The Lords of Altamont @ Petit Bain (Paris), 05/11/24
Dans la catégorie des groupes qui ont remis le garage rock à l’honneur dans les années 2000, les Lords of Altamont ne sont sans doute pas ceux dont le succès ou l’originalité brille le plus fort, mais cela ne les empêche pas de se poser là en termes d’efficacité et, osons le dire, de charisme.
Ce charisme est personnifié par un homme en particulier, leur leader, chanteur et l’une des rares personnes à pouvoir jouer du clavier sur scène en dégageant autant d’énergie que s’il tenait une guitare (pour sa défense, c’est évidemment un farfisa, garage oblige), j’ai nommé Jake « The Preacher » Cavaliere. Or, le frontman avait lâché un post un peu inquiétant sur les réseaux sociaux, faisant part de sa fatigue et de sa volonté de ne plus « do this anymore », ce qui donnait à ce concert du 5 novembre dernier des airs de fin d’une ère et a sans doute motivé plus d’une personne, dont votre serviteur, à se déplacer pour l’occasion.
Je passerai sur la première partie, Sweet Needles, étant arrivé trop tard. Puisque les amis qui y ont assisté les ont comparés à Korn ou Limp Bizkit, je n’aurais sans doute pas été le mieux placé pour vous en parler.
En revanche, en ce qui concerne les Lords of Altamont, on se retrouve dans ma zone de confort dès les premières notes de « Born to Lose ». Il faut dire aussi que j’ai des années de fréquentation de différents garages depuis de nombreuses années et que les Lords appliquent à la lettre la formule chère aux enthousiastes de ce style.
Ainsi, il serait difficile de vous décrire ce concert comme se détachant de n’importe quel autre du groupe sur les tournées récentes, hormis que c’était ce soir-là l’anniversaire du bassiste (ce qui nous a valu une reprise de « He Cried » des Shangri-La’s dont il me semble qu’elle est généralement présente dans la setlist de toute façon). Les tubes ont été joués (« Going Nowhere Fast », « Going Downtown », « Action », « $4.95 », « F.F.T.S. »…) avec l’énergie attendue, le public était réceptif et engagé, Jake a communié avec lui dès que possible et, en désaccord avec ses aveux de fatigue sur les réseaux, n’a pas hésité à se jeter dans la fosse ou à monter sur son farfisa.
En y réfléchissant, si la perspective d’assister à la fin d’une époque a sans doute motivé une partie du public à être présent ce soir, ce qui ressort de ce moment est davantage l’impression d’une capsule intemporelle, d’un groupe qui joue encore comme il le fait depuis vingt ans, si on exclue la présence d’une danseuse sur scène pendant plusieurs années, et qui, ce qui est sans doute le plus fort, nous a donné la sensation que, pour ce soir-là, ces vingt années n’avaient eu aucun impact sur nous non plus. Magie du rock’n’roll…
Et peu importe si, finalement, les rumeurs de fin du groupe ont été exagérées puisqu’un album est déjà prévu l’année prochaine et que Jake semble simplement vouloir mettre le holà sur les longues tournées, peu importe si on les revoit un peu moins souvent en concert à Paris désormais, cette fois on sera venu, on les aura vus, et on ne l’aura pas eu dans le cul.
Blackcondorguy