Stuntman – Maximum Legal Wage

Sète, ses usines à touristes, paysages de cartes postales, ville saturée de clichés, victime de son succès ? Derrière ces raccourcis, subsiste une scène résolument implantée, refusant de céder aux injonctions du silence. Nul besoin de vous démontrer par quel biais Stuntman s’est détourné des appétences illusoires, de promesses sans cesse répétées, de lendemains chantants, mais n’a pas abandonné l’idée d’un disque viable, au minimum et c’est déjà beaucoup.
Avec à son actif plusieurs splits et un album toujours autant d’actualité (Incorporate the Excess, sorti en 2014), la nouvelle bombe livrée par le groupe ne pouvait qu’exploser à plein volume, avec un maximum de frénésie par seconde, sans exagération aucune mais avec suffisamment de tension pour alerter les oreilles, Maximum Legal Wage sonne comme un véritable pamphlet hardcore / noise. Tel un phénix que l’on croyait cramé, Stuntman se revêt de ses cendres pour prendre un nouvel envol.
Dès l’éclatant « Sky Quarks », on sent qu’on va traverser un ouragan sonore sans perte mais avec fracas. Un pied dans la tombe, l’autre ancré dans le sol, la déflagration se poursuit avec « Shapes Of Pain », ça va droit dans le mur, cette énergie traverse toutes les parois, pour arriver là où tout a commencé, un big band revitalisé comme jamais. Et c’est tant mieux, en raison des nombreux albums qui semblent inlassablement se ressembler, Stuntman tombe à pic pour déclamer les ravages de ce monde dysfonctionnel. On évitera d’ailleurs les comparatifs, on remarquera les accélérations rythmiques et les passages grind qui caractérisent le groupe sétois. Les vocaux atteignent un niveau de férocité rarement éprouvé. Chaque membre a en réserve des tonnes de riffs, de frappes soudaines tels des barbelés dressés parmi les ruines de notre civilisation. « Ripped to Shreds » n’a jamais autant illustré le contenu de l’album : hardcore suintant avec du sludge dégoulinant, et cette particularité crasse qui vient défoncer les tympans. La charpente de Stuntman est irascible, une cuirasse impossible à déboulonner.
On n’oblitèrera pas les incursions introductives de Lament Creed où l’on pourrait croire que le groupe dépose ses bagages pour s’alléger durant presque six minutes. Si un éclair ne tombe jamais deux fois au même endroit, Stuntman foudroie et mitraille dans toutes les directions pour, au final, nous laisser abasourdis.
Franck Irle