François Corbier – Jours De Blues

Publié par le 16 novembre 2019 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Janvier 2019)

Difficile de garder du recul face au disque posthume d’un artiste qu’on appréciait sincèrement. Surtout quand on l’a eu plusieurs fois au téléphone, dans des conversations qui ont duré plus d’une heure à chaque fois. Pas de quoi parler d’amitié, évidemment, mais indéniablement un échange véritable et de la sympathie réciproque.

Ainsi, quand j’apprenais son décès l’année dernière, c’est un peu plus que des souvenirs d’enfance qui s’en sont allés. D’autant plus que le mélomane en moi savait, de la bouche de l’artiste, qu’il travaillait à un nouvel album qui s’appellerait Jours De Blues, et qu’on devrait peut-être s’asseoir dessus.

Cette année, l’album est finalement sorti, en l’état, j’imagine, puisqu’il ne contient que 8 titres, ce qui est peu pour un disque de François Corbier ; pour 33 minutes de musique, donc rien de scandaleux non plus. Comme il nous l’avait dit en interview, celui-ci contient une chanson hommage à Cabu (« Pauvre Jean ») et ce que j’ai la faiblesse de prendre comme une petite pique rigolote à notre système politique (« Caligula »).

Peut-être à cause du contexte de sa sortie, la mélancolie est omniprésente sur ce nouveau disque, renforcé par la simplicité des arrangements (guitares, voix, une batterie discrète et puis c’est marre… Là où Corbier est le meilleur, ça tombe bien !). Ainsi, le titre est parfaitement adéquat, d’autant que le blues est autant d’humeur que musical (avec une petite pointe jazzy parfois). Le disque regarde en arrière, c’est indéniable, et une chanson s’appelle même « Nostalgia ». Mais on n’est pas non plus face à un revirement complet du chansonnier, qui avouait lui-même que la nostalgie l’emmerde, puisque sans faire l’apologie du passé non plus, il met surtout en avant son regard tendre, caustique, et profondément humain.

Le disque s’achève sur son morceau le plus électrique, « La Communauté », où une fois n’est pas coutume met en musique le texte d’un autre. C’est à s’y méprendre car l’humour et l’absurde du texte, qui revisite Blanche-Neige et les 7 nains, sont tout à fait dans la veine de ce que pouvait écrire Corbier, et on imagine comme il a dû se marrer à enregistrer ça. Et comme il se serait marré à présenter ce genre de chansons sur scène…

Au jeu des « et si », on se demandera toujours ce que serait ce disque si la maladie ne l’avait pas emporté. Serait-il le même, ou aurait-il été agrémenté d’autres chansons ? Aurait-il été aussi triste, ou aurait-il eu son lot de chansons blagues pour remonter un peu le moral ? On n’aura jamais la réponse.

En attendant, on peut se morfondre d’avoir perdu un chansonnier aussi talentueux, drôle et touchant. Ou on pourra réécouter régulièrement ses chansons, rigoler beaucoup et s’attendrir un peu. Pour cette deuxième solution, ce Jours De Blues est une belle addition à la discographie de François Corbier, même si on n’y a plus souvent la larme à l’œil qu’à l’accoutumée.

Chapeau quand même, et bon voyage.

Blackcondorguy

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