Arhios – Miscible

Publié par le 10 mai 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Autoproduit, 24 mars 2023)

Au grand jeu des étiquettes, le trio rennais Arhios décidait de brouiller les pistes en revendiquant jouer un rock altrumental pour annoncer l’arrivée de Miscible, son premier album. Enregistré et mixé par un certain Amaury Sauvé (déjà aux manettes pour It It Anita sur… Sauvé, Birds in Row…), ce qui ne pouvait manquer d’aiguiser notre curiosité.

Bien nous en a pris, puisque les 8 titres de ce premier opus ménagent un beau lot de surprises. Pour éviter les poncifs, on se gardera donc d’utiliser des qualificatifs en quatre lettres pour désigner ces plages instrumentales. L’éventail est bien trop large pour se cantonner à cette paresse. Un titre comme « Bangor » est un voyage à lui tout seul. Un peu plus de sept minutes, d’un périple serein et mélodique, contemplatif en grande partie mais capable de gonfler les voiles et de filer (vite) vers le large sur la fin. Peut-être est-ce le printemps qui fait (enfin) son apparition, mais il se dégage une énergie solaire de tous ces titres, bien aidée par la production ample et lumineuse d’Amaury Sauvé. Qui n’est pas étranger également à l’incorporation de synthés et d’électronique (« Dune ») dans des compositions à tiroirs qui sortent du traditionnel carcan bipolaire du rock muet. La mélancolie n’est pas absente mais l’optimisme est de la partie. Pas d’apocalypse funeste en vue. En cela, le disque rejoint un The Earth is not a Cold Dead Place d’Explosions in the Sky. Plus solaire que crépusculaire. On a envie d’arpenter cette « Dune » en courant jusqu’à en perdre haleine, réconforté par un astre généreux. Même la « Tamise » n’est plus embrumée dans un fog poisseux, et on arpenterait presque ses quais en mode Londres Plage (on tient quelque chose, là), en combo bermuda-polo-espadrille, l’air guilleret, un cocktail à la main. Mais gare à la tempête qui peut surgir au détour d’un riff gavé de fuzz (« Bachibouzook » ou… « Reef »). La masse mouvante et colorée de l’élégant artwork peut se révèler ainsi une vague scélérate qui vous balaiera sans ménagement comme sur les six minutes tourmentées de « Bara » ou le superbe « Monoi » et ses discrètes incursions électroniques, qui ne sont pas sans rappeler la musique mouvante des regrettés grenoblois de RIEN.

Pour ne rien gâcher, Arhios livre un dernier titre parfait de huit minutes, « Daria », crescendo traversé de bourrasques orageuses, d’arpèges délicats, et de cette mélancolie de fin de vacances estivales, quand on regarde une dernière fois la mer. Avant de partir. Mais en se promettant d’y revenir.

Sonicdragao

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