Tar Pond – PETROL

Publié par le 17 septembre 2023 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

(Prophecy Productions, 15 septembre 2023)

En 2020, « l’anti-supergroupe » suisse Tar Pond débarquait de nulle part et nous assénait quatre coups de massue bien placés avec son premier album, Protocol of Constant Sadness.

À la barre, le légendaire bassiste Martin Ain de Celtic Frost qui a passé l’arme à gauche en 2017 mais avait participé à la composition du disque, entouré de Marky Eldermann (ex-batteur de Coroner), des guitaristes A.C. Kupper, Stefano Mauriello et du chanteur Thomas Ott, plus connu pour sa carrière… de dessinateur.

Depuis lors, la saloperie de faucheuse a donc embarqué Ain vers d’autres cieux, les envies d’ailleurs ont eu raison de la détermination de Monica Schori… qui avait remplacé Ain à la basse, et d’A.C. Kupper.

Malgré tout, on en prend d’autres (Chris Perez à la basse, Daniele Merico à la guitare) et on recommence. On recommence à charger de plomb les frappes, de désespoir les propos, on joue extrêmement lentement et on fracasse allègrement. Clairement si on ne nous l’avait pas dit, on n’aurait pas noté de changement.

La première « Bomb » est lâchée et elle dévaste tout, comme de coutume. « And then I come… like a friend » ânonne Thomas Ott, toujours aussi désabusé et pourtant terriblement convaincant. Les frappes sont sourdes, la déflagration de longue portée. Et toujours ce sentiment que c’est un peu toujours pareil dix minutes durant, qu’on a pourtant l’impression que ça ne dure que la moitié et qu’on aimerait bien que ça en fasse le triple. « Blind » s’autorise ensuite un braquet différent, bien supérieur, avec une agressivité nouvelle, sans jamais se départir de cette pesante fatalité. Comme sur le morceau précédent, une très brève éclaircie nous est offerte en fin de parcours via quelques arpèges soyeux. Soulagement bienvenu.

« Slave » a le droit à de plus amples percées mélodiques accompagnant ce que, dans le doute, on qualifiera de refrain lorsque résonne le puissant « I’m not a slave to a goddess like you ». Mais l’air demeure vicié et globalement l’ambiance est à la décrépitude, la fin des temps. Tar Pond est un groupe bien ancré dans l’actualité, en somme. Et quand on n’aura plus rien à sauver, il restera ses disques à chérir. Et on chialera en montant le son et en dégustant ce solo agonisant qui indique une sortie de secours bien embouteillée.

Si l’impression d’homogénéité, de monolithe accablant est encore plus grande que sur Protocol of Constant Sadness, notons que « Something » au son presque shoegaze par instants, sort un peu plus des rails.

À la fin, tout n’est que poussière. Et la franche réussite que constitue « Dirt » évoquera irrémédiablement un groupe de Seattle ayant sorti un album culte du même nom. Un groupe qui excellait dans ses harmonies vocales, que personne ne pourra jamais plus égaler et à qui un bien beau clin d’œil est ici adressé. On savait que Tar Pond chérissait Sabbath comme il se doit, on constate que d’autres légendes passées (et toujours présentes) viennent irriguer son propre son. Et on ne peut que se féliciter de bénéficier de tels héritiers.

Jonathan Lopez

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