Nero Kane – Of Knowledge and Revelation

Publié par le 21 novembre 2022 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Subsound Records, 30 septembre 2022)

Ces derniers jours, je recherchais le disque qui accompagnerait la sensation de mélancolie et l’espoir fragile qui squattaient mon esprit. Une musique pour éclairer les âmes, la nuit tombée, cloisonnées entre l’angoisse perpétuelle et la certitude que certaines choses ne peuvent pas durer éternellement.

Nero Kane transmet des paroles funèbres avec de superbes guitares inquiétantes, c’est un chemin vers la rédemption tellement écrasant émotionnellement qu’une fois entrainé dans son tourbillon, les forces pour en sortir sont de plus en plus faibles.
Of Knowledge and Revelation se déploie dans une lente décoloration des sentiments, une iconographie restituée dans une fresque réformant le schéma de la musique. Accompagné de sa muse, Samantha Stella, les visions collent à l’esprit dans un majestueux entrelacement de mélopées. Tel un troubadour renaissant des cendres d’un paysage oublié, transposé dans un film gothique, Nero Kane est l’auteur de chansons mélancoliques et vaguement oniriques, expressives sans jamais être maniéristes. « Lady of Sorrow », accompagne ainsi l’auditeur dans un voyage où les réverbérations vocales se répercutent sur les voûtes imaginaires d’un temple secret.

L’album acquiert, au fur et à mesure de son déroulé, ce charme mystérieux éloigné de la réalité quotidienne, au travers de textes déclamés en un duo incantatoire ( « The Vale of Rest »), au milieu de crissements, de drones synthétiques qui tapissent les murs. On perçoit une multitude d’éléments dans ces compositions, dépourvues de rythmes percussifs, amplifiant l’espace avec des cascades d’échos tournant comme des cercles infinis ( « The End, the Beginning, the Eternal »). Cet aspect désespéré que l’on retrouve dans « Tales of Faith and Lunacy » (majestueusement mis en image par Samantha Stella), se prolonge ici comme l’ultime tentative d’échapper à un destin prédéfini, mais la route est toute tracée, elle mène vers un no man’s land. Depuis Milan, Nero Kane et Samatha Stella sculptent dans la matière brute pour en extirper les scories, épurant chaque pierre laissée à l’abandon du temps. Ils connaissent le moindre recoin des cimetières, des églises désaffectées. C’est un voyage initiatique dont l’exégèse s’inspire de la divine comédie de Dante.

Franck Irle

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