Jesse Sykes & The Sweet Hereafter – Forever, I’ve Been Being Born

Posted by on 8 décembre 2025 in Chroniques, Toutes les chroniques

(Ideologic Organ, 28 novembre 2025)

Quatorze ans se sont écoulés depuis Marble Son, dernier album du duo Jesse Sykes / Phil Wandscher. Leur folk teinté de country et de tonalités southern gothic avait pourtant marqué les années 2000, séduisant aussi bien les amateurs d’Americana classique que les auditeurs venus d’horizons plus sombres. Malgré de bonnes critiques et des tournées avec Sparklehorse ou Boris, le groupe était resté confidentiel, ce qui explique en partie la longue pause qui a suivi le départ de leur section rythmique — sans compter la fin du couple formé par Jesse et Phil en dehors de la scène. Durant cette absence, leur influence s’est tout de même fait sentir, notamment chez Marissa Nadler, dont la présence sur « Gentle Chaperone » apparaît presque naturelle. C’est d’ailleurs avec ce morceau que le groupe a annoncé son retour.

Forever, I’ve Been Being Born reprend les éléments essentiels de leur son : la voix de Jesse, toujours aussi distincte et stable, et les guitares de Wandscher, immédiatement identifiables. Le disque est volontairement épuré. Les percussions se font discrètes, souvent réduites à quelques indications rythmiques. Quelques cordes apparaissent par moments, mais restent en retrait. L’ensemble est calme, mélodique, et globalement assez intimiste.

On ne retrouve pas l’intensité électrique de Marble Son, mais plutôt un recentrage sur l’écriture et sur l’alchimie du duo. L’album avance de manière régulière, sans chercher l’effet spectaculaire. Le moment le plus marquant arrive d’ailleurs très tard, sur « A New Medium », où les guitares s’animent davantage dans la dernière minute. Ce bref élan crée un contraste qui donne envie d’en entendre plus.

Si l’attente n’avait pas été aussi longue, on serait peut-être moins tenté de chercher une évolution plus nette. Forever I’ve Been Being Born regarde plutôt vers l’arrière, comme un bilan posé après une période compliquée. Cela n’empêche pas le disque d’être réussi dans ce qu’il propose : un retour mesuré, sincère et cohérent avec l’histoire du groupe. On peut espérer que cette réapparition marque une nouvelle phase pour Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, et que le duo, éventuellement rejoint par un groupe complet, reviendra avec un album plus ambitieux. En attendant, ce disque représente une étape importante et un retour bienvenu.

Yann Giraud

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