Norman Would – Whenever You Land

Publié par le 15 janvier 2024 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Autoprod, 9 janvier 2024)

Le folk a ceci de fascinant qu’il peut générer la plus belle ou la plus chiante des musiques. Il faudrait faire preuve de la plus grande méconnaissance du sujet pour penser qu’une jolie voix suffit à produire de la musique qui flatte les oreilles. Toutefois, Norman Would en possède une, grave et profonde, et c’est déjà un bon point. Pour le reste, ce qui fait une sacrée différence avec le compositeur folk lambda, c’est que sur ce Whenever You Land dont la pochette en dit déjà long avec peu, on a le sentiment d’être confronté à l’œuvre d’une âme emplie de doutes, sans doute meurtrie par quelques blessures, espoirs déchus au gré d’un parcours sinon chaotique, au moins fait de hauts et de bas, de peines accablantes, de frustrations dures à avaler, de rencontres exaltantes et de joies revigorantes. Ce qui fait, en somme, le sel de la vie, la vraie, la pute, mais celle à qui parfois aussi on dit merci. Vous l’aurez compris, et tant pis si ça vous paraît cliché, Norman Would a bien des choses à exprimer, il le fait de la manière la plus pure qui soit et parvient sans mal à nous transmettre tous ses sentiments contraires avec une sincérité désarmante qui donne du baume au cœur et soigne autant les plaies qu’il peut les rouvrir, béantes, à sa guise. Ne nous faites pas dire ce que nous n’oserions écrire mais c’est bien cela que nous venons chercher chez les grands compositeurs du genre, lorsque nous voulons ressentir quelque chose de vrai, d’intime, à des années lumières du pré-mâché servi à toutes les sauces, pourvu qu’elles soient insipides et sans âme. Tout ceci n’aurait aucun intérêt chez un artiste dénué de talent mais il semblerait bien que le Norman Would en question en possède énormément, et que sa démarche éminemment personnelle tende à le sublimer. 

Pour les effets de manche, il faudra repasser mais cela n’interdit pas de beaux arrangements qui viennent parfois ornementer le jeu de guitare tout en subtilité de M. Would (contrebasse ou trombone que l’on perçoit sans mal sur « Otherwise », « A Time to » ainsi que sur « Can’t Feel Better »).

Alors, on n’aime pas faire preuve de jugement hâtif mais tout de même, si vous n’êtes pas happés dès cet « Inside » parfait pour contempler avec sérénité les premières lueurs du jour apparaitre, si vous n’êtes pas poursuivis par le refrain de « Otherwise », si vous demeurez insensible face à la bouleversante « Give me a Reason Why » ou la splendide chanson bonus « It Doesn’t Matter Anymore » qu’il eût été criminel de laisser moisir au fond d’un disque dur, il se pourrait bien que vous ne soyez pas dotés de cœur en état de fonctionnement. Pensez à vérifier, le test s’avère probant.

Whenever You Land a beau avoir mis un temps fou à atterrir sur une plateforme d’écoute, on est à peu près certain qu’il ne partira jamais bien loin de nos esgourdes cette année, sachant surgir dès qu’un besoin de douceur ou réconfort se fera sentir. Et quelque chose nous dit que les occasions ne devraient pas manquer.

Jonathan Lopez

Avant-goût :

Pour l’écouter en entier/vous le procurer.

1 commentaire

  1. Bravo excellent je suis fan !!!!!!!!!

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