The Men – Buyer Beware

Après avoir rédigé tous les derniers articles concernant le groupe, je me permets de ressortir un classique pour cette introduction : la musique de The Men est beaucoup moins prévisible que mes critiques de leurs albums.
Ainsi, chaque fois que je me retrouve face à une de leurs sorties, je repense à ce que dit la mère de Forrest Gump sur le point commun entre la vie et une boîte de chocolat. Ensuite, je fais généralement les louanges de la diversité de la musique du groupe et je décline par le menu ce qu’on peut trouver sur le petit nouveau avant de conclure en expliquant si ce que j’y trouve me plait ou pas.
Seulement voilà, peut-être que je me trompe. Pas sur le fait que tel album me plaise ou pas, évidemment, et encore moins sur la diversité musicale de The Men qui est indéniable, mais peut-être que je me trompe sur l’intérêt d’y accorder autant d’importance.
Étant une personne aussi prévisible que mes critiques, j’ai appréhendé ce Buyer Beware comme les précédents, comme l’œuvre d’un groupe de rock érudit qui ne s’interdit rien, en m’attendant donc à de l’inattendu et j’ai peut-être oublié l’essentiel : Buyer Beware est l’œuvre d’un groupe de rock. Pourquoi guetter les différents apports de style, qui sont bien là (entre un « Charm » limite shoegaze qui n’en manque pas, l’intro à la prêcheur blues de « Nothing Wrong » ou le sabbathien « The Path ») mais ne sont que des détails ? Pourquoi se focaliser sur la forme, quand le fond se résume à une intention simple, simplissime même : envoyer du lourd.
Non, Buyer Beware n’est pas la démonstration d’un groupe qui a assimilé plein d’influences différentes et nous en fait des chimères cohérentes. The Men en est tout à fait capable et l’a prouvé à plusieurs reprises mais attendre ça de leur part pour considérer qu’un de leurs albums est digne d’intérêt, c’est peut-être simplement se tromper de sujet. Ou se tromper de groupe. New York City, le dernier en date, aurait dû me mettre sur la voie : non seulement il envoyait du lourd, mais c’est précisément quand il commençait à s’éloigner de cette feuille de route que mon attention s’émoussait. Ici, la feuille de route est suivie à la lettre et si les écarts de style semblent dérisoires, je suis tenu en haleine jusqu’au bout.
Lorsque le nom de The Men est venu sur la table, un collègue rédacteur disait en substance qu’ils n’avaient rien sorti d’intéressant depuis longtemps et qu’on n’y prêterait pas attention si ce nouveau disque était l’œuvre d’un groupe inconnu. En réalité, tout dépend. Si vous le comparez aux sorties chez Sacred Bones, alors vous risquez effectivement de trouver Buyer Beware très monotone. En revanche, si vous aimez les larsens qui sifflent, le punk rouleau compresseur et les morceaux bien foutus, il y a largement de quoi vous délecter. Un album qui envoie du lourd par un groupe qui ne cherche rien d’autre mais sait le faire bien, ce serait dommage de s’en priver !
Blackcondorguy