Black Sabbath @ O2 Arena (Londres, UK), 29/01/17

Publié par le 31 janvier 2017 dans Live reports, Notre sélection

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Dimanche 29 janvier 2017, une page d’histoire s’est écrite sous mes yeux. Deux fois. J’ai vu deux légendes à l’oeuvre, peu de temps avant qu’elles tirent leurs révérence : celle du tennis et celle du métal. Roger Federer et Black Sabbath.

Deux immortels : 35 ans pour le premier (ce qui, en âge tennistique, signifie mort vivant), 47 ans d’activité pour les seconds (ce qui, en âge rock’n’roll, signifie souvent mort tout court). Et les uns comme les autres m’ont ébloui, à leur manière.

Pourtant tout avait très mal commencé. Dans le premier cas, le wifi de l’hôtel chiait dans la colle et je m’imaginais devoir suivre le match sur lequipe.fr en actualisant toutes les 14 secondes. Dans le second, la ligne de métro qu’on devait prendre était fermée (forcément..) ce qui nous a fait perdre un temps fou.  Puis il a fallu rejoindre l’entrée de l’immense 02 Arena, passer les portiques en mode aéroport et enfin pénétrer dans la salle… 3 morceaux après le début. Donc pas de “Black Sabbath”, de “Fairies Wear Boots”. Regrets éternels…

Fort heureusement, tout est ensuite rentré dans l’ordre. Roger alignait les points gagnants et Tony Iommi les riffs ultimes.

Même Ozzy aux cordes vocales forcément usées assure autant que Roger aux articulations forcément grinçantes. Rien n’y fait, papy Roger vole sur le court et mamie Ozzy crie comme à ses plus belles heures. Roger serre le poing, Ozzy nous fait taper des mains plus souvent qu’à son tour. Il aime ça le père Osbourne, c’est son côté vieux jeu. C’est sans doute pour ça que Suicidal Tendencies a sorti le morceau “Clap Like Ozzy” l’an passé.

Le son est bien lourd, compact, comme les frappes sourdes de Federer. Le maestro a enfilé sa tenue d’artiste et Master Of Reality est bien représenté avec trois titres (notamment la rugissante et monumentale “Into The Void”, préfigurant le stoner).

Puis vient un moment de grâce : “War Pigs”. Les solos de Iommi sont splendides : technique irréprochable, fluidité de tous les instants, comme une volée de revers amortie qui vient mourir juste derrière le filet. 6-1 troisième set. Merci messieurs. Mais il y a encore du chemin. Il va falloir continuer à faire le show.

Le cadre est superbe, la Rod Laver Arena, pleine comme un œuf, vibre à chaque instant. L’O2 Arena, immense salle qui parait sans fin du haut de notre 632e rang (environ), impressionne. Et le light show envoie du rêve. Grands écrans et flammes (oui ça reste du metal hein) de rigueur. Les images montrent Sabbath dans les 70s, pétant le feu. Étrange aller retour dans le temps pour nous spectateurs. Comme pour nous montrer qu’ils ne sont pas ridicules, près de 50 ans après exécutant à la perfection des morceaux qui ont marqué les esprits, inspiré des groupes sur plusieurs générations. Roger, lui, 13 ans plus tôt, glanait son premier grand chelem. Et devant eux, des milliers de gosses se sont dit que leur destin était d’empoigner une guitare, ou une raquette.

L’enchaînement service-volée “Behind The Wall Of Sleep”/”N.I.B.” est impeccable. Geezer Butler balance le groove monstrueux de l’intro de cette dernière, toutes wah wah et distos dehors. Les riffs gémissants de Tommy sont ponctués par les “Oh yeah” d’Ozzy alors que Roger hurle “Come on !” en se procurant une (énième) balle de break.

Plein les mirettes, plein les oreilles, plein les quenottes !

C’est ensuite au tour de Tommy Clufetos, le nouveau venu, de faire son show, le Nadal du groupe voulant piquer la vedette aux légendes (les vraies !). Le salopard envoie un magistral solo de batterie de 10 minutes, même pas chiant, tandis qu’au dessus de lui, son aîné Bill Ward faisait de même un demi siècle plus tôt ! A l’image d’un Nadal qui balance des parpaings long de ligne, avec une ténacité et un fighting spirit sans égal aujourd’hui, comme Borg avant lui. On s’inquiète alors, ces talentueux garnements peuvent-ils s’accaparer la gloire au nez et à la barbe de leurs mythiques aînés ? On ne va pas tarder à le savoir.
Le rappel/5e set commence. “I am Iron Man” crie Nadal, à moins que ce ne soit Ozzy. La déferlante s’abat sur les spectateurs, les coups pleuvent, le public est extatique, puis en délire. Les portables sont de sortie pour immortaliser le(s) mythe(s) déroulant leur partition devant des yeux ébahis. Les ballons s’envolent, envahissant la fosse, c’est beau comme un show de Muse, mais avec de la bonne musique.
On s’apprête à virer parano, à se dire que tout est écrit d’avance, que Federer va encore se retrouver dans les cordes. Mais il sort une carte de sa botte secrète. Il appelle Tommy Iommi qui balance le riff de “Paranoid”. Retour gagnant. Et puis ça déroule, tout le monde est debout, crie sa joie, l’affaire est dans le sac ou presque, un dernier frisson et puis s’en va.
Jeu, set et match Black Sabbath. Les légendes ne meurent jamais.
JL
Setlist : Black Sabbath – Fairies Wear Boots – Under The Sun/Every Day Comes And Goes – After Forever – Into The Void – Snowblind – War Pigs – Behind The Wall Of Sleep – N.I.B. – Rat Salad – Iron Man – Dirty Women – Children Of The Grave.
Rappel : Paranoid.

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