Dax Riggs – 7 Songs for Spiders

Posted by on 28 février 2025 in Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Bright Shadow, 24 janvier 2025)

Ce petit malin de Julien Savès (mais si, vous savez, LE Julien Savès) commence à me connaître un peu et quand il me glisse sournoisement « t’as écouté le Dax Riggs ? Il y a quelques morceaux qui devraient te plaire », il sait pertinemment qu’il fera mouche. Et ce ne sont pas seulement quelques morceaux qui m’ont plu mais bien les sept qui composent 7 Songs For Spiders, à l’évidence pas destinés uniquement aux araignées.

Il y a une logique implacable au fait que je tombe dans le panneau : des réminiscences grunge, sludge, parfois plus blues voire stoner, une voix très charismatique qui peut rappeler franchement Mark Lanegan, quand ce n’est pas Chris Cornell (troublé je suis sur « Blues For You Know Who » et « Ain’t That Darkness »). Bref, j’avais le profil parfait et évidemment je me suis engouffré yeux fermés et gueule ouverte. Seulement si c’était calibré pour les gogos qui n’y connaissent rien et à qui il suffit de mettre un peu de poudre aux yeux et de sucrerie dans les oreilles, je me serais abstenu, vous vous doutez bien (vous en doutez réellement ? Damn…). Non, il me semble que ce disque – sans être d’une originalité folle ou d’une richesse incroyable – est rudement bien ficelé et d’une efficacité à toute épreuve. Il fait du bien, clairement. On sait pourquoi on vient et on repart extrêmement satisfaits. Ceci dit, il s’agirait de ne pas vous prendre totalement pour des bleus, de vous faire croire que Dax Riggs est né de la dernière pluie (et Dieu sait qu’à Seattle il en tombe. Ok, il est de Louisiane mais si je n’avais rien dit, vous y auriez cru), qu’il avait déjà fait parler de lui parmi un cercle d’initiés pas si restreint (dont je ne faisais vraisemblablement pas partie) grâce à Acid Bath (pour grunge/sludge, AIC/Fudge Tunnel lovers)* et même en solo puisqu’il s’agit là de son quatrième album, lequel fait figure d’événement après quinze ans de silence.

Ce qui était absent d’Acid Bath, où le chant clair se faisait rare, c’est cette ambiance southern gothic, que l’on retrouve régulièrement ici, la gueule dans le brouillard, les pieds engoncés dans les marécages.

De la poisse qui colle aux basques, de la mélancolie qui ne vous lâche pas. Un chant assez lointain, nimbé de reverb, comme une présence fantomatique, des riffs épais et enveloppants, bourdonnants façon drones qui auraient oublié d’être chiants.

Parfois, un synthé se charge de planter le décor lugubre et on passe le bonjour à Tim Burton (« Sunshine Felt The Darkness Smile » qui charrie une mélancolie terrible et où à chaque pas, on s’empêtre davantage dans les toiles d’araignées. Meilleur morceau ? Probable). À d’autres reprises, cela sonne plus calibré, comme ce « Even the Stars Fall » qui pourrait truster bien des playlists. 

Tout du long (mais assez court malheureusement), ce quatrième solo se révèle inattaquable et la seule inconnue qui l’accompagne est de savoir si on lui courra après pendant des lustres. Peut-être pas car il évoque bon nombre de disques similaires qui, eux, ont franchi l’épreuve du temps et seront écoutés pendant des millénaires si tant est que l’humain survive à sa propre folie. Mais à l’instant T, on peut déjà se réjouir de son existence et souligner qu’il surclasse bon nombre de sorties de ce début d’année.

Jonathan Lopez

*Et qui nous fait le coup du reunion tour ! Grosse teuf de sludgeurs à prévoir.

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