Undramaa – Print the Dirt

Posted by on 19 avril 2025 in Chroniques, Toutes les chroniques

(Autoproduction, 18 mars 2025)

Le rock, c’est la répétition obligatoire du riff, jusqu’à la nausée, à en dégueuler ses tripes. La vérité nous oblige à reconnaître les griffonnages inutiles, désespérément écrits pour modérer l’intensité provoquée par cette dose soudaine injectée dans le corps et l’esprit. Avec Print The Dirt, Undramaa opère sans anesthésie, incisant son mordant, rappelant les beaux jours du punk rock. Nous ne sommes plus dans une réalité augmentée mais en présence d’un groupe qui pousse le curseur suffisamment haut pour que son album rejoigne le panthéon de l’année 2025. Démonstration.

« Reset and Resume » c’est l’affirmation d’un point de départ débarrassé des oripeaux du passé, l’enclenchement d’une machine où sont mises en orbite toutes les descriptions stylistiques, un coup de pistolet dont la balle atteint sa cible. Pour le dire autrement, ça dégomme dans tous les sens, une batterie puissante avec une rythmique mastoc et un blast final qui désarçonnerait direct le cavalier d’un rodéo sous amphétamines. « You Got the Genes » convoque le chant du regretté Scott Weiland avec la solidité démentielle de groupes comme Fudge Tunnel ou Whores. Un melting pot de confluences que chaque musicien apporte pour agréger Undramaa en une entité compacte, et dont la personnalité est catégorique, loin des tendances actuelles.

Chaque titre illustre en images son contenu, au point de nous embarquer dans un bolide qui foncerait pour atteindre l’horizon, « Far Enough » est à ce point remarquable qu’il nous replonge dans l’univers d’Alice In Chains. Le groupe montpelliérain semble venir d’un autre temps (« Some Other Time ») sans jamais être un duplicata du passé. Il y a bien quelques incartades plus calmes, en apparence, car le désespoir et la rage sont les balises même de l’album, écoutez « In You » à plein volume, ça ne vous lâche pas d’un iota. Au contraire, vous ressentez ce besoin irrépressible d’y revenir. Bouquets explosifs, refrains atmosphériques, solos ciselés, « Print The Dirt » s’immisce lentement, avant qu’une série d’uppercuts vienne vous déboulonner au détour d’un couplet.

Rarement un disque n’aura autant illustré ces sonorités caustiques et porter en son sein une telle énergie. En survolant la cartographie actuelle de la scène musicale, Undramaa semble provenir d’un comté des USA, où de grosses cylindrées agressives cracheraient la poussière et les vapeurs de gasoil. Sauf que le quatuor échappe à ces traits narquois, réducteurs. Il est fort à parier que ce potentiel soit décuplé sur scène et que l’avenir du groupe soit assuré. Undramaa repousse les frontières communes avec le très punk « Prima Donna Story Hole » en guise de bouchée finale, et un passage vaguement singulier (Seattle ?) doublé d’un mitraillage en règle de blasts, rythmiques black metal.

Franck Irle

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