Bob Mould – Here We Go Crazy

Posted by on 30 avril 2025 in Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(BMG, 7 mars 2025)

J’ai une immense admiration pour Bob Mould. Ne serait-ce que pour son rôle dans la genèse de ce chef-d’œuvre absolu et inspirant qu’est Zen Arcade, le fabuleux double-album de Hüsker Dü. Sans lui, il est évident que les Pixies, Nirvana et tout un tas d’autres groupes majeurs n’auraient probablement pas sonné pareil. Maintenant que j’ai fait ma déclaration d’intérêts et enfoncé une porte ouverte, je peux commencer à vous parler en toute objectivité de Here We Go Crazy, dernier album en date d’une imposante carrière solo qui en compte désormais quinze.

Ce qui me frappe en premier, c’est sa fidélité à la section rythmique qui l’accompagne en studio et souvent en concert depuis une dizaine d’années. Le power trio est clairement sa formule de prédilection, on l’a bien vu avec Hüsker Dü et Sugar. Mais désormais, il aura passé plus de temps et enregistré plus d’albums avec la doublette de Superchunk qu’avec celle de Hüsker Dü. Il faut dire que ça fonctionne : le jeu de batterie virevoltant de Jon Wurster dynamise des morceaux déjà gorgés d’énergie brute. Le revers de la médaille, c’est qu’on a un peu l’impression qu’il sort le même album depuis 2012. Certes, il avait agrémenté les deux précédents, Sunshine Rock et Blue Hearts, d’arrangements de cordes somptueux qui mettaient encore un peu plus en valeur ses talents de compositeur et d’arrangeur. Mais il faut reconnaître que ce Here We Go Crazy n’apporte pas grand-chose aux cinq précédents.

À la limite, peu importe : le son est jouissif, les chansons sont de qualité et arrangées avec soin malgré la rage qu’elles expriment. Cette rage est perceptible jusque dans la pause acoustique que représente « Lost Or Stolen ». Bob me pardonnera cette comparaison, mais ses chansons ont souvent un faux air de R.E.M. punk : derrière le gros son, leur amour commun pour les harmonies vocales et le folk-rock ouvragé façon Byrds a laissé sa marque. « When Your Heart is Broken » est un bel exemple de cette proximité, notamment dans son solo. La sautillante « Fur Mink Augurs » en est un autre.

Je vous propose d’ailleurs une expérience amusante que je viens de tester : insérez dans une playlist Bob Mould l’étonnante reprise musclée du lancinant « Low » de R.E.M. par Jawbox. Hormis le son et la voix, ça colle plutôt pas mal. Bref, Bob Mould a trouvé une formule qui marche, et c’est tant mieux pour nos oreilles.

Myfriendgoo

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