Beau Weekend (Nîmes), 27 et 28/06/25

Retour dans le Gard, retour à Nîmes, retour à Paloma, salle mythique du Sud-Est, pour la résurrection du TINALS, après plusieurs années d’absence. Avec un nouveau nom, le Beau-Weekend, le festival se voit toujours comme une antithèse aux kermesses Hellfest ou We Love Green. Jauge à taille humaine, pas de sponsors apparents et une programmation qui veut « s’affranchir de l’obligation de programmer des têtes d’affiche et des stars ».
Bonjour, un des deux groupes français à l’affiche (sur trente) et le premier à prendre la scène, n’est donc pas une tête d’affiche. Le collectif franco-américain créé en 2024 aurait pu surprendre mais son mélange A.S. Dragon/Limiñanas reste trop anecdotique. Tout comme bdrmm, énième formation post-punk/shoegaze anglaise, pourtant pas désagréable sur disque mais qui se contente du strict minimum sur scène. Trois chansons suffiront avant de se diriger vers le Patio, la scène un peu en marge du festival, pour capter un peu de la synth-pop de John Maus, là aussi acceptable mais fade, sans véritable incarnation.
Les cinq membres de The Murder Capital étaient eux attendus, précédés par une réputation de concerts intenses et une production studio assez captivante (50ème sur 50 dans le top album de la rédaction en 2023 avec Gigi’s Recovery) mais le groupe de post-punk (encore) dublinois patauge sur les premiers titres et déçoit. Là aussi manque de présence, manque de détermination, attitude désabusée. Où est l’énergie ?
Elle est chez Knives, tout jeune groupe de Bristol, à la croisée du hardcore, du post-punk, du rock indé et du jazz (avec un saxophone sur scène). Le Patio, où ils jouent, ressemble alors à un champ de bataille, aucun temps mort et une vraie envie d’en découdre. On cherchait la jeunesse du festival (50 personnes), elle était donc là.

Car c’est l’autre problème de ce Beau Week-end : une moyenne d’âge de 35/40 ans avec des pointes à 70. Certes, la jeunesse n’écoute plus de rock, mais quand même. Le TINALS canal historique ou feu Le Pointu avaient un public beaucoup plus mélangé. Un habitué de la scène nîmoise me faisait remarquer que la jeunesse urbaine toulousaine, montpelliéraine, lyonnaise, marseillaise ou parisienne n’avait pas fait le déplacement. Défaut de communication ou de tête d’affiche, le renouvellement de génération attendra du côté de Nîmes. Comme un signe de ce vieillissement : le naufrage de Death In Vegas, autrefois gloire des 90’s et qui, à cause de problèmes techniques, délivre un début de set catastrophique. Beaucoup désertent pour se réfugier dans la grande salle de la Paloma où se produit Heave, Blood and Die, formation norvégienne plutôt confidentielle, qui donne une démonstration inattendue de noirceur et de puissance post-rock. Enola Gay conclura ce premier jour de la plus belle des manières, à coup de punk-hip-hop-post-punk, drapeau palestinien et hargne irlandaise bien en avant.
Sans revêtir son bob cochonou et sortir le pastis, on peut se demander, en écoutant Almost Monday, pénible formation indé américaine, en entame du deuxième jour, pourquoi le choix a été fait d’une programmation à 90 % anglo-saxonne (et apparentés). La scène française regorge de groupes dont le niveau est largement équivalent ou supérieur aux groupes sus-cités, et notamment dans le Sud-Est. Spill Tab, projet de la franco-coréenne Claire Chicha, promettait « confidences lo-fi, éclats électro et énergie punk », que nous n’entendrons finalement pas. Concert annulé sans que l’annonce soit faite, remplacé par un pathétique karaoké, animé par un Elvis et une Dolly Parton tout aussi tragiques, aux accents d’enterrement de vie de jeune fille ou garçon. Même au 56ème degré, même après cinq verres de rosé tiède, « L’amour à la plage » est insupportable. Heureusement, ni plage, ni amour pour DITZ en provenance de Brighton, qui relève subitement le niveau en donnant le meilleur concert du festival, quelque part entre Jesus Lizard, The Fall et Shellac. Callum Francis, le chanteur, est on ne peut plus charismatique, tout en fausse nonchalance et androgynie. Il passera la plupart des morceaux juché sur les enceintes ou immergé dans la foule. Le groupe tourne énormément depuis 2022 et ça s’entend, avec un « No Thanks, I’m Full » monumental en fin de récital.

Énorme contraste avec Kadavar, groupe allemand bloqué dans le bayou-rock 70’s, qui fait penser à du Spinal Tap version sudiste, attitude suffisante, look caricatural tout comme la musique. Hors propos. Hotwax prend alors possession de la petite scène en extérieur pour conclure ce Beau Week-end. L’entame est forte, les deux frontwomen sont là pour ferrailler avec le public gardois, mais un nouveau problème technique les prive de voix et de son. Du punk muet et une fin frustrante, à l’image d’un festival dont la résurrection se fait péniblement.
Maxime Guimberteau
Aaaah bein ça fait du bien ! Pas un live report consensuel ou artificiellement boursouflé ! Merci !
Initialement, quand j’ai appris que le TINALS remettait le couvert, j’avais les deux pieds dans les starting-blocks en me remémorant la magie des précédentes éditions ! Puis ils ont fait leur campagne d’achat de tickets en blind-pass. Mmm … louche. Même si ça me rongeait, bien fait d’attendre ! Quand le prix du transport te coûte le triple du prix du billet, tu réfléchis un peu. Les quelques noms qui me bottaient (5-6) ont pas fait pencher la balance.
Le plus rageant, c’est qu’en plus, le Levitation (qui changeait de lieu) se déroulait le même week-end (avec des groupes en commun d’ailleurs.). Sur le coup, ça m’a bien mis furax. Et puis voilà … pshiit comme pour ce « Beau Weekend » ! Si un pote pas vu depuis longtemps ne m’avait pas appelé en me disant qu’il habitait à 10 mns du nouveau lieu, j’y serai probablement pas allé car au final … bein pareil que le live report ci-dessus !
On va être indulgent, les deux étaient un peu en mode « renaissance », on croise les doigts pour l’année prochaine mais il est clair que pour le « Ou est l’énergie ? », il fallait voir ailleurs !! Binic peut-être ? Non, assurément !! Sinon, n°4 commandé !
Vieux fou