Dälek – Endangered Philosophies

Publié par le 13 septembre 2017 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Ipecac, 2017)

“Bonjour, mon garçon. Installez-vous et dites-moi ce qui vous amène.”

“Et bien voilà, je ne suis pas comme les autres garçons de mon âge.”
“Vous pouvez préciser ?”
“Les autres garçons aiment le foot, les filles et les jeux vidéos. Moi j’aime les films d’horreur, les animaux morts, le feu…”
“Oh là là, mais enfin mon petit Dälek vous n’avez que 10 ans, l’âge de l’insouciance. Qu’est ce qui vous attire dans tout ça ?”
“J’ai une fascination pour les ténèbres.”
“Ah oui quand même. Bon. On va procéder à un jeu très simple. Je vous pose des questions courtes et vous me répondez ce qui vous vient à l’esprit. Votre couleur préférée ?”
“J’en aime deux !”
“Ah super, vous voyez ! Lesquelles ?”
“Le noir et la couleur de la rouille.”
“Hum. C’est très bien (sourire gêné). Votre animal préféré ?”
“La mouche tsé tsé”
(Embarrassé) “D’accord, d’accord. Je vais maintenant vous faire écouter des sons très courts et vous me dites ce qu’ils vous inspirent.”
(Un oiseau qui chante)
“L’ennui.”
(Un ruisseau qui coule)
“La tristesse.”
“Avec des oreilles aussi insensibles, j’espère que vous ne projetez pas de devenir musicien ! HAHA”. Docteur Dickhead part dans un fou rire aussi bruyant qu’incontrôlable.
“Je veux devenir rappeur.”
“…..”
Après une longue hésitation mêlée de désarroi, le Dr Dickhead reprend la parole
“J’avoue que je ne vois pas trop comment m’y prendre avec vous. Vous avez au moins une chance, vous êtes américain ! Raccrochez-vous à ça ! Vous êtes fier de votre pays ?”
“Je conchie la politique étrangère des Etats-Unis et je considère le second amendement de la constitution comme une hérésie”.

“Sortez de ce bureau.”

Dälek ne revit plus jamais le Dr Dickhead mais il se porte aujourd’hui à merveille. Il vient de sortir un nouveau disque, Endangered Philosophies, plus consistant encore que le précédent un rien frustrant, sans jamais rien céder à ses principes. Ses textes rageurs faisant remarquablement corps avec de fascinants échafaudages sonores soigneusement élaborés (les percutantes “Echoes Of…” ou “The Son Of Immigrants”, “A Collective Cancelled Thought” et ses 5 premières minutes instrumentales, “Battlecries” et son spleen écrasant). Le tout distille un sentiment étouffant palpable qui pourrait être malaisant pour l’auditeur non averti mais se révèle au contraire jubilatoire pour celui qui l’est.

Dälek demeure incompris mais il n’en a cure (“a few understand what i’m talking about, whatever” clame-t-il sur “Few Understand”). Nous non plus, on se réjouit même qu’il poursuive cette route que peu d’artistes osent emprunter.

JL

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