Bermud – Oceans on the Moon

D’Angers, on connait la scène rock alternative incarnée par une palanquée de groupes, que ce soit Les Thugs, Hint, Lyzanxia. Voilà pour le sommaire. Jusqu’au jour, où un ange vint se poser sur terre, sous les traits d’Elliot Aschard, parti explorer la surface de la lune.
Avec son esthétique crépusculaire, tout en relief, le disque dans sa globalité vous emporte complètement, les paroles sont choisies pour leurs associations figuratives, bien que l’on détecte un cynisme prononcé. Celui qui égrène son récit ne se retrouve donc pas face à un public stoïque. Car voyez-vous, la musique est amovible. Et même si de prime abord « Lullaby » avec ses riffs saturés pourrait vous laisser songeur, poursuivez au-delà du refrain, les structures semblent encapsulées pour atteindre un point bien précis. « Ghost Cry » est une de ces pépites lunaires serties de plusieurs alliages. On peut aisément dire que Bermud réussit sa mission, là où d’autres comme Primal Scream, Spiritualized et consorts sont passés totalement à coté (NdRC : diantre, voilà une opinion impopulaire !). « Striken God » est à ce point condensé qu’on a l’impression d’être dans une centrifugeuse, une bombe sonique qui éparpille ses notes jusqu’aux confins de l’univers. « Ignorance » est d’un tout autre aspect, presque grunge, tout comme « Anyway » dont les paroles « Maybe i’m just a fool » résume l’état d’esprit dans lequel cette croisière spatiale poursuit sa trajectoire, entre brouillard et pureté lumineuse (« Wherever it’s Brightest »). L’anglais dans lequel Elliot s’exprime est totalement maîtrisé. Et pour ne pas trop enrubanner le paquet, vous n’en sortirez point indifférent. Oceans on the Moon est une musique topographique, qui donne le tournis. À partir du moment où vous enclenchez le disque, quelque soit le titre, vous êtes cerné, non par un mur, mais par une avalanche de fuzz. Ce qui distingue cet album du précédent long format, Chetter Hummin, c’est cette propension à appuyer pied au plancher pour foncer tout droit dans l’inconnu, en accéléré, à la vitesse du son et de la lumière. On comprend l’engouement qu’il y a autour de ce nouvel album. Tout y est jubilatoire, les chœurs de Océane Jackie, les parties instrumentales menées tambour battant, et surtout, fait remarquable, cette approche au départ DIY. À comparer avec Raging Fever, sorti il y a presque deux ans, le fossé s’est élargi, du moins en ce qui concerne l’approche sonore.
Et pour honorer un tel projet, Bermud va se produire sur scène, en quatuor. Foncez donc, sans la moindre hésitation. On ne remerciera jamais assez l’agence de relations presse Vous connaissez ? pour nous avoir dégoté un artiste de ce rang. Je vous entends déjà fredonner « And it keeps falling and falling, Inside my head keeps turning and turning ». Il faut avouer qu’en ce début d’année 2025, se trouve entre mes mains et oreilles un de mes albums favoris, lequel deviendra certainement incontournable pour vous également.
Franck Irle