Wax Tailor – The shadow of their Suns

Publié par le 30 janvier 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Lab’Oratoire, 8 janvier 2021)

Soyons honnêtes, on n’avait pas suivi avec la plus grande assiduité les dernières productions de Wax Tailor, considérant qu’il s’est quelque peu essoufflé après ses deux premiers coups de maitre difficilement égalables, Tales of the Forgotten Melodies (2005) et Hope and Sorrow (2007). C’est à la faveur d’une guestlist de choix pour ce nouvel album qu’on s’est dit qu’il était peut-être temps de se rappeler à son bon souvenir. Quand on connait le pedigree du garçon, rien de surprenant à ce qu’il convie la crème du hip hop (Del The Funky Homosapien, Mr Lif, Yugen Blakrok, Boog Brown). Plus étonnantes sont en revanche les présences de Mark Lanegan, décidément dans tous bons coups en ce moment (il avait donné de la voix sur le dernier Hey Colossus et sera de la partie sur le nouvel album de Cult of Luna), ou de Gil Scott-Heron… qui est quand même mort il y a 9 ans* ! Bref, du très beau monde et en conséquence un peu plus de morceaux chantés qu’instrumentaux. Ces derniers ne sont toutefois pas en reste, à l’image du très travaillé “Never Forget” et sa basse pénétrante ou l’entêtant “On The Air”, bourré de samples bien sentis et assez typique du son Taylorien. Quant à “The Light” qui clôture l’album, il a le grand mérite de sortir du registre habituel, fricotant avec l’electro et sonnant davantage comme une BO de film noir.

Mais revenons aux collaborations qui nous faisaient de l’œil en scrutant la tracklist. Celui qui remporte la palme est sans contestation possible Lanegan qui délivre une prestation remarquable sur “Just A Candle” et l’alliance entre les deux hommes coule ici de source. Une basse, une gratte, des cordes, des claps et cette voix fantastique. La magie opère. Plus classique, l’excellent “Everybody” où Del The Funky Homosapien et Mr Lif s’en donnent à cœur joie sur une instru des plus entrainantes rappelant les grandes heures de la house of wax. Evidemment, dans ce registre-là, Jean-Christophe Le Saoût (le bonhomme derrière le nom de scène) est capable d’en pondre des douzaines sans forcer le moins du monde, ce qu’il fait d’ailleurs sur “Keep It Movin”, qui fait bien remuer la tête mais sonne un peu facile, voire lourdaud. On lui préfère les atmosphères plus feutrées et raffinées, à l’image du superbe “Shining Underdog”, qui sied comme un gant au flow de Boog Brown.

En somme, ce disque confirme à ceux qui pouvaient en douter – pas nous – que Wax Tailor a conservé tout son savoir-faire et est capable de faire également mouche lorsqu’il s’aventure en des territoires moins balisés. Sans atteindre l’excellence de ses toutes premières œuvres, The Shadow of our Suns pourra se ranger à leurs côtés sans rougir.

Jonathan Lopez

*Il s’agit en réalité d’un – court – sample en guise d’interlude.

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