Fuzz – Fuzz (In The Red)

Publié par le 6 octobre 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

130709-fuzz-coverTiens un album de Ty Segall ça faisait longtemps… Moins de deux mois après son excellent solo apaisé Sleeper, Ty revient avec un (énième) nouveau projet en s’entourant de fidèles : Roland Cosio à la basse et Charles Moothart à la gratte. Au vu du talent de ce dernier, pas bégueule Segall a cédé sa place à la six-cordes pour officier au chant… et à la batterie !

Certains albums nécessitent du temps pour être appréhendés et appréciés comme ils se doivent, celui-ci a le mérite de nous piétiner la face dès la première écoute. Un album tonitruant qui fait parler la poudre.

Le morceau “Earthen Gate” nous emmène d’abord sur une fausse piste avec une (très belle) intro bluesy tout en retenue avant de mettre les gaz. Et quand ça décolle, mieux vaut dégager la piste car il n’est alors plus question de freiner. Les guitares ont le champ libre, bombardent à tout va et nous massacrent gentiment. Impressionnant ! Ce Charles Moothart est un monstre de virtuosité et s’éclate comme un dingue.

On pense au Sabbath des grandes heures. Mais certaines envolées et breaks furieux nous rappellent aussi des influences plus lointaines encore, un dénommé Hendrix pour ne pas le citer.

Niveau intensité, le trio est au taquet et ne nous laisse guère le temps de souffler (l’album est court mais c’est presque une bonne chose tant on se fait laminer tout au long de ces 8 titres). “What’s In My Head?” se demande Segall sur l’excellente troisième piste. Vous vous poserez souvent la même question. A défaut de trouver la réponse, vous ne saurez plus où vous habitez quand vous vous mangerez de plein fouet l’ahurissante “Hazemaze”.

Et comme si ça ne suffisait pas, le trio enfonce le clou sur l’incroyable “Loose Sutures” qui ne veut jamais s’arrêter et nous assomme d’une série de soli dévastateurs avant de nous asséner le final monstrueux en forme d’exécution (Segall aura pu se faire plaisir en passant avec un break batterie savoureux). Cette succession de trois morceaux est ravageuse. Certains ont dû perdre la raison pour moins que ça.

Cet album sonne comme un live tellement les instruments ont la part belle et tant la place laissée aux expérimentations est conséquente. En guise de rappel, le dernier titre “One” fait très fort aussi dans le registre “mange-toi ça dans la tronche“. Rarement un power trio se sera montré aussi… powerful.

Finalement le seul reproche qu’on pourrait faire à ce disque est paradoxalement sa principale qualité : c’est tout sauf carré, ça se barre en sucette 12 fois par morceaux, il semble n’y avoir aucune ligne directrice. Les seuls mots d’ordre étant : du bruit, de la fureur, de l’expérimentation. Comme un freestyle permanent. On peut donc être un peu perdus en route par moments à la recherche du petit refrain qui rassure.

Mais le tout est tellement primitif et jouissif qu’il faudrait vraiment être un coincé du bulbe pour ne pas trouver son bonheur sur cette galette. Donc un conseil ami lecteur : ne fais pas ton timoré, boucle-la, agrippe-toi à ton siège et laisse-toi emporter dans cette tempête de Fuzz.

 

JL

 

Écoutez “Loose Sutures”

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