PLAYLIST – Hommage à David Lynch
Hollywood brûle et un magicien exhale. David Lynch a basculé de l’autre côté du miroir, dans un dernier tour de passe-passe. Comment ne pas se sentir soudain très seul, contraint à une vie pleine de chaos, sans le baume au cœur dont il nous a souvent gratifié ? Comment savoir quel habit mettre si l’on ne peut plus compter sur ses bulletins météor-illogiques quotidiens ? Le chagrin est grand, les hommages fusent en nombre et de partout. C’est comme s’il avait réussi à toucher tout le monde sans jamais chercher à le faire. Son nom est même devenu un adjectif utilisé à tort et à travers pour décrire tout ce qui nous inquiète et relève à la fois du beau et du bizarre. Capable de marier les contraires comme personne, le noir insondable comme la lumière la plus vive, Lynch était un phare pour beaucoup d’artistes, une sorte d’idéal à atteindre qui, même quand il créait moins, continuait à inspirer.
Au-delà du grand cinéaste et de l’artiste expérimental, il y a un autre domaine dans lequel il appose sa marque : la musique. Le réalisateur sensible dont les bandes originales (Blue Velvet, Sailor et Lula, Lost Highway, Mulholland Drive) ont émerveillé un grand nombre d’auditeurs grâce au savant équilibre entre musique instrumentale et morceaux chantés, a également été musicien/chanteur/compositeur et collaborateur de premier plan. Entre l’impressionnant plateau de groupes invités au banquet de Twin Peaks: The Return, Thought Gang, le projet jazz avec son fidèle compositeur Angelo Badalamenti, BlueBOB, le groupe d’indus blues avec John Neff, les collaborations multiples avec Julee Cruise, Chrystabell, Mark Linkous, Marek Zebrowski, Lykke Li et même Donovan, ainsi que l’ensemble de ses propres albums et singles, David Lynch explore un large spectre musical allant de la dream-pop planante au néo-blues futuriste, sans oublier toutes les possibilités offertes par le jazz, la soul et les musiques électroniques. Il y a une luminosité fragile, un noir abyssal et une primitivité de tous les instants dans ce corpus mélodieux qui peut s’appréhender comme la suite directe de ses films, une nouvelle extension dans son art.
Alors, joignons-nous au chœur des fidèles et rendons hommage à David Lynch, grand pourfendeur de nos rêves et cauchemars, tout au long de cinquante morceaux qui explorent autant sa discographie solo que les musiques inoubliables de ses films.
La version Spotify dans laquelle plusieurs morceaux manquent à l’appel :
So tired of fire, so tired of smoke
So tired of fire, so tired of smoke
Send me an angel, save me
Send me an angel, save me
[Chorus] I wanna have a good day today
I wanna have a good day today
I wanna have a good day today
Good day today
…
Julien Savès