Amon Tobin – Supermodified (Ninja Tune)

Publié par le 21 octobre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

supermodifiedAmon Tobin, de son nom complet Amon Adonai Santos de Araujo Tobin, est un musicien Brasileiro, un gars do Brasil. Mais son truc à lui, c’est pas la samba. C’est plutôt la musique électronique, l’expérimentation sonore, le bricolage de machines.

Après un premier album en 1996 sous le pseudonyme Cujo, il rejoint le grand label Ninja Tune, découvreur de talents par excellence (Coldcut, Blockhead, Bonobo et plus récemment The heavy), jamais avare en prise de risques.

Car on ne peut pas dire que la musique d’Amon Tobin soit très accessible. C’est même assez déroutant au début. Le bougre mêle breakbeat, downtempo, drum’n bass, jazz, samplant à tour de bras…

Sous Ninja tune, il devient donc Amon Tobin et publie deux remarquables opus (Bricolage et Permutation) qui confirment tout son talent.

Son coup de maître reste néanmoins Supermodified qui sort en 2 000. Un album d’une richesse incroyable. Les sons très travaillés s’emboitent parfaitement les uns les autres. Parfois contre toute attente.

Ils sont aussi très cinématiques, on ne peut s’empêcher d’y associer des images. Amon Tobin composera d’ailleurs la bande originale du jeu vidéo Splinter cell : chaos theory en 2005 et certains de ces morceaux font le bonheur des publicitaires.

C’est le cas notamment de Four ton mantis, second morceau de l’album. Un titre enivrant à la rythmique jouissive et aux bruitages qui tuentLe genre de son qu’on n’oublie pas de sitôt.

Les rythmiques chaloupées donnent un grand dynamisme à l’ensemble et on ne s’ennuie pas une seconde car aucun morceau n’est semblable au précédent. Tantôt remuant et rempli de groove (Get your snack on, four ton mantis, chocolate lovely), tantôt calme et planant (slowly et ses passages jazzy, la sublime Natureland), tantôt carrément space (marine machines, où on a l’impression d’être dans une contrée inhospitalière un peu comme Luke Skywalker quand il débarque sur la planète de Ioda, precursor et ses bruitages complètements zarb). Et parfois un peu tout ça à la fois, comme Deo qui démarre comme une (magnifique) ballade paisible avant que la rythmique s’emballe et parte en Drum’n Bass endiablée.

Les morceaux ne sont jamais figés, ils évoluent sans cesse. Ce côté déroutant est une des grandes forces de ce disque (et du DJ brésilien en général) car on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus dans la seconde qui suit. On vit donc l’écoute de cet album comme un voyage permanent, allant de surprise en surprise.

Amon Tobin est bien un des artistes les plus novateurs de la musique électronique. On l’imagine travailler sur sa musique comme dans un laboratoire, testant et modifiant ses échantillons un à un, à l’éprouvette jusqu’à arriver à l’alchimie parfaite. Ce qu’il a parfaitement réussi avec Supermodified.

JL

 

Écoutez Four Ton Mantis

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