Crow – The story of…

Publié par le 20 octobre 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Autoproduction, 3 septembre 2023)

Parfois, quelque chose semble échapper à la réalité des habitudes, images saisies à l’improviste, celles dont nous ne pouvons détourner les yeux, celles qui résistent aux explications. La pochette de l’album de Crow, signée Mr Jizuss, est une assimilation personnelle et affective. Une connaissance intuitive métaphysique, absorbée par les couleurs, les tonalités. Crow est le projet solitaire de Jay Pinelli (Verdun, Mudweiser, Harah), qui explique : « La pochette parle d’elle-même, un homme qui revient à l’état naturel, fondu dans un arbre, j’ai voulu lier le tout. Chacun son histoire. »

Cette intimité est un voyage, un point de rencontre entre ce qui est chair et immatériel. Un tissage mélodique d’une beauté absolument sublime où les nuances des guitares dessinent des volutes, où chaque instrument se greffe en plusieurs ramifications. Pas de titre nominatif, simplement l’énumération de pistes en chiffres, des chapitres. Si surprise il y a, celle-ci se maintient tout au long de l’album et ne se réduit en rien à une répétition mélodique, et ne cherche pas à atteindre « la qualité d’un disque commercial ». Crow va au-delà, jusqu’à distiller la sève nourricière d’un cordon ombilical relié du ciel à la terre. Cette intégrité musicale maintient son cap tout au long des neuf chapitres. Consolidé avec la participation de Xavier Cimino (Mudweiser), Olivier Tesseire et Alex Jacob, Crow fait preuve d’une maturité musicale indéniable, avec pour point d’orgue le merveilleux chapitre 7 où durant 9 minutes s’égrènent les cordes cristallines de guitares, qui tiennent l’auditeur accroché à chaque mesure. On pourrait situer Crow à mi-chemin entre Grails, Mogwai (des débuts) et Explosions in the Sky mais ces comparaisons se révèlent bien trop réductrices, l’univers du groupe étant bien trop large pour être classé si aisément.

The story of… est une chronographie universelle, parsemée de tintements. Le disque se termine avec pour point d’orgue le merveilleux dénuement du 9ème morceau, post-rock, superbe conclusion cinématographique.

Franck Irle

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