New Brutalism – Requiescat Record EP
New Brutalism ne s’est jamais pris le chou avec les noms de morceaux, il numérote. Et dans le désordre, tant qu’à faire. Pour ce qui est des titres d’albums, le quatuor cogite parfois davantage mais on a quand même eu droit à Actual Record (2008), Personal Record (2009)… et voici Requiescat Record.
Ne comptez pas sur eux pour révolutionner le noise rock. La brutalité qu’ils nous offrent n’a rien de bien neuve. Elle a toutefois le mérite d’être parfaitement exécutée, tendue, jubilatoire… et de ressusciter Steve Albini. Avec qui il a été enregistré (et masterisé par Bob Weston), à qui il est dédié et à qui il ressemble plus que jamais. Celui qui n’a jamais écouté New Brutalism from Auburn, Alabama pourrait bien être surpris par sa gémellité avec Shellac from North America. Et c’est peut-être encore plus criant que d’habitude sur ce nouvel EP. C’est brut et spontané, ça n’a pas cogité 107 ans, il n’y a pas eu 45 prises, pas d’arrangements superflus ou overdubs inutiles. Ça devait plaire au joueur de poker à lunettes. « 088 » (on avait prévenu) se montre autoritaire et espiègle d’emblée puis plus enlevé et presque groovy avant de finir lourd et chancelant (un peu comme nous, au fil d’une soirée). Sur « 089 », on nous offre une basse bien épaisse, on subit les remontrances du chanteur (on ne relèvera pas le défi de le nommer, sachant que trois d’entre eux se partagent le micro) et on nous glisse un quasi solo de gratte déstructuré, défiguré pour un final qui nous met en pièces et en joie. Entre les deux, le plus punk « 087 » (aucune logique dans la numérotation, on avait prévenu) s’avère plus anodin. C’est déjà fini ? Eh oui. Là où Requiescat Record se révèle bien cruel, c’est qu’il est expédié en trois titres et dix malheureuses minutes. Trois titres que vous vous enfilerez probablement trois ou quatre fois d’affilée sans broncher, la mine satisfaite. Mais on en aurait bien pris dix de plus. Et on espère que c’est ce qui nous attend prochainement.
Jonathan Lopez