Wonderflu – Wonderflu

Publié par le 5 juin 2017 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Influenza, 2017)

Depuis ses débuts, il y a 10 ans, Wonderflu fait ses trucs dans son coin, comme ça lui chante. Généralement un groupe met toutes ses forces pour sortir le plus tôt possible un premier album et capitaliser dessus, les parisiens, eux, ont préféré sortir… 6 EP avant (dont un double qui aurait très bien pu faire office d’album mais non, il ne fallait surtout pas le considérer comme tel).

Et quand le grand jour arrive, plutôt que de sortir un bête album, ils nous sortent un gros double de bourrin. Un menu double best of gavé à ras bord de 30 titres. 1h15 dans nos petites quenottes.

Avouons-le, au départ on s’est dit “bon ils sont gentils ils ont foutu dedans 12 démos rafistolées qui trainaient au fond d’un tiroir (les fameux Bastard Tracks), rajouté 4, 5 nouvelles compos (destinées initialement à l’EP annuel), une belle pochette signée Halfbob et roulez nénesse : opération marketing bien ficelée”. Sauf que non, ça ne tient pas. Déjà Wonderflu et le marketing ça fait 12. Tu veux leur acheter un cd, tu repars avec 5 et des autocollants à distribuer à toute ta famille. Pour le même prix. Et puis, si vous savez un peu compter vous noterez que 12+4 ou 5, on est encore loin des 30 morceaux.

Non ces 30 morceaux, ils se sont enfermés pendant de longues semaines pour les pondre. Ça devait sentir le phoque, il devait y avoir de la Kro renversée aux quatre coins du studio, ils ont dû partager quelques fous rires et engueulades mais au final ils les ont chié leurs 30 morceaux.

Certains d’entre eux retiennent immédiatement l’attention, d’autres s’imposent au fil des écoutes, en tout cas nulle trace de remplissage. Le seul défaut qu’on pourrait trouver à ce disque est d’être un foutoir sans nom. Ça, c’est indéniable. Mais c’est aussi ce qui fait son charme.

Au rayon des réjouissances, un “Yodel” so Nirvano-Pixien, les ultra efficaces “Turbulence”, “Goods” ou “Accelerate” qu’on te met au défi de ne pas chanter à tue tête au bout d’une demi écoute, des mignardises folk lo-fi (“Is It Real?”, “Matter Of Choice”, “Driving No More”), des rasades punky/grungy (“Recently Seen”, “Tease You”), des sifflotements et du banjo à rendre jaloux les Minutemen (“Barbecue”), une chanson pour saloon (“Are You Right?”)… La tourmentée “Second Floor”, bardée d’effets et flanquée d’un motif de gratte qui vous colle aux basques. Sans oublier une “Radio Edit” qui démarre comme un bon vieux tube habituellement torché en 2’30 chrono et qui finalement fait un peu ce qu’elle veut, et après bien des soubresauts s’offre un break basse-batterie qui nous renvoie à l’âge béni où Kim Deal avait encore les faveurs de Frank Black. Et cette petite affaire culmine à… 9 minutes. “Radio Edit” donc. Ils sont taquins.

Même “Find A Way” qui démarre comme un vulgaire Offspring finit par convaincre l’auditoire. Car ces gars-là savent écrire des chansons, y a rien à faire. Qu’elles soient terriblement courtes ou incroyablement longues, leurs chansons ont du coeur, du riff, des idées, de la beauté, de la fougue, de la saleté, de la sagesse. Non, quand même pas de la sagesse. Ah oui tiens, en parlant de sagesse, y a aussi Troy Von Balthazar sur ce disque. Et il signe un des meilleurs morceaux de l’album. Ça fait beaucoup, vous êtes paumés à force hein ? Moi aussi.

Au final, j’ai réussi à tomber à pieds joints dans l’écueil que Wonderflu a brillamment évité : rendre cette chronique indigeste à force de trop vouloir en dire. Alors je vais la boucler pour de bon, en résumant la chose pour ceux qui n’ont pas eu le courage de lire tout ça : ce disque sonne comme une compil de 30 morceaux inédits de Chokebore, Pixies, Nirvana et autres glorieux anciens… La crème du 90s en 2017, et en France. Faudrait quand même être un peu con pour cracher dessus.

JL

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