Kæry Ann – Songs of Grace and Ruin

Publié par le 16 août 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Anomic Records, janvier 2023)

Injustement relégué en arrière-plan, la scène alternative Italienne revêt désormais une envergure internationale. L’émergence d’artistes tels que Nero Kane, Lili Refrain ou Daggermoth, est révélatrice d’un véritable engouement pour le dark folk, dont la filiation avec le doom est transversale.
Revenons donc à la genèse de Kæry Ann, dont les compositions sont antérieures à l’année de leur parution, exhumées sous la forme d’ébauches avec l’aide de Giuseppe Lodrini. Les textes, comme la musique sont pour Erika Azzini un exutoire face à la résignation, il existe une volonté de transcender la douleur. Loin de la fatalité qui nous tire lentement par le bras, Kæry ouvre une brèche et nous propose le dérivatif à un destin écrit d’avance.

Intégrez à votre imaginaire Songs of Grace and Ruin comme l’extension de votre esprit et de votre corps, vous comprendrez alors la démarche artistique de Kæry Ann. « Rust and Love » qui inaugure l’album possède cette dualité caractéristique, passant d’une imperceptible lueur à une noirceur flagrante. Un brin shoegaze, on pense à Mazzy Star ou Elysian Fields du début, mais faisons fi des références qui pourraient trahir son contenu, Songs of Grace and Ruin est un disque personnel et universel, quand les contingences de ce monde se dissolvent, se manifeste alors le besoin immédiat et irrépressible de revenir sur les neuf titres. On rompt avec soi-même pour se laisser engloutir par ces ambiances éthérées, d’où émergent des riffs caustiques de guitares qui pénètrent les sens.
« Desert Song » est en quelque sorte le parangon de la pureté, dépouillé des scories par l’implication d’un feu purificateur, l’exégèse d’une souffrance transmutée en vertu.

La pochette est symbolique, il ne s’agit pas d’une bagatelle esthétique, le lys blanc représente l’offrande sur l’autel de la renaissance, une victoire de la grâce sur la désolation. Kæry Ann n’est jamais très éloignée de sa guitare.

Franck Irle

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