter un titre comme “Homesick”), mais ce serait bien réducteur de le réduire à cela. Car des halos viennent éclaircir l’horizon trouble et tourmenté (comment ne pas succomber au charme vénéneux de “Lullaby” ?). C’est sombre et lumineux à la fois, triste et réjouissant. Un jeu permanent sur les nuances, orchestré à la perfection.

La basse balise le terrain, les mélodies de guitare scintillent de milles feux, les synthés omniprésents renforcent le lyrisme et le côté irréel de cette épopée merveilleuse. Dieu que c’est beau. Et Robert Smith s’intercale à merveille. Il est fait pour cette musique. C’est la sienne. Et personne d’autre ne pourrait interpréter ces titres avec autant de présence. Ses paroles dans “Lovesong” respirent la sincérité. Il s’agit certainement d’une des plus belles chansons d’amour jamais écrites. Tout comme “Pictures of You”. Madame Smith a été gâtée.

Disintegration regorge de titres incroyables, beaux à en pleurer (“Closedown”, “Prayers For Rain” ou “The Same Deep Water As You”, absolument merveilleuse). Un grand disque de romantisme. Et pas que. A côté de ça, on a aussi du “Fascination Street”, un titre à l’énergie stupéfiante, boosté par la basse méchamment offensive de Gallup. Genre la basse qui tourne en boucle et qui dit “suivez-moi je connais le chemin.” Et tout le monde suit. Aveuglément. Comment pourrait-il en être autrement ?

Quiconque prétend aimer la musique ne peut décemment pas passer à côté d’un tel chef-d’oeuvre. Ce serait une gigantesque connerie. Comme ignorer quelqu’un qui vous tend des billets pour la destination de vos rêves.

Besoin d’autres arguments ? Pour synthétiser, disons que la musique de Disintegration transpire d’émotions. Elle pourrait être la bande-son de la vie de chacun d’entre nous. Un melting pot de sentiments qui s’entremêlent. Des peines, des joies, des espoirs, des déceptions, des moments indescriptibles. Des moments qui se vivent intensément, des sentiments qui ne peuvent être feints. Disintegration c’est tout ça à la fois. Et bien plus encore. Et ne venez pas me dire que j’en fais trop. Ce disque fait partie de ceux qui marquent, qui ne s’oublient pas, qui nous suivront toujours et sur lesquels on pourra toujours compter pour nous procurer du bonheur.

JL

Écoutez “Fascination Street”

1 commentaire

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