Interview – Fuzati & Orgasmic

Publié par le 5 juillet 2014 dans Interviews, Toutes les interviews

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À l’occasion de leur concert du 27 Juin 2014, Orgasmic et Fuzati ont accepté de recevoir Exitmusik pour une séance d’interview. Après m’être égaré dans le complexe dédalesque de la Gaîté Lyrique, j’ai pu m’entretenir avec les deux artistes juste avant qu’ils fassent les balances. À peine le temps de nous asseoir et c’est parti.

 

Fuzati : Alors, pourquoi le masque ? (rires)

J’ai une question un peu comme ça, en plus.

Fuzati : Tu ne vas pas la poser ?

 

Non, ce n’est pas celle-ci, mais c’est vraiment s’il reste du temps.

Fuzati : Alors on verra ça tout à l’heure.

 

La première question, on a dû vous la faire à chaque fois aussi. Il y a dix ans, le Klub des Loosers c’était vous deux…

Fuzati : Quinze.

 

Quinze ans, ça a commencé, mais sur les pochettes d’album, il y a dix ans, il y avait encore le nom d’Orgasmic. De temps en temps.

Fuzati : 2000 euh…non, 2004…

Orgasmic : Sur le premier album, oui, parce qu’il y avait « Baise les gens », mais euh…

 

C’est peut-être pour ça. Bon, alors je recommence. Il y a 15 ans, le Klub des Loosers c’était vous deux, aujourd’hui que vous retravaillez ensemble, ce n’est pas le Klub des Loosers. Pourquoi ?

Orgasmic : Parce que le projet Klub des Loosers a évolué de son côté, et moi j’ai évolué de mon côté, donc maintenant c’est…Enfin, depuis quasi le début, c’est deux entités bien distinctes qui là se rejoignent pour un side project.

Fuzati : En fait, on était potes avant de commencer à faire de la musique, et quand on a commencé à faire de la musique, on s’est rendu compte assez vite qu’on était dans des délires musicaux assez différents et que si on continuait ensemble, on serait frustrés tout le temps tous les deux, tu vois. Il était beaucoup plus dans la musique électronique, moi plus dans le jazz. Tu vois, ça se dessinait déjà, on était super jeunes. Et donc, du coup, c’est pour ça qu’on a arrêté de bosser ensemble. Et là, quand on se retrouve, c’est pas Klub des Loosers. Klub des Loosers, c’est quand c’est moi qui fait les textes et la musique. Donc c’est Fuzati et Orgasmic.

 

D’accord. Du coup, il y a bien une différence de démarche.

Fuzati : Complètement, ouais.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à retravailler ensemble ? Je pense qu’on vous l’a posé plein de fois aussi, vous pouvez faire court si ça vous soule de raconter toujours la même histoire.

Orgasmic : Parce qu’on aime ce que fait l’autre, donc voilà.

Fuzati : C’est ludique, en fait.

Orgasmic : C’est aussi pour ça que ça n’a pas du tout été un problème de concevoir cet album, en fait. Et ça s’est fait très facilement.

 

En fait, quand vous vous êtes séparés au début du Klub des Loosers, ça s’est fait de manière assez naturelle.

Orgasmic : Aussi.

Fuzati : Bah ouais, parce qu’il était déjà super DJ pour TTC, tu vois. Ca l’occupait déjà pas mal, TTC, donc, nan, y a pas eu de…Tu sais, les gens, je crois qu’ils aiment bien quand il y a des clash, des embrouilles. C’est comme là, tu vois, avec Detect on va plus trop bosser ensemble, mais y a aucun souci. C’est de l’artistique. C’est comme dans le monde du travail, des fois tu bosses avec des collègues et puis ils s’en vont et t’as d’autres collègues. C’est ça, c’est de la musique, tu vois. Si demain, je dois faire appel à un bassiste…Enfin, les gens ont toujours l’impression qu’on doit être super copains, ou je sais pas quoi. Ce qui est important, c’est ce qui se passe sur le disque. Tout le reste, on s’en fout.

Orgasmic : Ouais, c’est ça. Et puis, comme en plus on n’a pas eu l’occasion de tourner longtemps ensemble, de faire des mois de tournée, c’est ça souvent qui ternit les rapports dans les groupes. Tu sais, quand tu es 24 heures sur 24 les uns sur les autres et que, justement, y a plus vraiment cet oxygène.

 

Donc, en fait, ne pas être un groupe ensemble, c’est aussi ce qui vous permet de rester potes, quelque part ?

Ensemble : Nan, nan, ça n’a rien à voir.

Fuzati : Nan, parce que je suis toujours pote avec Detect.

Orgasmic : Nan, ça n’a rien à voir, c’est pas ce que je voulais dire. Nan, je te dis juste que souvent, ce qui fait que les groupes en viennent à se séparer, c’est ça. Je dis juste ça.

Fuzati : Mais en l’occurrence, avec Detect, c’est même pas ça. C’est simplement qu’il est de moins en moins dans les scratch et même de moins en moins dans la musique. Il est plus à faire des courts-métrages ou des choses comme ça. Mais voilà, on a tourné ensemble 10 ans.

 

Et vous ne vous êtes pas embrouillés.  Comme quoi.

Fuzati : Nan nan, y a aucune embrouille avec lui. C’est de la musique, quoi, on est là pour faire des disques.

 

Comment vous avez appréhendé le travail ensemble sachant que vous avez maintenant chacun une carrière de votre côté ? Est-ce que ça s’est fait de manière naturelle ?

Fuzati : Exactement pour ça, ouais. Hyper ludique. Tu vois, c’est une manière pour chacun de sortir des sentiers battus, en fait.

 

Et donc, c’est plus une collaboration entre amis, ou une collaboration professionnelle ?

Orgasmic : C’est ça.

Fuzati : Les deux, en fait. Non, mais de toutes façons, l’amitié ne doit jamais prendre le pas sur l’artistique. S’il me balance un beat pourri, je ne vais pas lui dire « en fait, j’aime bien ». Donc nan, au final, il faut faire un truc qui nous plaise à tous les deux.

 

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Grand Siècle est-il un projet en marge de vos activités ou une collaboration que vous aimeriez renouveler régulièrement ?

Orgasmic : Pas régulièrement. Si à un moment, on a des choses à s’apporter l’un l’autre, ouais.

Fuzati : C’est exactement ça. Tu sais, c’est comme dans le jazz. Tous les jazzmen, ils ont toujours fait des albums ensemble, untel bossait avec untel et parfois ça faisait un quartet, un quintet, un truc…Voilà, et on se posait pas la question. De la même manière, j’ai fait Klub des 7, j’avais fait l’Atelier, aussi. C’est juste, à un moment on se réunit à un instant T et ça donne de la musique. Et là, ça a été ça, on avait tous les deux cinq ou six mois de battement dans nos différents projets, on s’est dit « viens, on fait un disque ». Et peut-être que dans trois ou quatre ans, on en sera à un autre point de nos carrières et voilà, ça donnera…

Orgasmic : Et ça vaudra peut-être le coup de…

 

Vous aurez de nouveau envie de refaire quelque chose ensemble.

Ensemble : Voilà, c’est ça.

 

Pour parler un peu plus du disque en lui-même, je me souviens d’un projet qui s’appelait Les Spectres du Bitume (Fuzati rit), qui était un délire pour critiquer un peu le gangsta rap…

Fuzati : Non, c’était pas pour ça, en fait. C’est qu’à l’époque, on nous collait tous l’étiquette de « décalés », et on nous critiquait toujours, comme si nous on ne savait pas rapper de manière normale ou traditionnelle. On s’est juste amusé à faire un disque de rap traditionnel, tu vois, pour montrer qu’on savait le faire. C’est tout.

 

Ok, donc ma question concernait « Chaîne en Or » qui est sur Grand Siècle, pour savoir si c’était un petit peu la même démarche. Visiblement, non, mais comme j’y avais vu une critique du rap…

Fuzati : Nan, mais c’est pas forcément d’être dans la critique du rap, c’est simplement de s’amuser avec les codes du rap. Tu vois, on écoute du rap depuis suffisamment longtemps pour pouvoir s’amuser avec les codes. Mais pour autant, ce n’est pas un morceau blague non plus, en fait. C’est simplement de montrer, tu vois, il y a toujours ce truc de battle dans le rap, et de montrer que finalement, c’est sans fin. Ce truc de qui a la plus grosse. C’est fait de manière marrante, mais ce n’est pas pour ça que c’est un morceau blague.

 

En interview, tu disais que tu voulais éviter les références trop marquées sur l’époque pour que les textes restent actuels. Pourtant, sur Grand Siècle, on relève pas mal de références à la culture des années 80-90, qui parleront plutôt aux trentenaires, peut-être moins aux plus jeunes.

Fuzati : Ouais, mais nan, parce qu’en fait comme aujourd’hui, les jeunes qui ont vingt ans se branlent sur le rap des années 90, ça refait une boucle. Et puis, justement, je ne voulais pas faire de références à aujourd’hui, mais c’est quand même des trucs qui ont traversé le temps. C’est-à-dire qu’il y a encore des gens qui regardent Ma Sorcière Bien Aimée ou La Petite Maison Dans La Prairie, donc ça fait maintenant partie de la culture.

 

Je me posais la question de savoir si beaucoup de jeunes avaient vu les Goonies.

Fuzati : Mais Grave. Ou Retour Vers le Futur, tu vois, ils sont tous à en parler, et tout ça. Donc c’est des trucs qui ont traversé les époques. Et puis, c’était aussi de me dire que, quand on a arrêté de bosser ensemble, c’était au début des années 2000, et je me mettais dans la position d’écrire comme si on était au début des années 2000. J’aurais parlé de ces trucs-là.

 

Donc, c’était presque l’album que vous auriez fait si vous ne vous étiez pas séparés ?

Fuzati : Oui, mais en même temps en 2014 aussi, tu vois. Mais il y a aucun moment où on s’est dit que c’était une manière de faire ce truc…

 

J’ai eu l’impression que les paroles de Grand Siècle étaient dans le registre de la critique sociale.

Fuzati : Mais ça toujours, dans le Klub des Loosers.

 

Oui, mais sur les autres j’avais l’impression que c’était quelque chose de très personnel sur des sujets qui te tenaient à cœur ; La digestion de la période de l’enfance pour le premier, le second sur la non-parentalité. Sur celui-ci, j’ai l’impression qu’il y a une vision peut-être un peu plus sociale.

Fuzati : C’est vrai. Oui, complètement, mais c’est parce que ça rejoint les discussions qu’on a eu ensemble. Parce qu’avant de faire de la musique, on allait boire des bières et on discutait, tu vois. Et puis, on vieillit aussi et il y a des choses… Tu vois, sans tomber dans le rap conscient, parce que dans ce cas-là, faut écrire un bouquin. Mais c’est essayer de les amener par petites touches. Un morceau comme « Le Fluide », oui, c’est vrai que ça te parle du monde de pognon, et tout, mais c’est pas un truc que tu peux ignorer. Quand tu dépasses un certain âge, tu vois qu’il y a plein de gens qui galèrent même s’ils ont fait des études, que personne ne peut se payer un appart,… Même la musique. Tu vois, je parle aussi de l’industrie du disque, parce que c’est… « Les disques d’or ne font plus d’argent », c’est vrai. Non, mais t’en viens à ce truc-là. Maintenant, quand quelqu’un vend vingt mille ou trente mille, tout le monde est là « c’est super ». Ca ne rembourse même pas l’investissement qu’il a fallu. C’est bien d’en parler aussi, mais de le faire de manière légère, tu vois. Sans tomber dans la leçon de morale.

 

Pour en revenir à la manière dont vous travaillez ensemble, c’est plutôt la musique qui vient d’abord, ou les idées de textes, ou est-ce que vous discuter ensemble et au bout d’un moment ça donne un truc ?

Orgasmic : Nan, c’est plutôt la première option. C’est plutôt des beats que je vais passer, en fait, et il a fait deux sessions, il a tout enregistré.

 

Vous ne mêlez pas forcément l’écriture des textes et de la musique ?

Orgasmic : Non. Non, pas en studio, moi aux machines ou euh…Enfin, peut-être toi chez toi, j’en sais rien ? Qand tu faisais les titres que t’as produit ?

Fuzati : Non, non, moi je sépare toujours aussi.

Mais c’est vrai que, pour le coup, comme avec Klub des Loosers je suis aussi mon propre producteur, là, l’idée c’était vraiment de lui donner carte blanche. Je lui ai mis pratiquement pas de contraintes, tu vois, et l’idée, c’était plus de s’adapter à ses instrus. Y a plein d’instrus, j’aurais jamais pensé que j’aurais posé sur ce genre de sons. C’est très loin de l’univers Klub des Loosers. Mais c’est l’intérêt de ce disque. Même les instrus que j’ai produit sur l’album, j’ai fait en sorte de m’adapter à son style.

 

Moi, j’ai eu l’impression que c’est Orgasmic qui avait tout fait, du coup.

Fuzati : C’est que ça a marché, alors.

Orgasmic : Ouais, exactement !

Fuzati : Même qu’il y a des gens qui ont pensé que, par exemple, « La Violence » ou des morceaux comme « Corbillards », c’était moi qui les avais produits parce que c’est plus mon truc, alors que c’est lui qui les a faits. C’est marrant de brouiller les pistes comme ça.

 

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Le pseudonyme Fuzati vient de Dino Buzzati. Quinze ans après, la référence est-elle toujours d’actualité ? Irais-tu toujours vers cet auteur si tu choisissais ton pseudo aujourd’hui ?

Fuzati : Je ne sais pas, je ne me pose même plus la question. Enfin, non, je n’ai pas arrêté de lire Buzzati. C’est un auteur que j’apprécie toujours.

 

C’est juste que des fois, il y a des bouquins qui te marquent à une période, et après…

Fuzati : Ah non, mais non, Buzzati, c’est bien, quoi. C’est pas…Il y a des trucs, genre Boris Vian, c’est cool quand tu as quinze ans, et quand tu relis ça dix ans après, tu te dis que ça a quand même un peu…Enfin, que c’est bien, mais que c’est quand même un peu, facile, quoi. Mais non, pas Buzzati.

 

Sur les précédents albums, tu parlais souvent de suicide pour conclure, sur celui-ci, à la fin, tu parles de prendre ta retraite du rap. Est-ce que ce serait un peu la fin heureuse de Fuzati ?

Fuzati : La « fin joyeuse » comme au salon de massage ? (rires) Nan, en fait…Si, je pense que c’est mon dernier album de rap. Déjà, d’habitude, je ne parle pas trop du rap. Là, sur cet album, si. Tu vois, c’est un peu l’exercice parce que c’est un vrai album de rap. Mon prochain album, déjà, il y aura zéro sample. Enfin, sur celui-là, il n’y a pas de sample non plus, mais c’est vraiment un album de rap. Et le prochain, ce sera différent, et je ne veux plus rien avoir à faire avec le rap.

 

Donc, c’est un moyen de dire un peu adieu ?

Fuzati : Ouais, un peu, d’une certaine manière. Après tu sais jamais, peut-être que j’y reviendrai, et tout, mais… De toute façon, au final, tout ça c’est des étiquettes. Ce qu’on appelle rap, aujourd’hui, ça se rapproche d’autres trucs, enfin, c’est de la musique électronique. Finalement, on se rend compte, enfin je me rends compte, que le milieu du rap en France n’a jamais voulu de Klub des Loosers, ou de Klub des 7, ou des trucs comme ça. Une radio comme Générations ne nous a jamais joués. Là, c’est le festival Hip Hop (NdA : Paris Hip Hop Festival), les mecs sortent une compil, ils ne nous mettent même pas dessus. Non, mais tu vois. Ils ne nous ont même pas mis en avant, dans leur putain de festival, alors que…Donc, à un moment, qu’ils aillent se faire enc (sic), enfin, je pense que ça va, quoi. C’est même pas que j’ai cherché à faire partie du truc. Mais TTC, c’est pareil, hein. Ils ont jamais été joués sur Générations. À un moment, y en a marre de passer pour les mecs bizarres. Alors qu’au final, nous, on a jamais vendu notre cul, on a toujours fait notre truc, on est toujours restés à sortir des disques.

 

Justement, sur cette étiquette de « rap alternatif ». J’ai cru comprendre que vous n’aimiez pas trop les étiquettes, mais…

Fuzati : Non, sauf s’il y a marqué Ralph Lauren. (rires)

 

Enfin, je remarque qu’il y a beaucoup de personnes qui disaient ne pas aimer le rap et qui s’y sont mis par Klub des Loosers, TTC, Svinkels,…Finalement, avez-vous conscience d’avoir fait partie d’un mouvement qui a sûrement aidé à raccrocher des gens qui n’étaient pas dans le rap au départ ?

Fuzati : Bien sûr, ouais.

Orgasmic : Après, je sais pas si ça les a vraiment rapprochés du rap (rires), ça les a rapprochés de nous. Mais je ne sais pas si ça les a fait écouter du rap, après. Moi, sincèrement, j’en connais pas beaucoup, des gens qui sont venus au rap par nous et qui après, genre, ont découvert cette magnifique musique. Je pense que si t’aimais pas le rap avant, c’est que…il y a un problème ! Soit t’es raciste, soit… tu vois ce que je veux dire ? Comment tu peux ne pas aimer une musique si populaire que ça ?

Fuzati : Surtout que rap, ça veut tout et rien dire. Y a tellement de styles, en fait, que ça ne veut rien dire.

Orgasmic : Je trouve ça un petit peu bizarre, pour moi. Moi, ça ne me plait pas que les gens soient venus au rap par nous, tu vois. Enfin, sincèrement, parce que moi j’y suis pas venu par les Beastie Boys parce qu’ils étaient blancs et que j’avais le droit d’écouter. Ca, ç’aurait été raciste, pour moi.

 

Je ne pense pas que ce soit une question de couleur, mais peut-être de milieu social.

Orgasmic : Ouais, mais c’est un peu ça que t’es en train de dire, quand même. Mouais, de milieu social, si tu veux, mais c’est pareil. On s’en bat les couilles. Tu comprends ce que je veux dire.

Fuzati : Nous, on écoutait d’autres trucs, on s’est jamais posé la question.

Orgasmic : Moi, j’ai jamais écouté les trucs que  « j’avais le droit d’écouter » parce que j’habitais à Versailles.

Fuzati : Donc nan, et puis on se pose pas ces questions, en fait, on sort des disques et puis après, voilà. Moi, ça me fait chier si un mec me dit « j’aime pas le rap, mais j’aime bien Klub des Loosers ».

 

Pourtant, vous avez dû l’entendre souvent.

Fuzati : Je sais pas, je crois que pas trop. Mais c’est complètement débile, parce que c’est super hip hop, donc y a plein de trucs que tu peux aimer dans le même style. C’est ça, que j’aime pas, je vois pas, finalement, ce qu’on a de si différent, tu vois. Si t’es un petit peu ouvert et tout, y a un moment où faut arrêter aussi, tu vois. On n’est pas en train de dire qu’on égorge des poulets. Non, mais tu vois, c’est pas non plus…C’est ça qui me casse parfois les couilles sur le côté décalé, parce que y a plein d’autres mecs qui font des trucs, finalement on leur a ouvert la porte, qui font le même genre de trucs et eux c’est ok. Et nous, c’est toujours cet espèce de ghetto, tu vois, c’est bizarre. Grand Siècle, c’est un album hip hop, il est pas moins hip hop que plein d’autres trucs. Il y a rien de décalé ou de bizarre. Même au niveau du flow, c’est un album hip hop.

 

Désolé, mais ça me paraissait important d’aborder le sujet.

Fuzati : Nan, nan, pas de problème, mais c’est chiant de toujours devoir se justifier, alors que ça va. Une dernière question ?

 

Qu’est-ce qu’on te pose le plus souvent, comme question, c’est le masque ou Versailles ?

Fuzati : (souffle) À égalité avec le truc de rap décalé, là.

 

Bon, ben désolé de finir avec les questions reloues.

Orgasmic : Non, mais il fallait bien que ça arrive à un moment.

Fuzati : Après, ce qui serait cool, tu vois, vu que ça fait quinze ans, c’est qu’à un moment, les gens dépassent ce truc-là. Tu vois, Versailles, j’y vis plus depuis super longtemps. Le côté rap décalé, je sais pas quoi…

 

Bah, je vous le souhaite, en tout cas.

Fuzati : Bah… (rires) C’est pas gagné !
Alors qu’ils partent pour les balances, j’en profite pour faire mon fanboy et demander à Fuzati de me signer quelques vinyles. En voyant le sac, il s’exclame “Tu vas dans ce magasin de voleur, Monster Melodies ? Ils sont chers, ils sont super chers, c’est des voleurs”. Quand je lui répond qu’ils se basent sur le fait de vendre des disques de collection, il me rétorque “Quand ils te vendent des disques à 25 balles au lieu de 15, c’est pas de la collection, c’est du vol !” Distrait par cet échange, j’en oublie de faire les photos. J’en ferai quelques-unes (de mauvaise qualité) pendant le concert.

Le concert du soir sera très bon, vraiment humain. On sent le pied que prennent les deux artistes à rejouer ensemble, à proposer leurs nouveaux morceaux (Tout Grand Siècle sera joué, sauf “Chaîne en or”) et à revisiter les anciens (“La Ville en Juin”, “Ça va s’arranger”, “Poussière d’enfants”, mais aussi quelques morceaux de Vive La Vie et La Fin De L’espèce). Si la maitrise du set n’est pas encore parfaite, Fuzati compense par un plaisir visible et communicatif.  La setlist se présente comme une anthologie du parcours du MC, ce qui a de quoi contenter tout le monde, malgré l’absence justifiée de morceaux du Klub des 7. On a même le droit à l’invité surprise Bertrand Burgalat. Une gourgandine se fait exclure pour consommation de produits illicites. Dommage pour elle, et pas très sympa de la part de la sécurité, car l’ambiance est bonne. Je n’ai malheureusement pas pu rester pour le DJ set qui était proposé pour conclure la soirée.

 

Entretien réalisé par BCG

Merci à Agnès pour l’organisation et à Fuzati et Orgasmic qui ont accepté de nous recevoir.

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