Interview – Shannon Wright
L’amour triomphe toujours, c’est bien connu. La maladie, le doute, la perte d’êtres chers ont constitué autant d’obstacles sur le parcours de Shannon Wright, mais elle a su les surpasser pour nous offrir un onzième album sublime, parfait résumé de sa carrière. Un album pour lequel elle est allée puiser profondément dans son Reservoir Of Love, pour ses proches, pour son public et pour la musique évidemment, si primordiale à son bien-être. Avec l’authenticité qu’on lui connaît, Shannon Wright s’est livrée sur ce nouveau disque, ses doutes, ses blessures et cette passion dévorante qui la caractérise.
« Il m’arrive de me penser incapable de jouer quelque chose parce que je ne sais pas lire une partition, alors que ce n’est pas le cas. Avec la musique, il faut simplement tenter, se lancer, le faire à sa façon, et tout se passe bien. Il m’a malheureusement fallu du temps pour comprendre que je pouvais tout faire à ma manière. »

C’est la première fois qu’il s’écoule autant de temps – cinq ans – entre deux de tes albums. Chez beaucoup de groupes, la période Covid et confinement a au contraire permis une grande créativité. Pourquoi as-tu mis tant de temps à sortir ce disque ?
J’ai été incapable de composer durant le Covid. Une fois cette période passée, j’ai commencé à m’y remettre, mais je suis tombée malade. Il m’a fallu deux ans pour me rétablir. Ça vient quand ça vient, c’est assez imprévisible.
Tu as effectivement découvert que tu souffrais d’une maladie auto-immune et tu as heureusement pu t’en sortir. Le fait de réaliser à quel point la vie est fragile a-t-il changé quelque chose chez toi, dans ta façon d’appréhender la vie et même ta carrière ?
À vrai dire, je ne savais même pas si j’allais continuer. Quand tu as des problèmes de santé, tout le reste s’arrête. Tu ne penses plus à ta carrière, tu veux juste vivre ! (Rires) Je ne pensais pas vraiment que j’allais pouvoir continuer à jouer de la musique, ça me semblait impossible tellement j’étais malade. J’ai même fini par être hospitalisée. Avant ça, je m’étais mise à composer de nouveau, mais je me suis sentie très mal pendant à peu près six mois sans savoir ce qui n’allait pas. Dans ces cas-là, tu passes par une sorte de phase de destruction mentale, tu ne te sens plus toi-même, tu ne sais pas quoi faire. Et c’est d’autant plus dingue que tu dois en plus apprendre à en parler aux gens qui tiennent à toi car tout le monde s’inquiète. Tu t’inquiètes évidemment aussi, mais tu ne dois pas le montrer… Ça fout en l’air toute ta façon de voir les choses. Et il te faut ensuite du temps pour que tout revienne à la normale. Pour composer, j’ai besoin de réfléchir, d’observer, je m’inspire de ce que je vois. Une fois tout ça derrière moi, j’ai eu besoin d’extérioriser certains sentiments et de me reconnecter à la musique, car c’est l’amour de ma vie.
Il y a cinq ans, tu me confiais avoir déjà de nouveaux morceaux en tête. En as-tu conservé certains ?
Il s’agissait seulement de fragments, de bribes que « j’entends », d’une certaine manière, et de quelques nouvelles idées. Je n’ai réellement entamé la composition qu’avant d’entrer à l’hôpital, il y a deux ans. J’avais alors une ou deux chansons.
Qu’est-ce qui t’a motivée à revenir à des morceaux très noisy comme « Reservoir Of Love » ou « Weight Of The Sun » après un album entièrement composé au piano (NdR : Providence, 2019) ?
J’ai toujours joué du piano et de la guitare : c’est la même chose dans mon esprit. Si j’ai composé le précédent album uniquement au piano, c’est simplement parce que je voulais tenter quelque chose de nouveau, différent de mes albums rock. Je l’ai fait avant tout pour moi, mais aussi en me disant que les gens qui appréciaient mes morceaux au piano allaient l’aimer. En ce qui concerne Reservoir Of Love, je n’ai rien planifié, c’est simplement ce qui m’est venu.
Tu as commencé par composer « Weight Of The Sun » à la batterie. Un procédé assez inhabituel pour toi, j’imagine ?
Oui, j’ai trouvé cette partie de batterie qui m’a semblé un bon point de départ. Ensuite, j’ai fait évoluer le rythme et tout a pris forme progressivement. Ça m’a permis de passer une journée sans voir la moindre personne ! (Rires) D’autres morceaux ont eu pour origine des lignes de basse (NdR : « Mountains ») alors que je n’en joue quasiment jamais…
Comme tu l’expliquais, tu t’es chargée de tout, y compris des arrangements qui occupent une part importante sur ce disque. Je pense notamment à « Countless Days », où l’on entend une contrebasse, du violon, un mellotron… Avais-tu déjà l’habitude de jouer de ces instruments ?
J’avais déjà joué d’un peu d’instruments à cordes sur d’autres albums et j’ai composé pour un quatuor à cordes lorsque j’ai travaillé sur la musique du film de Guillaume Nicloux (NdR : Les Confins du monde). C’était la première fois. Après ça, je me suis dit que c’était bon, je savais le faire. La musique peut parfois être un peu intimidante pour une autodidacte comme moi. Il m’arrive de me penser incapable de jouer quelque chose parce que je ne sais pas lire une partition, alors que ce n’est pas le cas. Avec la musique, il faut simplement tenter, se lancer, le faire à sa façon, et tout se passe bien. Il m’a malheureusement fallu du temps pour comprendre que je pouvais tout faire à ma manière. (Rires) Mais j’avais toutes ces idées pour « Countless Days » : je voulais par exemple que certains instruments surgissent de nulle part, pour créer des effets de surprise, comme quand la contrebasse arrive, de façon intrusive. J’ai beaucoup réfléchi à ça.
Je sais que tu as adoré travailler sur la musique de Les Confins du monde. N’as-tu pas eu d’autres opportunités depuis ? J’imagine que tu aimerais réitérer ce type d’expérience qui te permet également de renouveler ta musique…
Oui, j’ai beaucoup aimé. Déjà, parce que je me suis très bien entendu avec le réalisateur, c’est primordial. Guillaume et moi étions vraiment sur la même longueur d’onde pour ce qui est de l’art et de la façon de le représenter. J’ai aussi adoré parce que Les Confins du monde est très fort et parce que j’ai aimé mettre ma voix dans ce film très « male alpha », agressif, sur la guerre. C’était un vrai défi. On vit dans un monde vraiment dominé par les hommes, une perspective féminine, ou toute autre perspective d’ailleurs, est donc toujours bienvenue. Il en faudrait systématiquement une, car nous vivons tous ensemble ! J’aimerais beaucoup réitérer l’expérience, mais uniquement avec un film adéquat, pas pour une comédie romantique, par exemple. Quoique, pourquoi pas s’il s’agit d’une bonne. (Rires) Mais tu vois ce que je veux dire, il faut que ce soit approprié, que ça corresponde à ce que je fais.
Aurais-tu aimé travailler pour David Lynch ?
Oh, bien sûr ! Tu plaisantes ?
Ses films et ses bandes originales t’ont marquée ?
Oui. Même si parfois, je ne comprenais pas grand-chose…
Comme tout le monde, je te rassure…
(Rires) Oui, rien que le fait que quelqu’un propose un art si fou, si intense, était très inspirant. On avait le sentiment de regarder quelque chose de jamais vu auparavant, ce qui nous faisait nous sentir spécial. Selon moi, c’est l’effet que l’art doit produire : nous sortir de nous-mêmes, nous emmener ailleurs, même si ce n’est que vingt minutes ou deux heures, peu importe. Nous en avons besoin en tant qu’êtres humains. Pour moi, il était passé maître dans l’art de la réalisation car il stimulait en permanence les sens de son public : même si tu détestes, tu ne peux pas rester de marbre. Il y a toujours une part en toi qui se dit : « Wow, je n’ai jamais vu un décor pareil ou une lumière telle que celle-là auparavant. »
Je reviens à ton album après cet aparté cinématographique : que souhaitais-tu exprimer dans les paroles de « Reservoir Of Love » quand tu chantes « I wanna swim in your reservoir of love » (« Je veux nager dans ton réservoir d’amour ») ? Tu t’adresses à une personne en particulier ou à tout un ensemble ? Au monde entier ?!
À une personne, et à beaucoup d’autres. Parfois, une ligne de texte peut avoir une double signification, englober deux idées distinctes. C’est le cas ici. Elle s’adresse à une personne en particulier, mais l’idée de nager dans un « réservoir d’amour » peut faire référence à un amour ancien, des amours déchus, des douleurs horribles du passé. Tout se trouve dans une même piscine : le réservoir de notre vie. J’y pensais beaucoup, parce que je traversais cette maladie, parce qu’on sortait du Covid, etc., puis c’est devenu le concept de cet album. Souvent, quand j’écris, je ne pense pas d’un point de vue personnel mais commun, car nous sommes tous connectés. Enfin, certains le sont, d’autres vivent leur vie sans se soucier de quiconque. Mais nous sommes tellement liés, si proches les uns des autres. Nous avons bien sûr nos propres opinions, nos amours, nos chagrins. Mais nous sommes tous tellement imprégnés les uns des autres. Ça vient de là. C’est le réservoir de la vie, en fait.
On a de plus en plus l’impression que ce réservoir se vide. L’amour pour l’autre, la compassion, l’empathie, tout ça ne semble pas être la priorité de la plupart des êtres humains, malheureusement…
Je sais. Et c’est pour cette raison que nous en avons plus besoin que jamais. Il faut prendre conscience que si nous n’avons plus ça, il ne nous reste plus rien. Malheureusement, beaucoup de gens espèrent avant tout devenir célèbres, gagner plein d’argent, acheter la plus grande maison, ce genre de choses. « Donnez-moi, donnez-moi, je suis spécial ! » C’est l’une des raisons de notre déchéance. L’être humain est ainsi fait. Nous nous comportons de façon horrible, puis nous nous ressaisissons. Nous regardons l’Histoire et nous nous demandons comment il est possible que nous n’ayons pas tiré de leçons des horreurs du passé. Si les gens veulent plus, ils doivent se battre. Ils ne peuvent pas se contenter de s’asseoir et d’attendre que tout vienne à leur porte. C’est tout. C’est très simple ! (Rires)
Grâce à tes chansons et tes concerts, tu reçois beaucoup d’affection et d’amour de la part de ton public. Je lis régulièrement des commentaires de gens qui témoignent de l’importance de ta musique, avec parfois même des propos tels que « Tu m’as sauvé la vie. » J’imagine que lire ce genre de retours te fait aussi beaucoup de bien…
Oui. Ça me choque même parfois, mais je suis aussi extrêmement reconnaissante. Pour être honnête, je n’ai pas eu une vie très facile. La musique m’a sauvée. Je pense que je ne fais que lui rendre tout ce qu’elle a fait pour moi. Chaque fois que j’avais besoin de surmonter des difficultés, la musique m’a aidée. Et je pense que tout est lié à ce sentiment de connexion. Tu écoutes un album et tu te dis « Putain, oui ! Oh mon Dieu ! », tu te sens lié à l’artiste. La musique permet bien plus que de soigner. Si quelqu’un me confie que ma musique l’a aidé, ça me touche bien sûr ; je trouve même ça incroyable parce que ce n’est pas quelque chose dont j’aurais imaginé être capable. C’est le pouvoir de l’art : il t’inspire et te connecte aux autres. Comment ? Je n’en sais rien. (Rires)
« Je n’aurais jamais continué à jouer si c’était pour sortir toujours le même album. Je ne gagne pas d’argent avec ma musique, je ne suis pas une rock star, je ne signe pas de gros contrats avec des labels. (Rires) Je compose des albums pour mon propre plaisir et pour me connecter au public. »

Cet album a été composé durant une période où tu as perdu de grands amis. Je pense d’abord à Philippe Couderc, qui a fondé Abus Dangereux et Vicious Circle. Quand l’as-tu rencontré ?
C’était l’un de mes meilleurs amis. Nous avons environ trois meilleurs amis dans la vie, il faisait partie des miens. Un jour, je jouais à Paris et il a assisté au concert. Avant que je rejoigne Vicious Circle, donc. Il m’a raconté qu’il était dehors et attendait un taxi pour partir, mais il a entendu ma voix et est revenu. Nous nous sommes rencontrés après le concert puis nous sommes quittés en nous disant qu’il fallait qu’on reste en contact. J’avais déjà un label à l’époque mais il m’a écrit et insisté pour me demander de rejoindre le sien. J’ai fini par accepter. Après ça, nous avons connu 25 ans d’amitié. Nous n’étions que des gamins quand nous avons débuté. Ma musique commençait à prendre forme et il lançait son label. Nous avons donc grandi ensemble d’une certaine manière. Nous avions de la famille en commun et des amis. Le perdre a été très difficile…
En fin d’album, on trouve également le très beau « Something Borrowed », écrit pour Steve Albini. Tu es un très bon exemple de son talent pour enregistrer de la musique très émotionnelle, et pas seulement du noise rock ou du rock à grosse guitare. L’album que vous avez enregistré ensemble, Over The Sun, est fantastique. Quelle était selon toi sa plus grande qualité pour parvenir à capturer la musique au plus près ? Et sa plus grande qualité en tant qu’être humain ? Puisque je sais que vous étiez très proches…
Il était effectivement lui aussi un ami très proche. En fait, il a enregistré tout Over The Sun, mais nous avons également enregistré ensemble à trois autres reprises, quelques morceaux de plusieurs autres albums. La dernière fois que nous avons travaillé tous les deux, c’était pour des démos de Providence. Mais je n’étais alors pas tout à fait prête, on l’a juste fait pour s’amuser. Il s’exclamait (NdR : elle l’imite) : « J’aime vraiment ton jeu au piano, c’est différent ! » (Rires) Quand j’enregistre un album, j’ai des idées très précises sur la façon dont je veux que tout sonne. Ce n’est pas une question d’ego, c’est simplement ma façon de procéder. Steve adorait ça. Si tu arrivais en lui expliquant juste quel son de guitare tu voulais, puis le laissais s’occuper de tout sans rien redire à ce qu’il faisait, il s’ennuyait. Mais si au contraire tu lui disais franchement : « C’est cool mais ce n’est pas ce que je veux », ça le motivait. Il enregistrait des groupes tous les jours, il préférait donc ceux qui le surprenaient. J’ai de nombreux souvenirs avec lui. On a tourné ensemble, partagé des chambres d’hôtel… Tout ce qui a ce qui a trait au rock, on l’a vécu ensemble. Nous étions aussi très proches et nous nous aidions mutuellement. La pandémie a été une période difficile pour lui aussi. Il a dû faire face à beaucoup de changements. Steve était quelqu’un d’incroyablement gentil et généreux. On se connaissait depuis 2000. J’entendais toujours des gens le critiquer, affirmant qu’il était ceci ou cela dès qu’il était question du business de la musique… J’ai toujours trouvé ces critiques fausses. Steve était quelqu’un de spécial. Le perdre lui aussi a été très dur.
As-tu un album favori parmi tous ceux sur lesquels il a travaillé ?
Honnêtement, je crois que mes préférés sont les albums de Shellac. Je trouve qu’ils sonnent incroyablement bien. C’est peut-être parce que c’est tellement lui, c’est tellement Steve. Du Steve Albini jusqu’au bout des ongles, à tous points de vue. C’est sa musique, son enregistrement, son groupe. Il y a tant d’amour dans ces albums !
Il adorait ton jeu de guitare. Et lorsque tu as éprouvé des doutes quant à ta carrière, ta passion, il t’a conseillé de ne jamais arrêter la musique. Te redonnait-il confiance en toi ?
Oh oui, énormément. Car, tu sais, quand j’ai commencé, j’avais droit aux : « Oh, elle est très en colère et blablabla… » À l’époque, toutes les femmes qui ne se contentaient pas d’être belles et de jouer… je ne sais pas… Moi, je voulais jouer comme The Jesus Lizard, par exemple. Je faisais mon truc. Et Steve en a été témoin car j’ai beaucoup tourné avec Shellac. Je jouais parfois en solo devant des publics majoritairement masculins aux États-Unis, c’était très intense ! Et il m’a beaucoup soutenu. Il allait même jusqu’à m’aider à porter mes amplis quand j’arrivais sur scène, une manière de dire : « Je suis avec elle. » Et puis, on me disait souvent : « J’ai lu tel article où Steve affirme que tu es sa guitariste préférée », ou ce genre de propos incroyables… Quand il aimait un groupe ou un artiste, il tenait vraiment à ce que ça se sache. « C’est authentique, c’est vrai, vous devez écouter ça. N’écoutez pas ce que tout le monde vous dit d’écouter, il existe d’autres artistes. Pas besoin de suivre les modes. » Je n’ai jamais compris pourquoi il faisait tout ça pour moi, mais je lui en étais évidemment très reconnaissante. Quand je lui posais la question, il m’envoyait des textos : « Je suis en train d’écouter ton album. N’arrête jamais ! » C’était un mec vraiment spécial et je me sens très chanceuse d’avoir bénéficié de son soutien.
Ces doutes, que tu as éprouvés à plusieurs reprises dans ta carrière, t’ont-ils servi à te réinventer et à éviter de tomber dans une certaine routine ?
Je n’aurais jamais continué à jouer si c’était pour sortir toujours le même album. Je ne gagne pas d’argent avec ma musique, je ne suis pas une rock star, je ne signe pas de gros contrats avec des labels. (Rires) Je compose des albums pour mon propre plaisir et pour me connecter au public. C’est propre aux artistes, qu’ils soient photographes, peintres ou musiciens : c’est un besoin pour nous. Je me sens parfois un peu mal par rapport à ça, car c’est comme avoir deux métiers et ne pas être payé pour l’un d’eux. Enfin, je suis payé d’une autre manière… Beaucoup d’entre nous ont mis leur cœur et leur âme dans la musique pendant toutes ces années, comme le font les écrivains, les rédacteurs de magazines. Pour toi, moi, et de nombreux autres dans notre situation, si tu es petit, il n’y a pas beaucoup de récompenses à la clé. La seule raison qui me pousse à continuer, c’est que j’ai encore des choses à exprimer. J’adore par-dessus tout jouer de la musique : elle me procure beaucoup de joie, me permet de m’évader et de me rapprocher des gens, même s’ils ne jouent pas à mes côtés. C’est quelque chose de tellement beau. Si je devais arrêter, ce qui me manquerait le plus, c’est cette connexion avec le public.
Ton fils écoute et apprécie ta musique ?
Oui. Trop ! (Rires)
Lui demandes-tu son avis avant de sortir un nouvel album ?
Oui ! Il a d’excellents goûts et aime toutes sortes de musique. Et puis, il m’a aidée à rester motivée quand je réalisais cet album. Lorsque des doutes m’envahissaient, il m’encourageait : « Tu dois le faire ! » Il est vraiment d’un très grand soutien.
Quel âge a-t-il ?
Dix-huit ans.
Il n’écoute donc pas le rap commercial que tu détestes…
Un petit peu. Mais lorsqu’il me demande ce que je pense de l’instru et que j’emploie des termes techniques et commence à parler de la façon dont je pense que le morceau a été enregistré, il me rétorque : « OK, laisse tomber. » Parfois, il veut simplement savoir si j’aime ou pas…
La dernière fois que nous avions discuté, c’était avant ton concert au Trianon de Paris et tu étais assez anxieuse à l’idée de te produire seule dans une salle si grande et prestigieuse. Comment as-tu vécu cette expérience ?
C’était incroyable ! Tu le sais, tu es venu me voir après ! (Rires) J’étais ravie. C’est un concert que je n’oublierai jamais, il restera gravé dans ma mémoire.
Pour cette tournée, tu es accompagnée par Todd Cook et Kyle Crabtree, la section rythmique de Shipping News. Tu jouais déjà avec eux sur In Film Sound, probablement ton album le plus noisy. Doit-on donc s’attendre à des concerts particulièrement sauvages ?
(Rires) Ça ressemblera probablement aux concerts des précédentes tournées, avec des chansons du nouvel album, de In Film Sound et d’autres disques. Je ne sais pas trop. Ça devrait ressembler à ce qu’on fait ensemble. Est-on si bruyants ? Je ne sais pas…
Savoir que vous serez trois cette fois-ci te rassure ?
Oui. J’ai décidé de jouer avec eux car ça faisait longtemps. Je leur ai envoyé l’album pendant que je l’enregistrais et ils se sont montrés très enthousiastes. Je leur ai donc proposé de m’accompagner en tournée et ils ont accepté. Ce sont de vrais amis. C’est comme si on partait en vacances ensemble. On va retrouver la France qu’on adore. On a tellement de bons souvenirs ici. Ça semble être le moment idéal.
Interview réalisée par Jonathan Lopez, publiée initialement dans new Noise #74
Merci à Guillaume de Vicious Circle
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