Chokebore – Anything Near Water (Amphetamine Reptile )

Publié par le 6 janvier 2016 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

anything-near-water-1Test : saurez-vous trouver la provenance du groupe dont on parle ici-même ?
Quelques indices : groupe des années 90, jouant une musique rock, sombre, aux guitares saturées et aux paroles désespérées…

Alors ? Alors ?

BIIIP mauvaise réponse : ces gens-là ne viennent pas de Seattle mais de… Hawaï. Oui Hawaï, Honolulu, et là vous pouvez ranger votre vision idyllique emplie de paysages de rêves et de colliers à fleurs.

Car le son de Chokebore est typiquement 90s, rugueux et instable à souhait. On pourrait sans trop de difficultés les classer en pop noisy à grosses guitares. L’étiquette n’est pas trop dur à coller mais elle se refuse à tenir. Dès “Comeback Thursday” et son intro vicieuse, on sent qu’un mauvais coup se prépare en coulisses. Et le final, comme une lente agonie, confirme le pressentiment. Le traquenard était réel mais on n’est pas mécontent de s’y laisser prendre.

La voix chevrotante et parfois hasardeuse de Troy Van Balthazar colle on ne peut mieux avec le fond sonore qui lui est concocté. N’est-ce pas là la bande originale de jeunes malmenés, en proie au doute permanent ? Il y a en tout cas matière à s’identifier à la musique assez dérangée de Chokebore, à ce spleen latent et omniprésent, à ce malaise qui couve.

Faux rythme permanent, nous laissant constamment à la merci d’une déflagration soudaine (“Foreign Devils On The Silk Road”), guitares dissonantes comme la voix de Troy (“Weightless”). Ne cherchez pas du réconfort auprès de Chokebore, ils ne sont pas là pour ça.

Si vous cherchez un groupe authentique en revanche, très représentatif d’une période, vous avez sonné à la bonne porte.
Et ne repartez pas sans votre sachet de tubes crasseux : “Comeback Thursday” (on reviendra c’est promis), “Thin As Clouds” aussi entrainante que superbement mélancolique, “Cursor” et ses furieuses accélérations…

Après un Motionless encore quelque peu hésitant, trop axé sur l’énergie, Anything Near Water place la barre plus haut affichant une maitrise supérieure en offrant des compositions plus soignées et imprévisibles.

Il existe une vraie marque Chokebore, imprimée notamment, on l’a dit, par ce bon vieux Troy au chant inimitable, dont on se demande parfois s’il va tenir le coup ou s’il va s’effondrer soudainement devant nous. Quand il se perd dans des “you look at meeeeheehee” (“Well Fed”), titubant, sa fragilité fait mouche. Et c’est peut-être ce petit quelque chose (associé à des riffs qui filent la trique) qui les rend si attachants.

JL

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