Glassing – From the Other Side of the Mirror

Publié par le 13 mai 2024 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Brutal Panda, 26 avril 2024)

La pochette vous fixe, effroyable et pourtant rien n’est plus fascinant. Le sang devenu glace recouvre un monument funéraire, un mausolée dont le morphisme semble s’être figé. Glassing injecte impétueusement au travers de sa musique un courant froid, une violence d’outre-tombe au demeurant bien inamissible.

Retour en 2021, Twin Dreams avec sa pochette énigmatique avait éveillé ma curiosité, la presse musicale, notamment Austin Chronicle, m’avait contraint à me pencher sur son contenu. Avec ce troisième album du trio texan, je me suis trouvé totalement déboussolé, ne sachant m’orienter dans ce salmigondis où se croisaient toutes sortes d’ambiances, et c’est en plein cœur de l’œil du cyclone*, que nous était révélé le parfait équilibre des éléments. Résumer chaque titre en une seule syllabe ou une interjection serait trop réducteur, un morceau comme « Doppler » remet votre ossature en place, comme le ferait un chiropracteur.

Dustin Coffman et ses deux acolytes, sont une seule et même machine, qui disloque les membres, défonce le crâne avec des blasts rythmiques, sans que l’on soit en mesure de classifier leur musique. Signé chez Pelagic Records, Glassing déclenche les hostilités avec « Anything You Want », nimbé de faux passages post-rock avant que ne déboule le monolithique « Nothing Touches You ». Plus rien ne semble retenir le trio texan, le vent musical subtropical emporte tout, en une concrétion fracassante de poussières, de débris. N’importe quel reliquat inanimé retrouve une ardeur soudaine, Glassing n’use d’aucune monstruosité esthétique pour vous asséner ses torpilles explosives. Quelques accalmies instrumentales disséminées vous permettent de retomber sur le plancher avant que celui-ci ne se dérobe à nouveau sous vos pieds.

Les motifs tourbillonnants s’imbriquent de manière imprévisible, particularité dont le groupe est devenu le spécialiste, de véritables brouilleurs de signaux, sabotant les bornes signalétiques. Cette sensation de désorientation est parfaitement normale, logique. Le monde nous échappe, Glassing est comme le sable, mouvant et insaisissable. « Wake », le dernier titre du disque en est la représentation, le chant est toujours hurlant, et ne tombe jamais dans les clichés du guttural exagéré.

Franck Irle

*Le Texas est la région la plus touchée par les ouragans.

Merci à Clément Duboscq de débusquer ce genre de disques.

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