Interview – Pamplemousse
Avant de les accueillir sur la scène du Cirque Electrique le 13 novembre, lors de la prochaine soirée Exit Musik, nous avons eu la chance de pouvoir discuter avec Sarah et Nicolas, le duo à l’origine du groupe Pamplemousse. L’occasion d’en savoir un peu plus sur le process dont est issu leur dernier excellent album, Porcelain, et sur leurs nouvelles perspectives scéniques maintenant qu’ils sont installés en métropole. On ne dira jamais avec suffisamment de clarté tout le bien que l’on pense de leur musique, et on est fier de les associer, pour une soirée, à notre modeste webzine…
« Beaucoup de gens mettent en avant l’émotion qu’il y a dans le disque et ça nous a un peu surpris. C’est vrai qu’on met tout le temps tout ce qu’on a dans le ventre, il semblerait que ce soit plus perceptible dans celui-ci et on en est plutôt fier. »

Peu après la sortie de votre nouvel album, dans quel état d’esprit êtes-vous et quels sont les retours que vous avez pour l’instant ?
Nicolas (Chant/guitare) : Jusqu’à présent, on n’a eu que des bons retours et ça fait du bien parce qu’on a bossé très dur sur cet album. Tout a été un peu plus compliqué que d’habitude, mais on a quand même réussi à sortir ce disque. Pour être honnête, à la fin, je n’en pouvais plus, j’étais fatigué de l’entendre. Je me suis occupé des mixes et j’ai bossé dessus comme un dingue. Au bout d’un moment, j’en avais plein le cul, je ne pouvais plus écouter une seule note. Maintenant, quand je vois les critiques, je suis hyper content parce que je ne savais pas du tout comment il allait être perçu. Beaucoup de gens mettent en avant l’émotion qu’il y a dans le disque et ça nous a un peu surpris. C’est vrai qu’on met tout le temps tout ce qu’on a dans le ventre, il semblerait que ce soit plus perceptible dans celui-ci et on en est plutôt fier.
Je suis assez d’accord avec le fait que votre côté émotionnel est un peu plus exacerbé qu’auparavant, même s’il y avait déjà un gap de franchi en ce sens sur le précédent. Dans celui-ci, je trouve, en effet, qu’il y a une gravité inédite par rapport à vos deux premiers albums. C’était conscient de votre part ?
Sarah (Batterie) : Oui et non. Pour chaque nouvel album, t’essayes de ne pas refaire ce que tu as déjà fait. Tu essaies de trouver en toi des choses nouvelles à exprimer et ça veut dire aller plus en profondeur que la fois d’avant.
C’est au moment de l’écriture que ça se joue ou c’est plutôt en studio ?
Sarah : C’est au moment de l’écriture.
Nicolas : Oui, au moment de l’écriture. Et puis, il y a surtout le fait que le contexte a changé pour nous. Un bout de l’album a été composé en Lorraine, dans le froid, avec plein de problèmes à gérer liés au déménagement, trouver un logement etc. Comme on répète tous les jours dès 9h, les gars de la salle de répète hallucinaient. Au bout d’un moment, il a fallu trouver des idées pour terminer le disque. Il y a eu une certaine tension qu’il n’y avait pas dans les autres disques.
Sarah : Tu déconnes ? A chaque disque, ça a été tendu.
Nicolas : Oui mais là il y avait quand même beaucoup de changements et de choses à gérer. Personnellement, j’ai eu énormément de doutes au moment de faire ce disque. Je me suis demandé si j’allais être encore capable d’aligner deux accords jusqu’à en être content. Peut-être que c’est tout ça que tu entends.
Il a fallu donc que le disque sorte et que les critiques soient positives pour que tu te détendes par rapport à lui ?
Nicolas : Pour moi oui, je ne suis pas comme Sarah pour qui tout est toujours superbe.
Sarah : Je ne m’attends jamais à ce que ça plaise au gens. En revanche, c’est vrai que ce qu’on fait me plait toujours beaucoup. Quand on fini d’enregistrer, si ce que j’entends me plait, alors tout va bien, je suis contente.
Nicolas : Moi j’ai beaucoup plus de doutes, en règle générale. Tout est toujours sujet à questionnement. Ce n’est pas par rapport aux gens, c’est par rapport à nous-mêmes. Est-ce que ça nous plait vraiment ? Il m’arrive de me retrouver dans des impasses ou je ne sais plus si ce que je fais est bon ou pas ni si je le fais parce qu’il faut le faire. Je t’avoue que lire des critiques positives me permet de réécouter l’album avec plus de légèreté et d’indulgence. J’apprécie beaucoup plus.
Vous arrivez à l’écouter comme si c’était un autre groupe qui l’avait fait ?
Sarah : Moi, c’est ce que je fais. Quand on a fini d’enregistrer, j’écoute comme si ce n’était plus moi qui avais fait ça.
Nicolas : C’est génial de pouvoir faire ça, mais pour moi, c’est impossible. Une fois que le disque est fini, mon seul problème, c’est de me dire « merde, il va falloir recomposer neuf morceaux parce que j’ai envie d’en refaire un, en fait. » Quand le travail en studio est terminé, c’est la dépression. Je me dis toujours que je veux retourner au Black Box au plus vite oui, mais que pour ça il faut refaire neuf morceaux, et tu sais que tu vas repasser par un chemin de croix et des doutes et des mois et des mois de travail. C’est la différence avec Sarah qui peut écouter les disques comme si ce n’étaient pas les nôtres. Moi je n’y arrive pas, j’entends trop tout ce qui ne va pas.
« J’aime bien les disques qui ont des défauts. Je ne supporte pas les productions de maintenant trop léchées. Les défauts, c’est ce qui fait qu’un chanteur, par exemple, va te faire complètement chavirer quand bien même il peut chanter faux. »

Peter Deimel (NdR : le producteur), ne vous aide pas à prendre de la distance ?
Nicolas : Tu sais, Peter était l’acolyte de Iain Burgess. C’est pas un producteur comme on peut l’entendre aujourd’hui, en fait. C’est plus un producteur à l’ancienne. C’est un peu un gars à la Steve Albini. C’est le genre de mec qui va te calmer quand il faut te calmer au moment de la prise, mais il ne va pas entrer véritablement dans la musique que tu fais. Il va te dire : « Là ta prise, franchement, elle est bonne, ne t’inquiète pas. »
Sarah : Il n’est pas intrusif dans l’aspect artistique de ce que tu as fait tout seul dans ton coin.
Nicolas : Voilà, c’est pas un producteur comme les gens l’entendent maintenant, il fonctionne à l’ancienne. J’ai quand même cinquante balais donc j’ai fait pas mal de disques depuis un moment. Aujourd’hui, les disques on les prépare en amont et quand on rentre dans le studio, ça dure au maximum sept jours.
Ça s’entend, il y a un sentiment d’urgence, comme toujours dans votre musique.
Nicolas : Oui, et quand je mixe, forcément, j’entends tous les défauts, et ça ne me plaît pas… Mais pourtant, je sais qu’au fond de moi, j’aime bien les disques qui ont des défauts. Je ne supporte pas les productions de maintenant trop léchées. Les défauts, c’est ce qui fait qu’un chanteur, par exemple, va te faire complètement chavirer quand bien même il peut chanter faux. Tout ça pour dire que Peter n’est pas un producteur comme les gens l’entendent. On l’aime beaucoup et on est à l’aise quand on enregistre avec lui. On a fait presque tous nos disques au Black Box et c’est un gars super cool quand tu enregistres car il maîtrise parfaitement son sujet qui est le son, mais il n’entre pas trop dans le fond des morceaux. Ça lui est toutefois arrivé de dire : « Tiens ce couplet-là est peut-être en trop. »
Sarah : Oui, il peut donner son avis, mais il ne l’impose jamais et c’est toujours nous qui avons le dernier mot.
Et les gars de A tant Rêver du Roi, quels sont vos rapports avec eux ? Est-ce qu’ils vous aident à affronter vos doutes ?
Sarah : On ne lui a pas dit qu’on avait des doutes. (Rires) On ne prend pas ce risque !
Nicolas : En fait, il n’est pas du tout au courant de ce qui se passe. Il sait qu’on entre en studio, mais il ne demande même pas de démo, il ne nous demande rien. On ne signe même pas de contrat avec Stéphane (NdR : Sapanel, boss du label). C’est pour ça que tout ce qu’on fait est quand même un peu basé sur la confiance. Ça rappelle les années 90 à ce niveau. Avec lui, en fait, on le prévient juste quand notre disque est prêt et il nous répond : « OK, vous voulez le sortir quand ? » En fait, il ne nous a jamais rien dit, il est toujours content. Bon, faut croire qu’on lui propose à chaque fois une galette qu’il aime bien quand même, mais il ne rentre pas là-dedans. Il veut sortir nos disques. Quand c’est mixé, on lui envoie. Là, c’était carrément une fois masterisé. Mais il ne va pas forcément nous faire de retour. C’est vrai que je ne me suis jamais vraiment posé la question, mais en fait il nous fait confiance. Et c’est pour ça qu’on est bien aussi avec lui, parce qu’on n’aime pas trop les gens qui viennent s’occuper de nos affaires. On a l’impression de maîtriser ce qu’on fait. Je pense qu’on bosse beaucoup plus dur que la moyenne des groupes. Donc quand on fait quelque chose, s’il quelqu’un a une critique à faire, on lui rétorque : « Bon ben, OK, merci. Mais à plus tard. » À moins que ce soit quelqu’un en qui on a vraiment confiance. Mais en tout cas avec le label, il n’y a jamais de rapport comme ça. Pas de contrat, on discute simplement et c’est très bien que ça se passe comme ça.
Pourquoi l’album s’appelle Porcelain et quel est le rapport à la chanson du deuxième album ?
Nicolas : C’est quand on a trouvé la photo de la pochette qu’on a eu l’idée du titre. Elle est tirée des photos familiales d’un très bon ami à nous qui vient de Rochester, New-York, la ville de Kodak. Et donc, à l’époque, sa famille avait pas mal de kodachromes et lui en avait des tonnes, des milliers de photos. Vu qu’on aime l’argentique, on lui a demandé si on pouvait piocher dans ses trucs. On est tombé sur cette photo de ses deux cousines, et on a trouvé la photo vraiment cool. Je ne sais pas si c’est mignon ou si c’est glauque. Il y a un truc comme ça. Donc une fois qu’on a choisi cette photo, il fallait trouver un nom. Je me suis rappelé qu’on avait un morceau qui s’appelle « Porcelain » sur le deuxième album et on a trouvé que le mot collait parfaitement avec cette photo.
Sarah : La photo n’est pas en entier mais au-dessus de leur tête, se trouve un petit meuble avec des objets en porcelaine.
On pourrait presque imaginer un camé en porcelaine hyper dérangeant.
Nicolas : Ouais, voilà c’est ça. On s’est dit que ce serait rigolo de prendre le nom d’une chanson d’un album d’avant, et je pense qu’on est bien tombé parce qu’ on a fait pas mal d’interviews dans lesquelles certain gars nous posaient des questions sur le nom mais finissaient par en parler plus que nous, en expliquant ce qu’ils ressentaient et c’est assez génial.
En ce qui me concerne, j’ai pensé au groupe Porcelain qui a émergé il y a quatre ou cinq ans aux Etats-Unis et je me suis demandé si c’était une espèce de mot totem pour les groupes de noise ? Un mot que vous vous passiez entre groupe ? (Rires) Qu’il y avait peut-être quelque chose qui m’échappait complètement, un ésotérisme Intergroupes ?
Nicolas : Non c’était complètement dû au hasard. En plus ce groupe, Porcelain, a sorti un disque qui s’appelle Porcelain aussi. En tout cas, aucun rapport avec eux.
C’est votre quatrième album et le deuxième en duo. C’est quelque chose d’arrêté désormais ? C’est la formule qui vous convient le mieux ?
Sarah : Pour l’instant, ça nous convient. On ne va pas chercher à changer ça, mais on n’est pas fermé non plus à l’idée d’évoluer à nouveau. Disons que c’est la première fois qu’on fait deux albums à la suite avec la même formule et c’est plutôt satisfaisant comme sentiment. T’as l’impression d’avoir une vraie continuité dans l’expression de la musique. On n’a pas bougé en deux ans, donc on arrive à continuer à évoluer dans une seule direction. On n’est pas obligé de se réhabituer à un nouveau musicien. Jouer avec un bassiste manque quand même un peu à Nico. Donc c’est pour ça qu’on ne se ferme pas à l’idée, mais ça va être compliqué quand même d’intégrer une troisième personne maintenant. Il faudrait que ça se fasse très spontanément et naturellement, parce qu’on ne va pas chercher quelqu’un.
Nicolas : Non, on ne va pas du tout chercher parce que c’est compliqué. On est une famille donc on tourne avec notre fille de 14 ans qui vend les disques et le merch. On n’est pas spécialement des gros fêtards, on fait notre truc, on ne va pas se bourrer la gueule après les concerts, etc… on s’est bien trouvés. Pour intégrer une autre personne, faudrait vraiment que ce soit un ami mais pour l’instant, la vie ne nous a pas encore proposé cet ami-là. Si on devait prendre quelqu’un, je pense qu’on prendrait quelqu’un qui ne sait pas du tout jouer de musique mais qu’on aime beaucoup.
« Quand on s’est séparé du troisième batteur, j’ai déclaré à Sarah : « J’ai passé ma vie à me coltiner des batteurs… (…) soit tu joues de la batterie – elle n’avait jamais touché une batterie – mais tu vas en chier parce que je vais te faire bosser tous les jours pendant un an. Soit tu fais ça et on fait un disque, soit j’arrête tout. »

Ce serait compliqué.
Nicolas : C’est peut-être la petite, quand elle aura 16 ans, qui prendra la guitare ? Quand on s’est séparé du troisième batteur, j’ai déclaré à Sarah : « J’ai passé ma vie à me coltiner des batteurs… Je ne sais pas ce que ces gens ont, mais en tout cas avec moi ça colle pas, donc c’est pas compliqué, soit tu joues de la batterie – elle n’avait jamais touché une batterie – mais tu vas en chier parce que je vais te faire bosser tous les jours pendant un an. Soit tu fais ça et on fait un disque, soit j’arrête tout. » Je ne pouvais plus gérer les changements de musiciens, m’engueuler avec un gars etc. Je lui ai affirmé : « Maintenant on fait comme ça. Tu ne sais pas jouer, je m’en fous, on apprend à faire de la musique ensemble et on y va. Et si ça se passe bien, tant mieux. Si ça ne se passe pas bien, tant mieux aussi, ce n’est pas grave. » Je ne veux plus aller chercher des gens. C’est pour ça que si on prend quelqu’un, ça serait avant tout un ami très proche. Et accessoirement aussi, qui joue de la trompette ! (Rires)
Et l’option boîte à rythmes ne vous a jamais tentés ?
Sarah : On a essayé pendant deux heures et ça ne nous a même pas fait rigoler.
Nicolas : Ah non, c’est pas rigolo.
À la Big Black…
Sarah : On n’a pas su jouer de la boîte à rythmes correctement et donc on a vite abandonné. En deux heures, c’était plié.
Nicolas : Ouais, c’est pas pour nous. Mais on aurait sans doute réussi à faire quelque chose si on avait persévéré.
Sarah : Ça ne nous a pas du tout enthousiasmés. C’était peut-être plus simple, la boîte à rythmes, au lieu que j’apprenne à jouer de la batterie, c’était sûrement plus rapide, mais beaucoup moins rigolo au final.
Nicolas : Et au bout du compte, on a bien fait, parce qu’on s’en sort bien.
Personnellement, la formule duo, c’est vraiment celle que je préfère. Je trouve que c’est là où vos morceaux ont pris une dimension beaucoup plus intéressante. J’adorais vos deux premiers, il n’y a pas de soucis. Mais je les trouve moins originaux que depuis le précédent. Je trouve que vous avez vraiment une identité hyper forte, beaucoup plus marquée en tout cas depuis que vous jouez en duo.
Nicolas : Je pense que c’est parce qu’on est en famille. Inconsciemment, tu vas chercher les morceaux beaucoup plus loin. Tu te permets beaucoup plus de choses que si tu es à trois ou à quatre et qu’il faut tout discuter. Là, on est vraiment que deux. Sur l’album d’avant, on a fait une sorte de ballade (NdR : « La Ballade de Steve »). Je ne pense pas qu’on aurait pu la faire à trois. En tout cas, le fait de n’être que nous deux, et on se connaît, on est une famille, on est un couple, ça permet d’aller chercher plus loin. Pas mal de gens nous ont dit comme toi, qu’ils avaient adoré les premiers, mais qu’ils préféraient le troisième. Il y a ce photographe, comment il s’appelle ?
Sarah : Titouan Massé.
Nicolas : Ouais, on l’avait croisé au Point Ephémère, il nous avait dit la même chose que toi. « Franchement c’était cool avant, hein ! Mais je vous préfère à deux. »
On a beaucoup parlé du fait que vous étiez un groupe de noise un peu bruyant qui venait de La Réunion. C’est vrai que c’est singulier, mais maintenant que vous êtes en Lorraine, est-ce que vous avez pris votre carte de la Grande Triple Alliance Internationale de l’Est ?
Nicolas : Ha ha ! Non, on ne fait pas partie de ce truc-là, qui est d’ailleurs un peu vague.
C’est complètement nébuleux, vague. Ça n’existe pas vraiment, en réalité.
Nicolas : C’est un peu un truc fantôme.
Sarah : La première règle de la Triple Alliance, c’est qu’on ne parle pas de la Triple Alliance. (Rires)
Nicolas : On a joué avec pas mal de groupes, cela dit, et on a croisé beaucoup de gens qui sont un peu là-dedans Par exemple, on avait croisé Maria Violenza à la Réunion, qui est souvent du côté de Strasbourg et de Metz. On avait vu Mr Marcaille à la Réunion… Tu vois ce gars qui joue en slip avec ses deux grosses caisses. Le gars est adorable. Singe Blanc aussi était venu à La Réunion. On les a croisés mais on n’a pas notre carte.
Je verrais bien une affiche sous le fameux pont de Metz, avec Noir Boy Georges et Marietta, ça pourrait être sympa. Par ailleurs, est-ce que vous vous sentez les héritiers d’une certaine scène noise française, incarnée par Les Thugs, Prohibition, Sloy ?
Nicolas : On ne se sent pas spécialement les héritiers de cette scène française parce qu’on n’a pas trop écouté les groupes français à l’époque, à part Les Thugs dont j’étais très fan. Bizarrement, c’est maintenant que je m’intéresse davantage à ces groupes.
Et dans la scène actuelle, vous vous sentez des affinités avec certains groupes ?
Nicolas : Pas vraiment, même si on est assez intéressés par ce que fait un groupe comme Lysistrata avec qui on partage le même studio d’enregistrement. On apprécie leur façon de faire et leur humilité.
Maintenant que vous êtes installés en France métropolitaine, les concerts doivent être plus faciles à enchaîner ?
Nicolas : Oui, clairement on est venu pour ça, pour jouer plus. Après, il a fallu préparer l’album donc on n’a pas spécialement joué beaucoup. On a quand même fait des belles dates en Allemagne, par exemple, mais pas énormément. J’espère qu’avec les bonnes critiques, ça va arriver. On adore la scène. Le studio aussi, mais jouer en live c’est la vie.
Sarah : Ça te rend meilleur.
Nicolas : Oui, ça te rend cent fois meilleur en studio, tes disques sonnent mieux, et c’est pour ça qu’on fait de la musique, pour jouer live. Et donc aujourd’hui, on peut plus facilement accepter les concerts de dernière minute. Si on était encore à La Réunion, on n’aurait pas pu venir jouer à la soirée Exit Musik avec Ventura (NdR : le 13 novembre au Cirque Electrique !), par exemple. Là, quand Matthieu (NdR : Burel, le manager) m’a parlé de cette soirée Exit, on s’est dit : « OK, on prend la voiture, on va jouer et on revient dans la nuit. » Pour nous, c’est vraiment une belle soirée, parce que même si je n’ai pas beaucoup écouté ce groupe, quand je suis arrivé à la Réunion en 2010, toute l’île adorait Ventura !
Ah ouais ?
Nicolas : Oui, tout le monde me parlait de ça et de Peter Kernel.
C’est étonnant, mais c’est vrai aussi que Ventura, c’est un peu le groupe préféré de ton groupe préféré. J’ai croisé le batteur de Mia Vita Violenta il y a une dizaine de jours et il m’a confié que tout le groupe était super content de jouer en première partie de Ventura, que c’était un de leurs groupes préférés.
Nicolas : J’ai des potes à la Réunion qui voulaient faire l’aller-retour juste pour les voir en live. En ce qui me concerne, je sais que je vais m’en prendre une en live.
En plus, le dernier album est génial.
Nicolas : J’écoute pas beaucoup, j’ai surtout écouté à l’époque pour connaître. Mais je sais que je vais en prendre une bonne. Je sais qu’en live, ça va torpiller.
Oui, l’affiche est magnifique. Dernière question, j’aimerais évoquer la chanson « Derry, Maine » sur votre précédent disque (NdR : Think of It), qui évoque évidemment Stephen King et dont vous êtes fans. Il y a plein d’adaptations qui sortent tous les six mois. Une série sur la genèse de Pennywise, une adaptation de Marche ou Crève… si vous deviez faire la bande-son d‘un Stephen King, vous voudriez que ce soit l’adaptation de quel livre ?
Sarah : Moi, je voudrais bien faire tout.
Nicolas : Pour moi, ça fait trop ! (Rires)
Sarah : Non mais tout a déjà été fait plusieurs fois. Simetierre, Carrie, Ça… Je n’aime pas les réadaptations en plus. Mais si je ne devais en choisir qu’un, ce serait peut-être Sleeping Beauties.
Je ne le connais pas.
Sarah : En fait, c’est le premier que j’ai relu. Parce que Stephen King, je lisais ça quand j’étais ado. Quand il y a eu le Covid, on s’ennuyait beaucoup, donc quand j’ai réussi à acheter un bouquin, c’était Sleeping Beauties qui venait d’arriver à la Réunion et qui m’a fait replonger dans Stephen King. Donc on va dire que ce serait pour celui-là. Mais sinon on aurait pu faire une réadaptation du film qu’il a lui-même réalisé : le truc avec les camions.
Nicolas : Ah oui, c’est un sacré film de merde !
Sarah : Moi, j’adore ! C’est Maximum Overdrive.
Nicolas : Maximum overdrive ouais. C’est AC/DC qui fait la bande originale, en plus. Le film a été massacré par la critique. Essaye un jour, si tu veux rigoler, de regarder juste un quart d’heure. Les acteurs, c’est horrible.
Sarah : Les camions sont super !
Nicolas : Les tondeuses qui roulent toutes seules… Non, c’est très mauvais. Il fait de bons livres, mais il ne fait pas de bons films le Stephen King.
Je ne suis peut-être pas une bonne référence parce que j’ai beaucoup aimé les versions téléfilms de Ça et du Fléau du début des années 90.
Sarah : Les vieux sont chouettes, ouais. Meilleurs que les nouveaux.
L’adaptation de Rage avec Pamplemousse à la bande-son, ce serait fabuleux.
Nicolas : Si tu as un contact, n’hésite pas ! Tu auras ta part sur les bénéfices. (Rires)
C’est quelque chose qui vous brancherait de faire une bande-son ou changer de format ?
Sarah : Moi, j’aimerais bien.
Nicolas : On n’y a jamais pensé mais si un mec comme Stephen King nous le proposait, je crois qu’on trouverait ça super excitant.
Sarah : Moi j’aime bien l’idée de faire de la musique pour plein de trucs différents, je trouve ça marrant.
Nicolas : Elle n’a aucun doute, et moi j’en ai plein.
Sarah : J’ai des doutes qui sont placés ailleurs. Concernant la musique, j’y vais avec tout l’enthousiasme que je peux avoir et ça me fait vraiment vibrer. Donc quand j’en fais, j’ai pas de doute. Après, quand l’album sort, je me dis : « Mince, si ça se trouve, je vais être la seule à aimer. » On n’a pas les doutes au même moment et aux mêmes endroits.
Nicolas : Mais on avait essayé d’envoyer des petits messages pour la série Welcome to Derry parce que tu connais le nom du producteur.
Sarah : Oui, j’avais essayé de contacter un peu tout le monde pour mettre notre « Derry, Maine » dans la bande-son de la série, mais personne ne m’a jamais répondu.
Nicolas : C’est con parce que King a une vraie culture punk rock quand même. Dans tous ses trucs, il y a les Ramones, il parle tout le temps de musique.
Interview réalisée par Max, merci à Matthieu Burel
Si vous n’avez pas compris : Exit Musik for a night #6 se déroulera au Cirque Electrique (Paris) le 13 novembre avec Ventura, Pamplemousse et Mia Vita Violenta. EVENT FB / BILLETTERIE