Villette Sonique (Paris), 06 et 07/06/14

Publié par le 13 juin 2014 dans Live reports

ty2

Ça fait 9 ans que ça dure. 9 ans que Villette Sonique nous propose une programmation des plus pointues avec de quoi satisfaire les amateurs d’électro ou rock les plus exigeants. Avec au passage, et c’est à saluer, plusieurs concerts gratuits et pas des moindres (on n’est pas prêts d’oublier celui de Mudhoney il y a deux ans…).

La semaine dernière, c’était donc la 9e édition. Et ça fait quelques temps qu’on avait coché deux dates sur le calendrier : les 6 et 7 juin. Ty Segall, Loop, Slowdive. Charmant programme.

 

 

Vendredi 6 juin

Au passage, on précise que la veille ça devait pas être dégueulasse non plus avec Four Tet et Jon Hopkins à La Grande Halle mais on n’y était pas alors on va pas vous faire croire que, on n’est pas comme ça…

Donc 6 juin, début des hostilités vers 20h avec Coachwips suivi de Man Or Astro-Man ? et du Ty Segall Band. Alors évidemment, on se pointe à la bourre et on loupe Coachwips, c’est tout nous ça… D’après les échos obtenus sur place, ce furent 25 minutes de rock brutal, urgent et corrosif comme toute musique jouée par John Dwyer (Mr Thee Oh Sees) mais en encore plus… brutal, urgent et corrosif. Damned, on a raté ça. On est aussi navrés pour vous que pour nous.

Mais on se rattrappe avec Man Or Astro-Man ? qui, pour tout vous dire, nous laissera un peu de marbre malgré de belles tenues de cosmonaute et de l’énergie à revendre. Du punk pur jus assez noisy par moments mais manquant cruellement de mélodies marquantes.

ty2Le gros morceau de la soirée nous fera sans doute vite oublier ce léger désappointement. Place à Ty Segall et son band, composé de ses acolytes de toujours ou presque Charles Moothart (guitare), Mikal Cronin (basse) et Emily Rose Epstein (batterie). Ty nous doit une revanche, la dernière fois qu’il s’est pointé dans nos grises contrées, il venait défendre Sleeper, disque superbe mais à part dans sa discographie puisque très calme. Et le jeune sauvageon avait réussi à rester assis pendant les trois quarts du concert, on avait apprécié mais ça nous avait fait drôle connaissant son appétence pour le fuzz et la déflagration. Cette fois, il se devait donc de nous faire remuer.

Chose promise, chose due. Le set pioche dans la déjà très fournie discographie du prolifique gamin (27 ans seulement rappelons-le) en évitant soigneusement les morceaux plus relax. Les mots d’ordre : électricité, énergie, fureur. Un seul bémol en début de concert, le son des guitares en retrait de la section rythmique, mais on la lui fait pas à Ty, le problème sera vite réglé.

Dans une ambiance survoltée, il enchaîne ses tubes (« You’re The Doctor », « I Bought My Eyes », « Thank God For Sinners ») et aussi ses nouveautés car comme chacun sait Ty Segall compose comme il respire. Un nouveau double album est d’ailleurs prévu pour cet été, on a arrêté de compter mais ça commence à faire une bonne dizaine !

ty copainIl y a constamment des gens sur scène, pour danser, faire des bisous à Ty pendant qu’il joue et évidemment slammer. Ça fait du bien un concert où le public peut être aussi proche des artistes et faire du stage diving à gogo sans que la sécurité ne trouve rien à redire. Avant le rappel, le band enverra deux gros classiques « Caesar » et « Tell Me What’s Inside Your Heart » sur lequel Ty se jettera à son tour corps et âme au milieu de la foule. En fin de concert, il invitera même un membre du public à venir plaquer les accords de « Girlfriend » faisant tout pour mettre à l’aise le jeune homme quelque peu intimidé.

ty3

Un peu plus d’une heure de concert, parfois il n’y a pas besoin de plus pour se prendre une bonne beigne dans la tronche.

Voir un groupe comme le Ty Segall Band envoyer du gros garage qui tâche comme en 40, prendre un pied pas possible et se montrer aussi généreux et communicatif envers le public ça laisse songeur.

Ty revient à la cigale en octobre avec notamment JC Satan, si vous n’y êtes pas c’est que vous n’aimez pas vous éclater en écoutant de la musique.

 

Samedi 7 juin

À peine remis de la claque de la veille, voilà qu’on doit déjà remettre ça avec encore une affiche alléchante au programme. Deux retours presque inespérés de deux grands noms du shoegaze : Loop et Slowdive.

loopDeux groupes issus de la même période (les 80’s) et souvent assimilés à la même mouvance mais pourtant très différents comme va nous le rappeler la prestation de Loop, avec un son beaucoup plus direct et frontal (plus ROCK finalement) que Slowdive. Loop n’hésite pas à balancer du riff lourd et hargneux, là où Slowdive fait dans l’évanescent. Le son est bien calibré, le groupe étonnamment rôdé (on ne sent absolument pas le poids de leur break long de plus de 20 ans) et le set ne tarde pas à se révéler hypnotique… bien qu’un peu redondant.

Slowdive aura donc la lourde tâche de faire mieux que ses illustres prédécesseurs et également de ne pas nous faire regretter d’avoir raté la Release Party de Wonderflu pour leurs beaux yeux. Les doutes se dissipent bien vite.

Dès les premières minutes, l’atmosphère s’installe. Cette musique si belle et ensorcelante qu’on a tant chérie sur disque est reproduite assez fidèlement sur scène. Et le rêve prend vie sous nos yeux ébahis. Les arpèges célestes de Neil Halstead n’ont pas pris une ride (lui, un peu) et la voix de Rachel Goswell à peine distincte, est bien présente, juste ce qu’il faut pour nous faire planer, nous emporter dans cet univers irréel. slowdive3

Un long rêve où tout s’enchaine sans accroc ni temps mort, où tout paraît simple et merveilleux. Il faut dire que réentendre « Catch The Breeze » ou « Machine Gun » ça aide à relativiser, tout problème se révèle finalement bien lointain et dérisoire. Le problème principal ici est de devoir s’éloigner de la scène pour aller soulager sa vessie et quitter  pour un bref laps de temps cet environnement onirique. Maudites bières…

Mais le retour vers la scène n’en est que plus savoureux, happés que nous sommes par ces notes qui semblent durer une éternité, se confondre les unes aux autres pour former un ensemble d’une parfaite cohérence.

slowdive4La part belle est faite à l’album Souvlaki évidemment et l’enchaînement « Souvlaki Space Station », « When The Sun Hits », « Alison » nous fait encore frissonner de bonheur rien que d’y repenser.

C’est fou ça, la veille on s’excitait frénétiquement sur les décharges du Ty Segall Band, comme si on avait 10 ans de moins, là on s’est retrouvés à déambuler lentement, à fermer les yeux sans même s’en rendre compte bref à savourer la musique tout autrement, en apesanteur.

Finalement quels que soient les genres représentés, cette neuvième édition aura donc été avant toute chose une ode à la musique, à sa force communicative, au plaisir simple de savourer des moments rares et privilégiés.

On se demande ce que les programmateurs vont bien pouvoir nous réserver pour les 10 ans du festival… Mais on a déjà hâte d’y être !

 

JL

 

Vous pouvez revoir le set de Ty Segall sur le site d’Arte. Enjoy !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *