Queens Of The Stone Age – …Like Clockwork (Matador)

Publié par le 5 juin 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

(Matador, 2013)

Ça y est je l’ai dans les mains cet album attendu depuis de longs mois. Une attente fébrile mêlée d’excitation au fur et à mesure que s’allongeait l’impressionnante liste d’invités. Dave Grohl d’abord aux fûts, puis la participation de Nick Oliveri et Mark Lanegan. De quoi raviver les espoirs les plus fous : réitérer les coups de maître que furent Rated R et Songs For The Deaf, deux des meilleurs albums rock du 21e siècle.

Bon je ne vais pas y aller par quatre chemins, quitte à doucher les ardeurs : cet album n’est nullement comparable avec ce dernier. Les présences de Trent Reznor (aussi enthousiasmante soit-elle), d’Alex Turner (Arctic Monkeys), de Jack Shears (Scissor Sisters) et Elton John (!) constituaient déjà des indices que la recette serait tout autre mais on avait envie d’y croire. Et bien non, l’époque Songs For The Deaf semble désormais loin derrière.

Ce disque n’a rien de stoner. En même temps le père Josh a 40 piges maintenant. Kyuss c’était il y a un bail et au fil du temps Queens Of The Stone Age a évolué avec lui, devenant plus pop et plus accessible. Et là je vois les gouttes de sueur perler sur votre front. Essuyez-moi ça et détendez-vous. Car passée cette relative déception, on constate assez rapidement (au bout de 4, 5 écoutes) que l’album a d’autres atouts à faire valoir.

On y découvre d’abord un Josh Homme aux qualités de songwriter insoupçonnées. Derrière la brute il y a un cœur qui bat et le leader laisse s’exprimer toute sa sensibilité pour se montrer touchant. Il y va même de ses ballades avec piano et larme à l’oeil (si, si) et le fait plutôt bien (“The Vampyre Of Time And Memory” et dans une moindre mesure le titre éponyme qui clôt l’album).

Malgré tout, Josh n’oublie pas qu’il reste quand il le souhaite the coolest guy on earth et nous fait groover à mort sur les redoutables “If I Had A Tail” et “I Sat By The Ocean”. Deux titres très entrainants, deux petites bombes qu’on n’a pas fini de chérir. On imagine d’avance ses groupies mouiller leurs culottes quand l’Elvis roux chantera sur scène “Guichie, Guichie, Ooh La La. (…) I wanna suck, I wanna lick…” (“If I Had A Tail”). La très déjantée “Smooth Sailing” avec un Josh qui part haut dans les aigüs fera aussi guincher les plus coincés d’entre vous.

Finalement le single “My God Is The Sun”, un peu décevant de prime abord (car pas innovant pour un sou), passe tranquillou dans l’enchaînement des titres. Ce titre était d’ailleurs un parfait trompe-l’oeil puisqu’il est sans doute le plus prévisible de l’album alors que le reste est très déroutant. Et ce n’est pas “Kalopsia” qui nous fera dire le contraire. Ce morceau ne ressemblant à rien de ce qu’on a pu entendre de la part de QOTSA par le passé. On passe de la ballade hallucinée portée par un piano léger et le chant habité du Josh avant d’être pris de spasmes quand la six-cordes s’énerve.

On peut quand même regretter deux choses : l’album est assez court (10 titres c’est frustrant) et les invités sont clairement au second plan. Homme est indéniablement le seul maître à bord. Alors il paraît que c’est Dave Grohl à la batterie très bien mais si on ne me l’avait pas dit je ne l’aurais pas deviné. Quant aux présences de Shears, Turner, Lanegan, Oliveri ou Reznor, on les cherche encore. C’est con le Josh a des bons potes mais là on a vraiment le sentiment qu’il leur a juste fait l’honneur de venir mettre la main à la patte mais qu’il fallait pas qu’ils se fassent trop remarquer. Et Elton John, on imagine que c’est lui qui joue du piano. Bon à la limite c’est peut-être pas plus mal qu’il se limite à ça…

Voilà ça c’était pour les regrets. Par contre, on n’a pas fini de remercier Mr Homme pour ce merveilleux “I Appear Missing”, morceau épique de 6 minutes, aux changements de rythme ravageurs, qu’on imagine déjà mémorable sur scène. Très grand titre. Et comme on n’est pas bégueules on va aussi citer “Keep Your Eyes Peeled”, morceau d’ouverture réussi au riff lourd et rampant ainsi que l’excellent “Fairweather Friends”. Parce qu’ils le méritent tout autant que les autres.

Vous l’aurez compris tout est bon dans ce Like Clockwork… Certains fans vont hurler à la trahison, pestant contre cet album trop mou du genou à leur goût, regrettant éternellement les riffs lourds et lancinants du premier album et de Rated R, les morceaux hyper catchy de Songs For The Deaf… Je ne suis pas de ceux-là.

De part son audace, sa variété et sa cohérence d’ensemble cet album est loin devant Era Vulgaris, son décevant prédécesseur. …Like Clockwork est sans doute un tournant dans la carrière de Queens Of The Stone Age. Difficile de prévoir où ça va les mener (on espère qu’ils ne nous feront pas une Red Hot post-Californication) mais ce premier virage est brillamment négocié.

 

JL

 

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