DISCO EXPRESS #27 : Queens of the Stone Age

Publié par le 16 juin 2023 dans Chroniques, Disco express, Toutes les chroniques

À l’opposé de notre rubrique sobrement intitulée « discographies » qui se veut objective, exhaustive et documentée, nous avons choisi ici de vous résumer des discographies avec concision, après une seule réécoute (quand ce n’est pas la première !) de chacun des disques. Des avis tranchés, des écrits spontanés, plus ou moins argumentés avec une bonne dose de mauvaise foi et d’amateurisme. Cause hey, this is just music!

Kyuss/Queens of the Stone Age (1997) : La première impression qu’on a de Queens of the Stone Age sur ce split, c’est une version un peu fragile de « If Only », morceau finalement assez pop reposant sur la suite d’accords de « I Wanna Be Your Dog », un « Born to Hula » beaucoup plus dans la lignée de Kyuss et l’instrumentale zarbi « Spiders And Vinegaroons », qui a des aspects hip-hop et témoigne de l’éclectisme recherché dans ce nouveau projet. La face Kyuss n’est pas mal non plus, et finalement, même si c’est encore tâtonnant, ce disque fait bien la transition entre les deux groupes de Josh Homme.

The Split CD (1998) : Cette fois, les compagnons de disque sont les Néerlandais de Beaver, énième groupe de stoner, et Homme et Alfredo Hernandez (seuls membres de QOTSA à l’époque) offrent un de leurs meilleurs morceaux, « The Bronze » qui cette fois pose toutes les bases de l’album à venir, et encore une instrumentale zarbi à l’intérêt plus anecdotique, « These Aren’t the Droids You’re Looking For ».

Queens of the Stone Age (1998) : Premier album, donc, et la production est cette fois plus étoffée avec un son bien massif. Comme l’annonçait « The Bronze », on est à la fois dans la continuité et la tentative de rupture avec Kyuss. Une espèce de stoner pop qui aurait vocation à nous faire danser sans oublier de nous faire planer. Ça déroule dès les premières plages avec des titres d’une efficacité redoutable, on ne s’interdit pas les plages au rythme plus soutenu comme « How To Handle A Rope », rampant (« Mexicola”) ou plus psyché comme l’énorme « You Can’t Quit Me Baby », voire barrée comme « You Would Know ». Parfait ? Non, parce que (et vous allez voir que ce n’est pas anodin), le disque s’essouffle sur la durée, et propose certaines compos qui ne sont pas mauvaises à proprement parler, mais qui font un peu retomber le niveau général. Quoi qu’il en soit, ça reste un excellent album, et une reconversion réussie pour le rouquin le plus connu du désert californien.

Rated R (2000) : J’ai longtemps considéré que ma préférence allait au suivant, mais en ayant beaucoup de mal à les départager. Aujourd’hui, c’est certainement Rated R que je choisirais comme meilleur album des Queens of the Stone Age, et comme l’un des meilleurs albums des années 2000. Certes, il n’y a pas de Dave Grohl et trop peu de Mark Lanegan, mais la doublette de compositeur entre Josh Homme et Nick Oliveri fait passer un niveau au groupe. Rien n’est interdit, et pourtant on trouve une constance de qualité incroyable (allez, j’aime moins la robotique « Leg Of Lamb » et l’instrumentale « Lightning Song » que je trouve assez quelconque). On nous offre de la pure pop dansante (« Monsters In The Parasol » ou « The Lost Art Of Keeping A Secret »), des morceaux fleuves de défoncés dont un avec une signature rythmique bizarre (« Better Living Through Chemistry » et « I Think I Lost My Headache »), du punk agressif (« Quick and To the Pointless » et « Tension Head »), une ballade magnifique (« Autopilot ») et même un tube imparable sur la drogue, que je ne vous ferai pas l’affront de nommer. Et voilà l’argument qui pour moi remporte la palme : Rated R ne s’essouffle jamais et réussit à partir dans tous les sens mais sans jamais être vraiment bordélique. Malgré tout, c’est à mon sens le seul album du groupe à réunir ces qualités.

Songs for the Deaf (2002) : Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. Cet album est énorme. Déjà, le groupe : Josh Homme, Nick Oliveri, Dave Grohl et Mark Lanegan. C’est un peu comme les Bulls de Jordan, Pippen et Rodman, que peut-on aligner en face qui fasse le poids ? Le niveau et la variété des compositions avec cette fois l’apport des trois voix différentes. Côté Homme, on notera les énormes tubes « No One Knows” et « Go With The Flow » ou la plus heavy « First It Giveth », côté Oliveri on a aussi du poppy (« Gonna Leave You »), la violente « Six Shooter » et le classique imparable « You Think I Ain’t Worth A Dollar But I Feel Like A Millionaire », et côté Lanegan les énormes « Hangin’ Tree » et « A Song for the Dead », tous parmi les meilleurs titres que chacun a chanté, tous groupes confondus. Alors pourquoi je mets quand même Rated R devant ? Et bien, je trouve que le disque s’essouffle à partir de « Do It Again » en proposant des chansons qui sont tout à fait honorables hors contexte, mais qui sont à chaque fois les plus faibles de leur chanteur sur ce disque-ci. Résultat, je ne peux m’empêcher de décrocher. Comme quoi, parfois, il vaut mieux se limiter. (Chronique)

Lullabies to Paralyze (2005) : J’ai longtemps considéré que cet album ne valait pas grand-chose. En fait, il y a évidemment l’ouverture chantée par Mark Lanegan, qui comme bien des chansons chantées par Mark Lanegan file des frissons, une « Medication » bien rentre-dedans que j’aimais déjà beaucoup, mais les deux suivantes trouvent enfin grâce à mes oreilles après cette énième écoute. Le problème que j’avais avec ce disque, c’est que je le trouvais globalement trop mou et monotone et qu’il ne réussissait donc pas à m’enthousiasmer. La première critique était un peu injuste, car en réécoutant ces morceaux plus attentivement, on constate que les rythmes et les ambiances sont variés comme ça a pu être le cas sur les précédents, et ce début d’album en apporte la preuve (une berceuse, puis un morceau court au rythme hyper soutenu, « Everybody Knows That You’re Insane » alterne entre la valse et le punk et « Tangled Up In Plaid » est lui un vrai mid-tempo mais non sans cassures). Pour ce qui est de mon enthousiasme, en revanche, même si je suis plus enclin à reconnaitre le travail de composition non négligeable qui nous offre largement à boire ou à manger (et même de nouveaux tubes poppy bien troussés avec « In My Head » et surtout « Litte Sister »), il y a quand même deux éléphants dans la pièce qui réduisent l’espace pour apprécier ce Lullabies to Paralyze. Le premier, c’est de passer après Songs For The Deaf, et même si Lullabies n’est ni moins varié, ni exempt de bons morceaux, il est difficile de faire face à la team Homme/Oliveri/Grohl/Lanegan. La deuxième chose, et la plus importante c’est que si Homme reste un excellent compositeur, il n’a plus l’appui d’Oliveri qui le complétait et l’améliorait. De même que l’album de Mondo Generator, Dead Planet, est très bon en soi mais pas aussi bon que ceux de Queens of the Stone Age auxquels Oliveri a participé, Lullabies ne peut totalement se dépêtrer de la comparaison avec ses ainés. De plus, il souffre là encore d’un essoufflement arrivé à mi-parcours qui fait qu’on a du mal à rester concentré jusqu’au bout, à l’image de « Someone’s in the Wolf », qui commence très fort, est pétri de bonnes idées mais se perd en longueur au point de lasser.

Era Vulgaris (2008) : J’avais survolé cet album à sa sortie, et je me souvenais surtout des 3 singles, un « Sick Sick Sick » médiocre avec un son peu attrayant, « 3s & 7s » morceau sympa mais typique de Queens Of The Stone Age période Oliveri, et « Make It Wit Chu », bon titre pop teinté de blues recyclé des Desert Sessions. En s’arrêtant à ça, j’avais l’impression que le vers suivant tiré de cette dernière, « sometimes the same is different / but mostly, it’s the same » était parfaitement approprié. Et pourtant, à la réécoute, je le trouve bien plus intéressant et réussi que ce qu’il me paraissait. Que s’est-il passé depuis ma première écoute ? Et bien, j’ai écouté et apprécié les derniers albums, qui à mon sens trouvent vraiment leur origine ici. Car Era Vulgaris a beau contenir beaucoup de titres avec un son assez rugueux voire désagréable (type le bien nommé « Battery Acid »), il peut faire la part belle aux riffs saccadés robotiques dans l’esprit du premier album (comme sur l’excellent « Turnin’ On The Screw » d’ouverture), il reste incontestablement un album de pop (« In The Hollow » ou « I’m Designer » pourraient notamment figurer sur …Like Clockwork ou In Times New Roman… sans trop faire tache). Homme semble, enfin entouré d’un groupe qui deviendra stable, semble donc vouloir prendre une nouvelle direction, mais il semble également, cependant, avoir du mal à se défaire de certains travers, proposant un album malgré tout trop long avec certains morceaux à la limite du pénible.

…Like Clockwork (2013) : Encore un album que j’ai reconsidéré à la réécoute. Dès les premiers temps, j’ai compris qu’il s’agissait d’un album partagé entre une fibre pop toujours grandissante et l’image heavy/stoner que se traine le groupe. Ce qui me déplaisait, c’est que je trouvais les morceaux franchement pop globalement très réussis, et les autres plutôt inutiles, avec au milieu des choses plutôt médiocres. J’étais d’autant plus déçu que Homme avait annoncé pléthore d’invités dont un Oliveri et un Lanegan à peine audibles sur « If I Had A Tail » qui ne passe toujours pas malgré les années. À la limite du fan service malhonnête. Cependant, beaucoup de morceaux se bonifient au fil des écoutes (« The Vampyre of Time and Memory » ou « Keep Your Eyes Peeled ») et surtout le plus beau morceau composé par Homme depuis la grande époque au minimum (« I Appear Missing »). En plus, l’album prend tout son sens dans le parcours musical qui mènera aux suivants. Alors oui, toujours un poil trop long, inégal, encore le cul entre deux chaises, mais la mue de Josh Homme touche à sa fin en offrant encore plein de beaux morceaux. (La chronique)

Villains (2017) : Sur l’album précédent, il y a un morceau dont je n’ai pas parlé qui s’appelle « Smooth Sailing ». Il s’agit d’une pure chanson de pop dansante assez différente de ce qu’a pu faire le groupe auparavant, mais carrément réussie. Villains, c’est comme si les Queens of the Stone Age avaient voulu faire un album complet de « Smooth Sailing », et histoire de pousser le bouchon plus loin, avec un producteur de musique bien pupute et à grands renforts de sonorités évoquant les années 80. Josh Homme se rêve en nouveau Bowie, après avoir été composé pour Iggy Pop, et il se lâche plus que jamais sur les prestations vocales en laissant cette fois les guitares bien en retrait. On pouvait craindre (et certains y ont vu, d’ailleurs) un album putassier, craignos voire inaudible, mais au final on se retrouve plutôt face à un disque type Scary Monsters, qui assume pleinement son virage pop, avec des morceaux simplistes comparé à d’habitude, mais bien troussés. Mieux, pour la première fois depuis longtemps, le disque est concis et ne souffre pas de longueurs. Moi qui leur avais reproché de ne pas aller à fond dans leur envie de faire de la pop sur le précédent, je ne peux qu’applaudir ce qui est, paradoxalement pour quelque chose d’aussi pop, leur album le plus radical. (La chronique pour/contre)

In Times New Roman… (2023) : Dans la continuité du précédent, ce qui risque de ne pas satisfaire les détracteurs, mais avec une production qui remet davantage les guitares à l’honneur, ce qui en fait une sorte de compromis entre la nouvelle direction de Queens of the Stone Age et le passé plus heavy du groupe. Encore une fois, les morceaux sont de qualité (le single étant malheureusement parmi les plus négligeables). Bref, pour moi c’est une réussite. (La chronique)

QOTSA en 15 morceaux piochés dans tous les albums (version Youtube et Spotify)

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1 commentaire

  1. Parler de toute la disco de QOTSA, en n’utilisant qu’UNE seule fois le mot “rouquin”, je dis bravo.
    Prochain challenge, la disco express de JL Murat sans utiliser le mot “auvergnat”. Merci.

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