Interview track by track – Ventura

Posted by on 28 septembre 2025 in Interviews, Non classé, Toutes les interviews

Qui n’a jamais entendu cette célèbre citation de Brian Eno : « Le premier album du Velvet Underground ne s’est vendu qu’à dix mille exemplaires mais chacun de ceux qui l’ont acheté a formé un groupe » ? Dans le même ordre d’idée, connaissez-vous celle un peu moins populaire décrétant que « seules trois cents personnes ont entendu parler de Ventura, mais elles sont toutes convaincues qu’il s’agit du meilleur groupe du monde » ? Sans doute pas. Eh bien, sachez que le cinquième album du trio de Lausanne, Superheld, vient confirmer cette évidence. Un album composé de dix titres, somme toute assez variés et toujours dantesques, décryptés ici par les trois musiciens, d’humeur particulièrement badine.

Je trouve la pochette très belle. D’où vient-elle ?
Philippe Henchoz
(guitare-chant) : Il s’agit d’une photo que j’ai prise en Belgique il y a plus de cinq ans, depuis une position de défense allemande sur la plage à Ostende. Par hasard, un monsieur passait au loin avec son fils, j’imagine, dans une chaise roulante. On avait deux options pour la pochette. Cette photo-là ou celle d’un vieux requin au Groenland, dont on a essayé d’obtenir les droits sans y parvenir. On s’est donc rabattu sur celle-là. Elle correspond bien au titre. Je n’ai pas de regrets. Le requin, c’était peut-être un peu plus téléphoné.

La photo d’un requin vivant ?
Philippe
 : Oui, ces requins vivent 500 ans. Un gars a réussi à en filmer un…
Diego Gohring (basse) : Vraiment, ça se voit qu’il a cinq cents ans, le machin. (Rires)
Philippe : Ouais, on le voit, il a de la mousse sur la gueule… (Rires) Grégoire trouvait ce choix un peu plus prévisible et il n’avait pas tort. Pour celle qu’on a choisie, la photo en tant que telle n’était pas utilisable, c’est une photo prise à l’iPhone. C’est notre Ivan qui l’a passée sous un filtre pour qu’on puisse l’utiliser comme pochette.

« Dwell »

C’est peut-être mon morceau préféré du disque. En tout cas, je le trouve parfait pour lancer l’album, on vous reconnaît immédiatement.
Philippe
 : Je l’aime beaucoup mais je lui trouve un côté un peu « FM ».

Facile ?
Philippe
 : Oui. Pourtant, il n’est vraiment pas facile à jouer ! Cela dit, j’adore à la fois le jouer et l’écouter. Et je trouve que sa place en ouverture du disque s’imposait d’elle-même.

Il est hyper efficace. Je suis étonné que vous ayez choisi « Most Arts » en tant que premier single, « Dwell » aurait été parfait…
Grégoire Quartier (batterie)
 : Eh bien, justement ! Choisir « Most Arts » est beaucoup plus inattendu.
Philippe : Je trouve beaucoup plus marrant de choisir un morceau qui sort un peu des codes habituels.


Je ne sais pas si c’était volontaire, mais j’ai l’impression que le début d’album répond un peu au même format que le précédent : un morceau beau, mélancolique, presque post-rock, qui joue surtout sur l’ambiance avant un autre bien rentre-dedans.
Philippe
: En fait, le séquençage du disque a surtout été réfléchi par Serge (NdR : Morattel, le producteur). Avec le recul, je pense qu’il tient la route mais c’est plutôt dû à la vista de Serge.

« Advertiser »

Ouvrir avec « Advertiser » aurait été violent !
Philippe
 : Oui, et il est assez radical dans son propos aussi.
Diego : C’est le premier de la face B, non ?
Grégoire : Non, le deuxième morceau !
Philippe : Tu joues sur le disque toi, non ?
Diego : Oui, j’ai joué. Mais de loin ! (Rires)

Cette phrase que tu répètes en boucle « We can’t help this boat from sinking. » t’est venue une fois la musique composée ou l’inverse ?
Philippe : La musique a précédé le texte. J’enfonce des portes ouvertes en disant ça, mais le matraquage publicitaire m’exaspère. On s’adresse à nous presque comme si nous n’étions que des consommateurs. Et je pense que ça tuera l’humanité. C’est ce que je chante : on ne peut pas empêcher ce bateau de couler, vraiment, on est perdus. On ne sert qu’à ça en fait. Acheter, manger, acheter… Je trouve ces questions intéressantes. Séguéla avait dit : « La publicité, c’est du temps de cerveau disponible. »
Grégoire : Non, c’est un gars de TF1.

Un des boss de TF1, oui (NdR : Patrick Le Lay, alors PDG du groupe, en 2004).
Grégoire : Séguéla, c’était les Rolex (NdR : « Si à cinquante ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a quand même raté sa vie. »)

Vous avez tous une Rolex grâce à vos ventes de disques ?
Philippe
 : Oui, toute une collection ! (Rires)
« We can’t help you to think, we can’t help this boat from sinking », c’est lié évidemment, il s’agit d’une seule et même pensée. 
Grégoire : Ah ouais, je n’avais même pas entendu ça ! (Rires)

Vous découvrez l’album maintenant, en fait !
Diego
 : (Rires) Moi, j’aime cette phrase que tu répètes, cette relation entre le papier et l’encre.
Philippe : Je ne sais pas d’où je la tenais, celle-là. « Paper never refused ink. » Ce n’est pas de moi, c’est du vol pur et simple. Mais à qui, je ne sais plus…
Grégoire : Tu l’as trouvé comme ça, quand on descend jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.
Diego : Je me rappelle cette répète. On s’est arrêté et tu as chanté cette phrase.

Cette idée de jouer de moins en moins fort jusqu’au silence avant une énorme explosion m’a rappelé le Mogwai des débuts (NdR : « Like Herod » sur Young Team).
Philippe : C’est un groupe qui a compté. Plus tellement. Le dernier est chiant à crever, il me semble. Je ne l’ai écouté qu’une fois, je l’ai trouvé vraiment chiant. On n’avait pas spécialement ce groupe en tête en tout cas, mais indéniablement Mogwai nous a marqués à une époque. 
Diego : On se rejoint un peu sur les vieux Mogwai.
Philippe : Mais ils n’ont pas Grégoire Quartier à la batterie ! (Rires)
Grégoire : Moi, je n’ai pas Mogwai ! (Rires)

« Most Arts »

Alors comme ça, vous aimez les arts et Mozart ? Ce n’est peut-être pas ta meilleure rime…
Philippe (Diego se marre)
 : Non, elle est pourrie… et c’est la raison pour laquelle elle est drôle ! Ça m’a toujours fait tiquer, les gens qui disent : « Moi, j’écoute de tout. » Ça me gonfle ! Tu ferais mieux de ne rien écouter… Ce morceau est un peu un accident. On a trouvé ce riff par hasard, je l’appelle notre « riff africain ». Mais il fonctionne assez bien. On avait fait une toute première version avec Grégoire, puis une autre un peu drum’n’bass. Et après coup, complètement par hasard, nous en sommes arrivés à la version de l’album, un peu mid-tempo, telle que je la jouais. Mais Grégoire se l’est appropriée et la joue un milliard de fois mieux que moi, ça ne fait aucun doute.
Grégoire : La version enregistrée est très vivante. Pourtant, le fond du rythme est un mid-tempo assez monolithique. Comment faire vivre ça ? C’est une affaire d’interprétation. C’est ce que j’aime avec ce groupe : ils amènent les structures mais me laissent aussi de la place pour interpréter les morceaux.
Philippe : Il n’existait pas de version démo. On l’a tenté comme ça en studio. Une prise et c’était fini. 

Paf, single !
Philippe 
: Non, on ne s’est jamais dit qu’on allait le sortir en single. Il en fallait un pour illustrer le disque et je trouvais, comme tu l’as dit, que choisir « Dwell » aurait sans doute été plus logique en termes de « potentiel commercial ». Mais justement, je pense que c’était d’autant plus pertinent de choisir plutôt « Most Arts ».

Ce morceau a quelque chose d’un peu inhabituel pour vous : un groove. 
(Diego se poile) Vous n’êtes pas de gros groovers, habituellement…
Philippe : Ce n’est pas notre qualité première, on est d’accord. Il a presque un côté Led Zeppelin
Grégoire : Ouais, ou… comment s’appelle l’autre groupe ? 
Philippe : Cypress Hill ?
Grégoire : Non, l’autre groupe du batteur d’Helmet. Ah, Battles. 
Diego : Moi, ce que j’aime bien, c’est qu’on tourne autour du rythme bizarrement. On trouvait assez drôle de choisir celui-là. Au moins, il incite à écouter l’ensemble du disque.
Grégoire : C’est aussi une façon de dire que ce qu’on veut mettre en avant, c’est un morceau inhabituel pour nous. Ça montre qu’on est encore en train d’avancer, on n’est pas juste en train de sécuriser notre compte bancaire. (Rires)
Philippe : Pourtant, on en fait, du fric !

« Bubbles »

Une atmosphère un peu léthargique se dégage du morceau…
Philippe
 : Il s’agit du premier que nous avons écrit ensemble après Ad Matres (NdR : l’album précédent, sorti en 2019). Il est entièrement en lien avec la paternité, j’y parle de mon fils. C’est un morceau vachement merdique à jouer, très compliqué. Quand on a fini d’enregistrer le disque, c’est celui que je réécoutais le moins volontiers. Et puis maintenant, avec le recul, c’est devenu un de mes préférés. Je lui trouve un côté un peu rêveur. La fin est quand même assez intense. 
Diego : Il est resté exactement comme sur la démo qu’on avait enregistrée à l’époque.

De manière générale, a-t-il été plus évident de composer tous les trois cette fois, par rapport à l’album précédent, qui était le premier réalisé avec Grégoire ?
Philippe
 : L’enregistrement d’Ad Matres a été très particulier parce que ma compagne était gravement malade. Le studio était booké quand on a appris qu’elle avait un cancer. La question s’est posée : va-t-on enregistrer ce disque ou pas ? Et puis, on s’est dit que c’était maintenant ou jamais. On y est donc allé en ne sachant pas trop comment ça allait se passer. Puis, en fait, on a été étonnamment efficaces étant donné les circonstances. La capacité de Grégoire à rebondir nous a aussi permis de ne pas forcément être totalement prêts en entrant au studio. Diego et moi sommes de moins bons musiciens, tout a donc beaucoup reposé sur lui. 
Grégoire : Ce morceau nécessite qu’on l’interprète parfaitement : il n’est cool que si on le joue bien et qu’on se concentre pour bien le jouer. Je suis sûr qu’il sonne hyper plat si chacun pense à autre chose lorsqu’il le joue. Alors que d’autres morceaux sont construits de manière à balancer la sauce et fonctionnent à chaque fois, même si on a la tête dans le cul. Moi, j’aime bien la musique qui requiert cet effort-là de ta part : être présent. Pour Ad Matres, j’étais le nouveau. Je ne savais pas s’il y aurait une suite. Je pressentais qu’il n’y en aurait peut-être pas. Tu ne t’intègres pas en arrivant comme un connard en affirmant : « Moi, je joue de la batterie comme ça, les gars… » Quel que soit ton niveau, parce que finalement, tu arrives dans un groupe. Tu joues avec un vieux couple qui se connaît depuis trente ans. (Rires) Je trouve qu’avec le temps, parce que ça fait maintenant quand même neuf ou dix ans qu’on joue ensemble, on se parle beaucoup plus franchement. Si quelque chose ne leur plaît pas, je le joue autrement. 

« Freeze In Hell »

Je me suis demandé s’il n’était pas parti d’un jam avec ce motif acoustique, presque un gimmick, présent tout le morceau…
Philippe
 : Ce disque contient deux repêchages de vieilleries, dont ce morceau qui doit avoir quinze ans. À la base, je le jouais seul et je l’ai toujours bien aimé. Dans cette époque de « climato-frénésie », je trouve le texte très drôle. Tout part du disque des Flaming Lips, Clouds Taste Metallic, au dos de la pochette duquel ils ont écrit « Those clouds are real. » Je trouvais cette phrase cool, puis je m’en suis servi de base pour le texte. Cette première version du morceau ressemble assez à celle de l’album. J’aimais l’idée d’intégrer cette étrangeté acoustique au milieu, pour contrebalancer avec le reste, quand même assez intense et électrique.
Diego : C’est une saloperie à jouer ! On ne dirait pas comme ça…
Grégoire : Certains morceaux le sont plus, mais pour celui-là, la consigne était de jouer le début comme si on avait pris une mine la veille. Le but de chaque morceau n’est pas d’être le plus sexy et le plus séducteur possible, mais aussi parfois d’explorer des zones.
Diego : C’est notre morceau Swell.

Vous leur aviez déjà piqué le coup des clés qui ferment le studio à la fin de 41.
Philippe
 : Exactement ! On leur avait déjà fauché l’idée des clés, c’est vrai. We Recruit (NdR : deuxième album, sorti en 2014) commence par un bruit de porte qui s’ouvre, un sifflement, ça vient de Swell. Et le riff de « Freeze In Hell » est complètement pompé sur Swell ! Clairement, merci David Freel, paix à ton âme ! C’est un hommage. Peut-être maladroit, mais un hommage quand même à Swell, un putain de groupe !

« Patron Saint »

Je crois que vous l’aviez joué à Petit Bain, il date donc un peu…
Philippe
 : Ouais, je pense. Il date de juste après « Bubbles ».

On a l’impression que le morceau est presque scindé en deux avec ce passage metal assez inattendu à la fin, voire totalement inédit pour vous.
Diego
 : Je le scinde en deux dans ma tête, en tout cas, quand je le joue.
Grégoire : Je le trouve tellement gratuit, ce riff ! (Il le chante) (Rires)
Philippe : Oui, il est gratuit.
Diego : Serge s’est amusé. Philippe a enregistré plein d’overdubs, plein de couches de guitare. Et pour ce riff, il a utilisé une vieille guitare Fernandes, de metalleux, en pointe. Serge était tellement content une fois que Philippe a eu fait sa prise ! (Rires) Vraiment, là, ça chie !
Grégoire : C’est aussi un de ces morceaux où il faut retenir des plans en cinq mesures, après deux fois cinq, une fois quatre. Plein de passages nécessitent qu’on compte au début… Puis à la fin, le Néandertal revient, avec une guitare électrique et là, tu peux enfin… (Il souffle) Une fois arrivé là, tu es sauvé !
Philippe : Le final est volé à la dernière scène d’Amadeus (NdR : de Milos Forman) où Salieri traverse l’asile de fous et se proclame le saint patron de tous ces gens qui ont perdu la raison, ces miséreux, ces losers. Ce morceau me fait penser à cet incroyable moment de cinéma qui me fascine. Je ne l’aimerais sans doute pas autant si ce n’était pas ce qu’il décrivait.

« Optimistic »

Un morceau un peu différent de ce à quoi vous nous avez habitués avec cette boucle entêtante et infernale…
Philippe
: C’est peut-être mon préféré du disque. Grâce à Grégoire, parce qu’on ne savait pas à quoi il allait ressembler quand on l’a enregistré. Le rythme de ce morceau vient de lui, et quand je l’entends, j’ai l’impression d’écouter un groupe américain dont je pourrais totalement être fan, genre Soundgarden.

Effectivement, il sonne très rock alternatif 90s.  
Philippe
 : Greg sait que je suis ultra fan du jeu de batterie de Matt Cameron. Je ne sais pas s’il l’a abordé en y pensant, mais en tout cas, quand on l’a enregistré, je me disais : « Putain, c’est trop bien ! » Et à chaque fois que je le réécoute, je me dis : « Ouah ! » Rien que pour ça, ça vaut tellement la peine de faire de la musique, le fait d’être surpris en réécoutant, c’est extraordinaire, ça n’a pas de prix. « Ah ouais, c’est nous ?! Ah ouais, putain. Trop bien ! » Il existait avant mais sous une forme beaucoup plus convenue. J’aimais beaucoup le riff mais il a pris toute sa mesure dans sa version studio. La manière dont Greg l’a abordé, c’est tellement contre-intuitif pour moi. J’adore la façon dont il l’entend, lui, qui n’a rien à voir avec la mienne. Je trouve que c’est génial. Bon, je vais arrêter de te lécher le cul, Grégoire. (Rires)
Grégoire : Ce qui est cool aussi, c’est que les rythmes des deux morceaux dont les riffs sont en trois temps, « Bubbles » et « Optimistic », sont complètement différents, juste parce que la musique, elle, appelle ça.

« Obviously »

Vous l’aviez déjà sorti sur une compil d’inédits pendant le Covid.
Philippe
 : Oui, c’est Diego qui avait partagé ces morceaux. Mike (NdR : Bedelek, l’ancien batteur) jouait sur la version dont tu parles. Je crois que c’est l’un des morceaux les plus violents qu’on ait enregistrés. (Diego s’esclaffe) Il est tellement intense, notamment la dernière partie ! 


Il est donc épuisant à jouer ?

Grégoire
 : Oui. Cela dit, je viens d’un groupe qui s’appelle Cortez, dans lequel ça chie sa mère. Ultra intense ! Le but de ce morceau n’était pas de faire la même chose, mais c’est une des couleurs qu’on n’avait jamais vraiment trop explorées avec Ventura. Quand on l’a joué en studio je me suis dit : « Rien à battre, j’envoie le truc comme un cochon, puis on verra bien comment ça sonne. » En fait, ça sonne cool. À la fin, tu te demandes même si tu vas arriver sur le premier temps avec tout le monde tellement c’est le bordel. Quand on l’a enregistré, l’intention était : no limit. Mais comme tout s’est bien passé, on a décidé de la garder. Bon, ce morceau a tout de même un côté too much, vraiment pas subtil. Mais si tout le monde l’avait trouvé vraiment trop vulgaire, on l’aurait refait.

Philippe : Une partie, une suite de quatre accords, a été ajoutée très peu de temps avant d’entrer en studio. Pour le reste, à part le jeu de batterie de Greg, c’est exactement le même morceau. 

Diego : La partie Keelhaul ! (Rires) Moi, c’est ce que j’entends.

Philippe : Tu es bien gentil !



« In Me, There Are Three »

Philippe : Celui-là aussi parle de mon fils. Et du fait qu’en Suisse, tous les gens sont des flics. Tout le monde a un flic qui dort en lui. Et pour me moquer de moi-même, je dis qu’en moi, il y en a trois. Ça parle du flic qui dort en chaque Suisse. (Les deux autres explosent de rire) De sa propension à dénoncer, à surveiller ses voisins. C’est aussi basé sur l’idée que la plupart des gens préfèrent les chiens aux chats. Comme souvent, il s’agit de jeux de mots à la con exploités à outrance. Mais à la base, j’ai toujours eu envie d’écrire un texte là-dessus, pour me moquer de cet esprit suisse qui veut que les gens s’espionnent les uns les autres et se dénoncent si la poubelle n’a pas été mise dans le bon conteneur. En Suisse, on n’aime pas ce qui dépasse. « Ouuuh, ça dépasse ! »
 Lui, c’est une sacrée saloperie. Le pire morceau de tout le disque. On ne l’a jamais rejoué depuis qu’on l’a enregistré. Même nous, on galère pour comprendre sa structure. Je ne suis même pas sûr d’avoir vraiment envie de réessayer. J’aime bien tout le morceau, mais j’adore surtout la fin, avec cette espèce de bavure sur toute la dernière partie. 


« From Evil »

Une très belle façon de conclure. Je connais votre amour pour Bedhead ou The New Year. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à eux… 

Diego
 : Je n’avais même pas de ligne de basse en entrant en studio, Greg n’avait rien non plus. Il s’agissait juste d’un riff de Philippe dont on s’était dit qu’on essayerait de bosser dessus s’il nous restait du temps. Au lieu des dix jours prévus, on a quasiment tout enregistré en six. On a donc tenté. 

Philippe (à Grégoire) : C’est celui qui t’a posé le plus de problèmes. Tu étais complètement perdu ! Pour moi, il y a encore plus de Cure que de Bedhead ou de The New Year, même si j’adore les deux. Ça me fait penser à un morceau de Faith. « Je vais me pendre mais en attendant, je vais écrire une chanson. » (Les deux autres se bidonnent) Une boucle lancinante tourne tout le long du morceau. Ce n’est pas intentionnel, mais c’est complètement pompé sur « Chumming The Oceans » d’Archers Of Loaf avec cette même note qui flotte tout du long du morceau. C’est vraiment celle-là, l’influence la plus flagrante.  


Cela dit, l’influence de Cure sur tout le slowcore est assez évidente…

Philippe
: C’est clair, je me refais une plongée monumentale dans les disques de The Cure depuis la sortie de Songs of a Lost World. Je ne suis pas méga fan du son mais j’adore les morceaux. Super disque !

Diego : Groupe très important pour moi.

Philippe : Oui il a fondamentalement influencé toute la musique qu’on joue. Si on ne devait en citer qu’un, ce serait lui, c’est évident.


Interview réalisée par Jonathan Lopez

Pour les étourdis qui sont passés à côté de l’info, Ventura jouera le 13 novembre au Cirque électrique à l’occasion de notre sixième Exit Musik for a Night, avec Pamplemousse et Ventura.
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