“David Bowie Is”… amazing

Publié par le 30 avril 2015 dans Articles, Chroniques, Toutes les chroniques

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Après Londres où elle avait reçu un accueil triomphal voici deux ans, puis Berlin l’an passé où nous étions déjà, profitant du concert de Pearl Jam, l’exposition itinérante “David Bowie Is” s’arrête à Paris pour trois mois.

Lieu de l’exposition : la Philarmonie à La Vilette. Travaux à peine terminés (d’ailleurs l’endroit respire encore le béton brut), ce lieu prestigieux invite ici l’homme qui a influencé (voire créé) la pop music, et par extension la culture pop.

Quel autre artiste que Bowie pouvait-on mettre ainsi en scène ? Son œuvre multiple et protéiforme, son goût pour l’image (peinture, cinéma, vidéo), le jeu d’acteur (mime, cinéma), la transformation (costumes, maquillages) et bien sûr la musique, pour laquelle il a fait voler en éclat toutes les barrières, s’est affranchi de tous les styles, créant le sien quelle que soit la voie qu’il choisissait d’explorer ; folk, soul, funk, glam rock, pop… Artiste unique et inclassable, qu’il est impossible à enfermer dans un genre.

“David Bowie Is” : super titre, car Bowie est “multiple” et cette exposition le démontre parfaitement. Chacun a un souvenir de Bowie qui lui est propre, qu’on soit plutôt “Let’s Dance”, “Fame”, “Ashes To Ashes”, “Ziggy Stardust” ou “Heroes”, on a le choix, vu la quantité de titres intemporels qui ont émaillé ses 50 ans de carrière.

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Costume de scène dessiné par Kansai Yamamoto pour le Aladdin Sane tour, 1973. Photographie de Masayoshi Sukita © Sukita / The David Bowie Archive

 

L’exposition met donc en scène Mister Bowie sous tous les angles, utilisant beaucoup d’images et de documents d’archives (nombreux sont titrés de la propre collection de David Bowie). Place aux images et au son. Première salle où sont exposés photos, textes, affiches, et projection des deux vidéos tournées pour le single qui l’a propulsé dans la stratosphère pop pour toujours : “Space Oddity”.

Autres projections phare de l’expo : “Starman” of course, l’apparition télévisée qui a révolutionné le quotidien de millions d’adolescents britanniques, choqué leurs parents et bousculé pour toujours les genres. “The Man Who Sold The World” dans une version déjantée avec Klaus Nomi en choriste, autre grand moment ! “Life On Mars” dans lequel apparaît Bowie cintré dans son costume bleu turquoise assorti à son fard à paupières, illuminé dans un décor totalement nihiliste.

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Photographie originale pour la pochette d’Earthling, 1997. Frank W Ockenfels 3 © Frank W Ockenfels 3

De nombreux costumes utilisés par Bowie lors de ses tournées sont ici exposés, taille mannequin bien entendu. De grands couturiers ont toujours été ravis d’être sollicités par Bowie l’icône de la mode. En vrac et non exhaustif : Yamamoto (période Ziggy), Alexander McQueen (Union Jack Jacket d’Earthling) , Thierry Mugler, Vivienne Westwood.

Pochettes de disques, clips, interviews, articles de presse, photos, costumes, le choix est énorme sur l’exposition pour les fans mais pas que… Les néophytes, nuls en Bowiemania, désireux de découvrir l’un des influences majeures de la pop culture du 20ème siècle seront servis, et risquent même d’être ébahis.

L’exposition peut toutefois paraitre un peu fade par rapport à sa jumelle berlinoise. Il faut dire que Bowie n’a pas eu la même relation avec ces deux villes, et l’expo de Berlin faisait la part belle aux trois années qu’il y a vécues. Illustrées par ces trois albums majeurs, la trilogie européenne marquée par son virage électronique et ses influences krautrock (Bowie est un grand fan de Kraftwerk). Rien de tout ça avec Paris, ni la France, en dehors d’albums enregistrés au château d’Hérouville : Pin Ups, Low en partie, ou produit pour Iggy Pop (The Idiot).

Dernière salle : un immense auditorium dans lequel sont projetés sur les murs, dans un fracas d’images et de son, plusieurs extraits de concerts de différentes époques, dont une version magistrale de “Sweet Thing” captée au cours de la tournée Diamond Dogs de 1975. Une grosse claque pour finir, avec “Rock’n’Roll Suicide” interprétée lors du concert d’adieu de Ziggy en 1973. Emotion des fans garantie. Ziggy ce jour-là tirait sa révérence. Bowie a sûrement fait ses adieux à la scène puisqu’il s’est retiré voilà une dizaine d’années, mais tout le monde croise les doigts pour qu’il continue à enregistrer de la musique et nous offre rapidement un successeur à The Next Day.

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Maquette de scène pour le Diamond Dogs tour, 1974.     Design : Jules Fischer et Mark Ravitz Courtesy of David Bowie archive © Victoria and Albert Museum

 

 

Déception à la sortie, dans le hall d’accueil ouvert à tous les vents, une expo vente sans surprises ni raretés. Quelques bouquins et hors série (mais rien de bouleversant), CD (pas de vynils), mais pas d’édition qui déchire, le tout étalé sur quelques tables vraiment cheap. Rien à voir avec le superbe merchandising disponible à Londres, puis à un degré moindre à Berlin. Dommage.

 

El Padre

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