Louise Post – Sleepwalker
Je me souviens d’une édition précédente du Hellfest où l’un de nos rédacteurs se rendait. En essayant de dresser son plan d’action pour le weekend, il m’adressa la question suivante : « Toi qui aimes bien Lacuna Coil, tu me conseilles d’écouter quoi avant d’aller les voir ? » Pas franchement amateur de metal et encore moins de quoi que ce soit d’estampillé gothique, j’étais quelque peu désarçonné, quand au fil de la conversation un peu surréaliste qui suivit, je me rendis compte qu’il confondait avec Veruca Salt, dont j’avais effectivement adoré le dernier album en date (Ghost Note de 2015). Cette anecdote me permet surtout d’illustrer le degré d’expertise et d’intérêt pour le groupe de Chicago au sein de notre rédaction. Si vous êtes un peu plus expert de ce groupe qui a eu son heure dans les années 90, connu par certains parce qu’il a fait la première partie de Nirvana, parce qu’il citait les Pixies musicalement, vous savez sans doute que Louise Post en est une des deux chanteuses-guitaristes (et pour les plus people d’entre vous, qu’elle était à la ville avec un certain Dave Grohl. Elle aurait même inspiré et/ou chanterait sur le plus gros tube des Foo Fighters). Louise Post dont il sera exclusivement question ici, donc, puisqu’il s’agit de son premier album en nom propre.
Quand un artiste débarque trente ans après avec son premier disque solo, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre, surtout quand l’intérêt pour le groupe d’origine semble se résumer à de vagues relents nostalgiques. Cependant, comme le précédent disque de Veruca Salt s’était révélé un incroyable grower, c’était une raison largement suffisante pour accorder une oreille attentive à ce Sleepwalker. Disons-le tout net, je n’ai pas été déçu.
Si j’avais rédigé cette chronique cet été, j’aurais certainement écrit quelque chose du genre : Louise Post semble faire la synthèse de ce qui faisait le sel de Veruca Salt en alternant mid-tempo grungy, chansons plus enlevées et ballades touchantes tout en s’ouvrant à des sonorités années 80 ou plus pop moderne sans jamais se défaire de son savoir faire mélodique. En ceci, Sleepwalker est une réussite et se fraiera aisément un chemin dans vos playlists ou sur votre chaine hi-fi. Mais six mois plus tard, elle démontre encore le potentiel d’accroche insidieuse de ses chansons pop, que ce soient celles qui auraient pu se trouver sur les albums du groupe (« Queens of the Pirates » et son refrain entêtant, « Killer ») ou celles qui ne ressemblent à rien de ce qu’on pouvait attendre de sa part (l’excellente « Hollywood Hills », « Secrets » et « All These Years » qui remportent le prix de la triplette qui m’aura le plus fait dresser les poils cette année). Je ne vous parle plus d’un album qui aurait charmé mon été, mais bel et bien d’un disque qui risque de me suivre un bout de temps.
En octobre, Louise a publié sur bandcamp les démos de l’album, qui montrent à la fois le travail chatoyant, et pour être honnête parfois un peu trop poli à mon goût, de la production, mais aussi la force des compositions même dans leur plus simple appareil. Dernière pierre dans un édifice qui risque de se placer très haut dans mon top de fin d’année. Alors, puisque personne d’autre à la rédac’ ne l’a écouté, voire n’en a quoi que ce soit à carrer, autant que je vous en parle, non ?
Blackcondorguy